Préoccupé par le résultat local d’Eric Pauget face à un candidat de la babouche en vadrouille !, je n’ai eu qu’une oreille distraite pour le discours de la Méluche. Et de ce que j’en ai entendu il s’est apparemment fait une voix de marbre, grave et inspirée de personnage "historique", laissant au vestiaire les usuelles envolées de préau de la campagne présidentielle.
En vérité, grisé par un succès méridional qui n'était pas l'hologramme - au sens grec - de son réel prestige, il ne s’est ensuite pas remis de sa déconvenue d'Avril, ayant en vain préparé un ultime combat des chefs auquel son orgueil le destinait. Et après s’être employé, en désespoir de cause, à sauver les meubles le concernant, allé se faire élire à Marseille en abandonnant les siens à leur triste sort, tel un capitaine du Costa-Concordia, il a été surpris de constater hier au soir qu’il pourrait néanmoins composer un groupe à l’Assemblée : φ drossée mais pas coulée .
Il a donc en hâte sorti la pointe Bic et s’est empressé de rédiger une harangue. Nonobstant, une fois encore tombé dans ses travers de factieux infatué et de tacticien d’appareil qui ne sera jamais un homme d’État, l'habile tribunitien, le Bastian countrari permanent, l'éloquent égotiste a rejoué la fable de la grenouille et du bœuf, s’est arrogé le piédestal de meneur providentiel, et se voulant l'unique héros d’une "résistance" inflexible à la politique de réforme du nouveau gouvernement, il a montré ses muscles. Vous allez voir ce que vous allez voir.
Ce n'est ma foi pas lerche à l’étal d’une boucherie républicaine. Je craindrais plus pour la nation de cette masse d'intellos refoulés et de haineux congénitaux, de ces voyous anarchistes du NPA par exemple, vils manipulateurs de la "base" d'autrefois, que de ce littéraire carriériste, certainement peu tenté en vérité par l'aventure révolutionnaire et le chaos.
Il s’est aussi, une fois de plus épanché sur l’illégitimité de la Chambre, comme il en fut dans les même termes de l'élection du président, du fait que plus de la moitié des électeurs ne sont pas allés voter. C’est un faux raisonnement. Un mensonge.
Car ces gens avaient en effet toute liberté démocratique de se rendre aux urnes et d’y manifester leur opinion; et s’ils ne l’ont pas fait, on ne doit en tout état de cause et absolument pas considérer que nos compatriotes cautionnassent France Insoumise comme signification de leur retrait. Ainsi Mélenchon ne peut se prévaloir de leur nombre pour les joindre aux virtuelles cohortes qu’il prétend lever face au pouvoir en place et à ses décisions novatrices.
Des décisions certes impératives et urgentes : La France ne peut plus demeurer fossilisée dans des instituions pléthoriques, règles et dispositions socioprofessionnelles surannées, datant de 45 et aggravées par 68. Elle n'en a plus les moyens : Il faut qu’elle se mette sérieusement au travail, qu’elle oublie le temps de l’hédonisme et de l'hégémonie corporatiste, l'irrationalité du statut actuel de salarié face au petit et moyen patronat créateur d'emploi, un véritable scandale, et réfère en cela au diapason des pays qui font le monde d’aujourd’hui. Les grèves endémiques, qui nous ridiculisent aux yeux de l'étranger, doivent cesser.
Les « gens » conscients de ces réalités le savent, mais beaucoup, ajoutant à leur dégoût des "politiques", n’ont pas le courage d’en acquiescer la nécessité, et donc s’abstiennent de voter. Du moins honnêtement.
D’où près de 57 % de vide démocratique.
Ceci dit, il y a toujours part à ménager au hasard, qui fait parfois d'un modeste acteur le héros malgré lui d'un événement qui le dépasse : J'ai bien lu quelque historien reconnu dire que Robespierre, qui envoya tant de gens au coupe-cigare, était à l'origine contre la peine de mort... !
Et donc : Méfiance, si selon l'adage l'occasion fait le larron. La Méluche pourrait-il bien nous faire un Robespierre? J'en doute.
