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De mon temps on appelait ça de l’instruction civique, les rapports du futur citoyen avec les institutions, avec la société civile, la compréhension de l’utilité de ces rapports et la nécessité d'en observer les règles. Car pour ce qui était du comportement individuel au contact de la société morale, l’affaire était à l’époque menée par les parents qui, dès la petite enfance, apprenaient à leur mougingue à dire « Bonjour Monsieur, bonjour Madame » (du moins, l'inverse) et à remercier dans les formes. Mené aussi, cet apprentissage, par le curé, le pasteur ou le rabbin pour ceux qui allaient aux offices... et enfin par les instits successifs depuis la Maternelle, le tout sans la moindre concession aux originalités et caprices de l’enfant.
On leur, on nous apprenait les usages. On nous formait.
Dolto, et surtout 68 sont malheureusement passés par là. Le géniteur, souvent séparé de la génitrice, soucieux de ne pas « traumatiser » l'enfant et de ne pas aggraver le désordre psychique que l'éclatement de la cellule familiale à incontestablement causé, donne la fessée à un coussin substitutif, en présence du "puni" qui se plie en deux de rire devant le ridicule de cet artifice. Quant au bon vieux coup de règle sur les doigts tant redouté, ou au bonnet d’âne, ils sont, vous pensez bien, aujourd'hui absolument prohibés du domaine scolaire devenu un lieu de palabres et d'"échange" à égalité entre l’enseignant et l’enseigné. Sous peine de poursuite... ou souvent d'intervention musclée du père, voire de la mère des (rares) sanctionnés.
Tout va bien... L'un étant sans doute une muette conséquence de l'autre, on est paradoxalement sous le régime de l'enfant-roi, et de celui de l'égoïsme des adultes sacrifiant à leur individualisme une de leurs responsabilités parentales essentielles : celle de leur engagement dans la pérennité du mariage. On divorce aujourd'hui pour un désaccord sur un simple choix de couleur de rideaux de cuisine... (Je ne déconne pas / Je l'ai vu faire après deux mois (!) d'une noce Corso-Pied-noire fastueuse. Mais il n'y avait heureusement pas encore d'enfant.)
Résultat des courses, j’étais hier matin à la plage du chemin des Ondes, dans le Cap, avec ma cadette, histoire de crawler un petit 1500.
Vers 9H, juste quand nous rentrions de notre boucle nautique, les vacanciers ont débarqué, en nombre encore impressionnant pour un 27 Août, parasols, glacières et rabanes sous le bras. Et les voilà qui s’installent : Celui-ci dont les gosses piétinent tranquillement et sous ses yeux notre discret carré de serviettes. Cet autre, crevette livide en "marcel", tout droit dégringolés du train de Paris ou de Lyon, lui, bobonne, un gamin et une gamine : ce cuistre, sans doute excité par l'odeur de l'iode, aurait presque bousculé mes 97 kgs pendant que je m’essuyais d’une douche revigorante. Lançant à sa femme un « On se met là!... » digne de la prise de Malakoff, ce connard m'a en effet quasiment jeté ses merdes sur les pieds (!?). Ni « pardon », ni « s’il vous plait ». Encore moins de « Monsieur ».
Ôte-toi de là que je m'y mette. Et bien sûr : J'y suis, j'y reste.
Que faire ?...
Un reproche? Une engueulade ? Une baffe ?... On est tellement surpris qu’on reste figé à regarder et à subir ce manège. Ce troupeau. Spécialement cet été, car tout ça n’a pas osé aller jouer les rupins à Djerba ou Hammamet because le terrorisme. Du coup cette racaille malpolie et désargentée est venue s’échouer en surnombre sur nos côtes. La fine fleur estivale.
Du coup aussi la Nini et moi avons plié bagage, et avant que je, et surtout qu’Elle n’explose (très violente à ses heures) nous nous sommes tirés vite fait, foutant plein de sable sur les tapis de la « Up », plus Bobonne qui a ensuite rouscaillé parce qu’on était encore tout mouillés en entrant dans l’appart.
Au passage dans l’escalier qui mène à la route, je lâche deux mots de ma colère contenue à deux vieux cons de mon âge qui papotent dans leurs combines néoprène; gabarits d’anciens sportifs. L’un d’eux, qui a assisté à la fugitive anecdote du "On se met là !..." et a pigé que la torgnole avait failli partir, me rétorque d’un air entendu : « Perte du sens collectif ».
Perte du sens « collectif. ». Je t'en foutrais du "perte du sens collectif" . Car oui, j'oubliais: Avec la gauche au pouvoir Terra Nova est aussi passé par là, et le mec doit être un ancien prof ou quelque chose dans le genre, pour parler ainsi. Un mec qui malgré son âge aura trempé dans la nouvelle méthode d'initiation, ce nouveau monde des "professeurs des écoles" et du "référentiel bondissant", un monde qui a remplacé l'ancien, le monde ringard de l'instruction stricte. Mais justement trop "simpliste" et frustrante, goul-lek (Dixit), pour le développement de la "personnalité" de l'enfant. Bref alors : un nouveau "projet de morale républicaine" dans lequel il ne faut surtout plus, désormais, prononcer les mots discipline, politesse ou respect des hiérarchies : Ils puent.
Bonjour les dégâts. Et les pédiatres n'en auront donc pas fini de "refaire" et refaire leurs salles d'attentes dévastées tous les 6 mois...
Remarquez, avec tout le pognon qu'ils gagnent, n'est-ce pas bonnes gens de l'ultra-gauche, pour ces enfoirés de "médicastres" c'est un juste retour des choses.
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