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Billet de blog 14 mai 2015

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Les "balançoires" de Maupassant

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Un ex-suprême bouffon

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Un des "guides" de Bobonne bibliophage... avec aussi François Busnel, ou autrefois Bernard Pivot, Angelo Rinaldi ou encore Bernard Frank... bref,  Jérôme Garcin pose cette semaine une question inattendue : La critique littéraire est-elle encore de la littérature?

Je pense que oui, bien que je ne sois qu’un très piètre lecteur pour ma part. Et encore moins un "intellectuel", car idolâtre d'un Père de cette sorte que les Anglais qualifient de self made man; lequel autodidacte répondait un jour gentiment à la même Bobonne devenue sa belle-fille : « Bétov ?... Qui c’est ce gazier ?! ». Pour dire que s’il était en effet capable de rouler trois Polytechniciens dans le plus profond ridicule lors d’une conférence sur le transport saharien, mon Père, certifié d'études primaires, ne s’est en revanche jamais aventuré dans le domaine des Arts, et "littérairement" parlant au delà de la série des San Antonio.

Zélé continuateur de cette carence, pardonnable... ou non, c'est selon, je répondrai donc modestement, très modestement à la question de Mr Garcin que la critique peut être considérée comme une forme littéraire particulière. En ce sens que, pour avoir feuilleté quelques uns des poèmes de « Sainte-Bave » par exemple, j’ai constaté qu’il fut en tout cas et à tout le moins un rimailleur dérisoire.

A notre époque, et d’après Bobonne, toujours elle, avant de riper vers l'Académie, Rinaldi fut lui aussi un critique parfait et captivant... alors que ses livres personnels vous tombent parait-il des mains à la dixième page.

Un mot en passant, et même deux sur un autre registre : le phénomène de modes dans ce qu’on appelle aujourd’hui la pensée collective, et que Maupassant, assez bizarrement d'ailleurs métaphorisait déjà à son époque comme des « balançoires ». Des escarpolettes pour tableaux de Fragonard où pourrait se reconnaître, en pousseurs poudrés et perruqués, l’escadron de nos journalistes floromagotins actuels, faiseurs d’opinion. Tous ces bavards éthérés, prompts aux trois épithètes invariables : « Nauséabond », « rance » et « intolérable », jetés en manière d'anathème à la face de tous ceux qui ont l’impudeur de ne pas suivre leurs injonctions morales, et refusent  de dérailler dans l’illusion et surtout le mensonge. Tous ces mirliflores militent pour des fumisteries momentanées comme ce vivre-ensemble de confection, comme aussi l'utopique esprit du 11 janvier ou l'enflure carrément nycthémérale d'un Je suis Charlisme : un corpus d’âneries circulaires et de sophismes en vogue, exploités en aval par les politiciens, et qui font partie des « bêtises éternelles où se berce l’esprit humain », évoquées par l’auteur des Chroniques que je lis en ce moment.

Maupassant y écrit en substance : « Les balançoires que je hais surtout sont les scies et les bêtises éternelles où se berce l’esprit humain, les insipides rabâchages d’idées revenant sans fin, reprenant la foule de temps en temps, emportant chaque fois dans un tourbillon de sottises tous les esprits, tous les journaux, tous les hommes grands et petits. Chacun a la sienne et s’y cramponne... ».

Et nous lisons et nous écoutons ces rigolos...

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