Jacques Attali m’écrivit un jour que « toute chose est binaire ». Je ne compris qu'à moitié mais le crus sur parole car j’étais très attaché dans ma jeunesse à l’école romantique, royaume du contraste.
Binaire donc, la vie. Exemples :
- Je rentrais à l’instant de Cannes avec le Mulet. Une fourgonnette qui me suit me fait des appels de phares. Je saisis très vite que mes lampions sont allumés. Et je me dis alors que ce type est, dans le lexique de ma fille, très « urbain ». Mettons civil. Il me double. Je le salue. Mais cent mètres plus loin le voilà qui balance un vrac de déchets et autres papiers par sa fenêtre ! : Consternation.
- Cette nuit, du moins vers 4H du matin, j’ouvre mon ordi sur le « Journal » de MDPart, dégringole la colonne bleue des pistonnés du Club et m’arrête sur un titre : Un zig y aphorise sur l’antinomie ou plutôt le vieil antagonisme Police/Justice, cher aux anars : Police partout, justice nulle part ou quelque chose comme ça. C’est le titre. Je flaire illico le pamphlet proudhonien, clique, et ne me trompe pas : Un long, long discours, très bien écrit, certes, fluide et synthétique au départ... mais qui, après avoir relaté avec talent la mésaventure paradigmatique d’un fêtard du 21 juin, manifestement beurré pour l’occasion et que les « flics » ont donc un peu shampooiné, digresse et s’éternise ensuite, anaphore en bonus, en cette dualité cryptique que j’ai tant constatée quand j’étais lycéen, puis étudiant et plus tard dans la vie. En effet, pour camoufler une haine polymorphe et congénitale dont il n’a peut-être pas conscience qu’elle l’a lentement envahi, de l'état de simple gratouillis à celui d'empire, ce mec intelligent se couvre, telle une tunique de Nessos, d’un personnage plus sociable que ça tu meurs. Généreusement logorrhéique et surdosant l’onction mêlée de fiel, comme il est vérifiable à la longueur interminable de son propos : Un peu de pommade, un coup de rassègue* (comme on dit à Carcassonne)... et re-la pommade suivie d’un nouveau coup de rassègue, ainsi de suite de l'alternance jusqu’à plus soif. En deux mots, les « flics » pourraient être des types bien, c'est sûr, mais ce sont irrémédiablement des cons et des rustres : Habillés pour l’hiver, même s’il dit avoir essayé de leur « parler ». Sans doute pour leur en expliciter le fait entre deux hoquets... ? Ou pour leur conseiller, semble-t-il, des cours du soir à Polytechnique ou au moins à "Ginette"?... Vous comprenez que ça n’a pas dû leur faire beaucoup plaisir à nos chers « cognes ». Et ils lui ont du coup ordonné de la boucler sinon c’était le panier. Logique.
- Bon, mais ma lecture achevée, avant la fin du billet d’ailleurs, la barque étant trop chargée pour des méninges impatientes, j'ai filé chez moi, à « mon blog ». Car j’aime retoucher mes textes souvent lourdingues dans leur première mouture.
Et là, c’est la surprise : Ma philippique à Deléan a été virée. Un si joli texte. Une si belle méthode. Ou la liberté d'expression selon la Gauche.
Ainsi, ON est encensé quand on vitupère les "flics" de base, les pauvres !... alors qu'à leur quotient synaptique ces gens zélés paternent la société dans son ensemble, et parfois même l’individu, comme on l’a vu, à son corps défendant. Oui, mais moi je suis censuré quand j’explique simplement à un journaliste opiniâtre qu’un Rémi Fraisse est mort « victime » d’un tragique concours de circonstances dont il fut l’initiateur principal, et non de brutalités policières comme ON tente de l’officialiser sur ce vecteur de la pensée d’extrême gauche.
On est donc bien chez MDPART. Où j’assure et assume le guichet de la binarité. Poste essentiel, mais non rémunéré.
*la scie