Marius le Négavesque (avatar)

Marius le Négavesque

dentiste retraité

Abonné·e de Mediapart

899 Billets

0 Édition

Billet de blog 26 mai 2015

Marius le Négavesque (avatar)

Marius le Négavesque

dentiste retraité

Abonné·e de Mediapart

La moukahla

Marius le Négavesque (avatar)

Marius le Négavesque

dentiste retraité

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

--0--

C’est simple : il y avait un con de service. Nous en avons hérité : Notre « guide ». C’était lors d’une croisière sur le Nil  avec le Club Med.

Il se présenta le premier jour en tant que « Momo ». J’interdis immédiatement ce sobriquet aux gamines : ce serait « Monsieur ». Le problème est que le monsieur, un type d’une quarantaine d’années, loin d’être con en vérité, bien au contraire, révéla sans retenue un concentré d’antipathie voire de haine anti-occidentale comme j'en ai peu constatées. Je ne sais pourquoi. Ça en devint gênant pour tout le monde.

Il parlait pourtant le Français sans le moindre accent, n’était pas du tout mal foutu de sa personne, et on sentait bien que son agacement initial quand Bobonne, qui avait potassé dans l'avion un petit vadémécum égyptologique pour voyageur averti, répondait sans faillir à toutes ses questions lors des visites, cet agacement aurait pu se muter en relation amicale et rigolarde  pour peu que ce type eût fait un soupçon d'effort. Surtout qu’avec le cagnard qui nous tombait sur la cafetière, ladite Bobonne et le Mulet (mon aînée) tournèrent noiraudes dès les premières heures du séjour, et n’avaient donc pas le détestable look farineux de ces têtes à claques de parisiennes qu'ont voit hausser le nez dans tous les "voyages organisés", loin s'en fallait.

Pour l'anecdote et en revanche, Nini, notre cadette, a, elle, heureusement tiré de ma septentrionitude et doit au contraire se protéger du soleil. L'honneur familial est donc sauf dans ces circonstances exotiques. Ouf!... Non, allez, je déconne.

... Et donc un matin que j’en avais un tantinet marre des Aménophis et des Hatshepsout, tout frais débarqué de notre sympathique petit bateau fluvial*, je me glissai en loucedé vers un troquet à tonnelle que j'avais remarqué près du site à visiter ce jour-là. Je voulais me siroter tranquillement un petit verre de Naena. Le vrai, pas celui pour les patos : l'eau bouillie dans la mokrach et versée ensuite seulement dans la théière. Pas un truc à la va-vite qu'on nous a servi sur une fellouk, à Thèbes.

Qui débarque sur ces entrefaites ? : le gars Momo. Il avait sans doute laissé le groupe en rade devant une colonne et un monceau de caillasses, ou plus probablement dans l’échoppe d'un complice, et venait lui aussi se reposer un instant. Il m’aperçoit. Je fais mine de rien et attends de voir s’il va venir vers moi, car je ne veux pas l’emmerder. Il s’approche après un temps d’hésitation. Je lui offre un verre. Il prend une bière. Et, gêné de son choix, ce dont je me fous totalement, me dit comme excuse qu’on ne boit pas de thé à la menthe dès le matin. Je lui réponds : « mashi bessah a-ulidi ! » ("C’est pas vrai, fiston !"). C’est du marocain mais il pige sur le champ. Surpris : Vous parlez l’arabe ? Je le parlais dans ma toute prime enfance, instruit par mes nounous, mais j’ai tout oublié: Je baragouine. Je suis du Maroc. Bizarre : ça le fait un peu se détendre, mais pas trop. On bavarde. Je reste quand même sur mes gardes : Urbain à l'extrême, pour ne pas l’exciter.

Tu parles! Immanquablement, au bout de 5 minutes j’ai droit pour la vingtième fois depuis qu'on est du voyage, à la « victoire » égyptienne de 72 sur les sionistes. Porca Madone! Fa cagar ou baoudou!

Et merde !... Je m'étais isolé pour avoir une petite heure de tranquillité et voilà que ce naze vient me faire ch... avec ses conneries bellicistes.  Je lui balance illico qu’il n’y a pas eu plus de « victoire égyptienne » (après une attaque par traitrise) qu'il n' y a de khalouf dans le couscous. Et pour bien matérialiser cette impossibilité je lui désigne, à deux tables de nous, un... Capitaine ? (galons anglais), en tout cas un Officier de son Armée nationale. Et trois tables plus loin, quatre troufions en train de siroter eux aussi, mais un kaoua. L’officier a déboutonné son col tant il fait chaud, et dans un posture alanguie il s’est déchaussé, jambes étendues et écartées, utilisant ses pompes militaires comme des babouches, talon à l'air, tige rabattue. Le baudrier part en valdingue. Je dis vertement à mon invité : « Voyez un peu, Mohamed, l'exemple que donne cet Officier à ses subordonnés. Vous ne gagnerez aucune guerre, aucune bataille tant que vos cadres militaires seront négligés de la sorte. Les Anglais qui ont formé vos officiers ont dû le leur inculquer : L'ordre et la discipline sont les forces principales des armées ».

Ça a mis un point final, immédiat et définitif à nos relations, ce qui me navra comme on peut s’en douter. Il n’y eut même pas un merci lorsque que je lui filai une enveloppe de 2000 Frs le jour de notre départ, à cet enfoiré. Le con parfait.

Tout ça pour dire et surtout pour en venir au présent et à la fantomatique « armée irakienne » que ces pourris de ricains, dans un calcul géopolitique en ricochet dont m'échappent cause et finalité, gavent en ce moment de matos... pour que la dite armée-morte, du fait de ses débandades systématiques entretienne ensuite l’EI (je ne dis plus Daesh pour ne pas me faire engueuler par mon copain Vlad). L’État islamique qui n'a plus qu'à ramasser chars et canons abandonnés dans sa progression : Tant que cette armée sera composée de clowns comme les deux spécimens ci-dessus, dont un utilise son fusil moderne comme un berbère de chez moi tient sa vieille moukâhlà lors d’une fantazi-ia, et Pelloux, derrière lui, qui praline à tout berzingue juste pour faire du bruit... il ne faudra pas espérer faire peur aux tarés de l'EI et leur reprendre Palmyre et les trésors du berceau de la civilisation moderne.

* L'embarcation du Club est  (du moins était à cette époque) minuscule  dans l'armada des monstres à étages qui vont chaque jour à la queue-le-leu sur le Nil, s'arrêtant dans les mêmes villes : dire le bordel, quand on arrive à l'écluse de je ne sais plus où!)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’auteur n’a pas autorisé les commentaires sur ce billet