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Billet de blog 18 mars 2017

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Lettre de Mr Yves Bonnet au Président de la République

Mr Yves Bonnet fut Préfet et Directeur de la DST

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Monsieur le Président de la République,

Je veux croire qu’il ne vous pas échappé que la France est en campagne électorale puisque vous avez fait en sorte de clouer au pilori le candidat dont il vous déplairait le plus qu’il vous succédât. Le parquet national financier a ainsi mis en cause sur la foi d’un article paru dans un journal humoristique le vainqueur de la primaire de droite, les informations ayant alimenté cette saisine provenant sans le moindre doute possible des services du ministère de l’économie et des finances. Cette intrusion d’une administration d’État dans la campagne électorale est sans précédent et j’ose espérer que vous avez demandé des explications sur ce sujet au ministre compétent.

Je veux croire également qu’il ne vous a pas échappé qu’un autre candidat, qui fut un de vos plus proches collaborateurs, a tenu à l’étranger des propos diffamatoires et injurieux sur la France et son  armée. Je n’ai pas eu connaissance d’une quelconque remontrance de votre part à cette personne, comme votre mission de garant des intérêts et de l’image de la France vous en fait obligation. Sans doute préférez-vous assurer le service mortuaire de nos soldats tombés dans des opérations extérieures que vous avez voulues, pas toujours à bon escient, innovation curieuse dans un pays qui a compté jusqu’à près de 1200 morts par jour durant la Grande Guerre, 300 000 en mai 1940, et encore 30 000 en Algérie, pour ne parler que des conflits majeurs. Cela vous offre, il est vrai, une occasion de paraître périodiquement dans la cour d’honneur des Invalides et de prononcer une de ces inoubliables harangues qui resteront d’un quinquennat héroïque.

Croyez-vous qu’en leur temps Georges Clemenceau et Charles De Gaulle se fussent prêtés à semblables cérémonies ? Croyez-vous qu’en revanche ils eussent laissé passer aussi phénoménale erreur de la part d’un de leurs compatriotes, a fortiori d’un de leurs anciens collaborateurs ? Avez-vous oublié que François Mitterrand nous a rappelé que la France ne doit d’excuse à personne ? Il faut choisir, Monsieur le Président, ou bien vous détestez l’armée et vous tolérez que vos proches salissent notre honneur ou bien vous assumez votre fonction de chef des armées et vous rappelez aux convenances et au respect ceux qui vous entourent et vous ont si bien conseillé.

Je ne fus qu’un simple sous-lieutenant en Algérie et j’ai servi à ce titre à l’hôpital Maillot à Alger. J’y ai vu des centaines, non des milliers, de jeunes gens en grand péril et pour certains en fin de vie. J’ai vu des jeunes Français et aussi des combattants du FLN qui bénéficiaient des mêmes soins, sans haine ni arrière-pensée. J’ai retrouvé les uns et les autres, des années plus tard, tous soucieux de tourner la page et de s’entendre enfin. Sans excuses, sans rancune.

Je fus aussi président du groupe d’amitié France-Algérie à l’Assemblée nationale, je me suis rendu fréquemment en Algérie, je suis devenu  pour beaucoup d’Algériens, l’« ami de l’Algérie » et , pour le Canard enchaîné, l’« ami des généraux » : jamais nous n’avons connu de différend sur cette guerre inutile et nous nous sommes respectés mutuellement.

 J’ai voté pour vous en 2012 : ce choix fut mauvais parce que je vous croyais à la dimension de la fonction et que vous avez géré la France comme une section du parti socialiste. Ce qu’avant vous,  François Mitterrand avait su ne pas faire.

J’ai honte des propos délirants d’un homme qui prétend à la fonction suprême et qui, assurément, n’en est pas digne. Je partage en tous points les fortes et saines protestations de mon ami Gérard Longuet, des officiers généraux dont je connais quelques-uns, et de tous ces Français qui ont vécu là bas des heures exaltantes, difficiles, tragiques. Pieds Noirs et appelés du contingent confondus, ils ne comprennent pas que leur chef, vous, les trahisse à son tour en se taisant, en se faisant complice d’une lourde diffamation, d’inqualifiables injures.

Il se dit que vous pourriez postuler à la présidence du Conseil européen, à la fin du mandat de M.Tusk :  on comprendrait mieux ainsi votre passivité complice car vous auriez besoin de l’appui de la France et de votre successeur dont vous espérez qu’il sera votre ancien collaborateur. Ma mère disait en parlant de certaines personnes particulièrement tenaces : « On les met à la porte, ils reviennent par la fenêtre ». Vous ne m’empêcherez pas de craindre que tel soit votre calcul : mis à la porte de la France, vous entendriez revenir par la fenêtre de Bruxelles.

Je crois franchement que notre pays a mieux à proposer aux suffrages de nos amis européens.

Je vous assure, Monsieur le Président de la République, du seul respect que je dois à la fonction

Yves BONNET

J'ai le plaisir et l'honneur de connaitre Mr Bonnet. Bien qu'animé des mêmes griefs que ceux exprimés dans sa lettre, je doute d'un quelconque effet sur le destinataire. Lequel est lisse comme une toile cirée : tout lui glisse dessus.

Le surprenant est qu'ayant conquis le pouvoir, évidemment en duplice qu'il est par nature, Hollande aurait-il initié une cinétique utile pour la nation s'il avait résolument mis en œuvre les idées d’économie libérale qu'on lui a découvertes au cours de son mandat. Mais il n'avait pas la carrure mentale et fonctionnelle pour ce faire. C'est un homme tiroir qu'on entrouvre par moments pour constater qu'il n'est jamais tout à fait le même ni tout à fait un autre : Il n'est rien.

Et pourtant, porté par les circonstances et événements, intrigant et opportuniste, il s'est retrouvé Président de la République Française...

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