Sa première campagne électorale avait été la cause d’une certes bien anodine controverse entre Bobonne et moi. Une joute convenue. En un mot j’estimais le candidat Obama très-très élégant pour un politicien amerloque, et la gestion de ses apparitions et gesticulations tribunitiennes relever du félin par nature et d’une science du paraître d’acteur passé par les écoles d’art dramatique.
C’était là bien sûr, aux yeux de ma vieille dame créole, les scories d’une désuète optique coloniale. A quoi je répondis comme à mon habitude que le refuge identitaire était éculé et qu’il lui fallait changer de disque...
Nous convînmes finalement d’attendre et de voir l’homme à l’œuvre.
Je ne me fie pas un instant à l’aune journalistique française des plus compromises, et me garde sur une idée générale que ce mandat présidentiel vaut par ses intentions, mais non menées à termes, de créer une protection médicale socialisée et par quelques initiatives elles aussi avortées comme par exemple sur les ventes d’armes. Il paraît surtout qu’il n’aurait que relativement part au remarquable redressement économique du pays après 2008. Je suis incompétent pour en juger.
Je tiens en fait cet avis d’un américain moyen rencontré sur un bateau qui nous ramenait sur le Potomac à la nuit tombante, retour d’une visite à l’école des Marines, d’Alexandria à Washington il y a trois ou quatre ans. Un hélicoptère venait de nous survoler en direction de la Maison Blanche alors que nous longions le Mémorial de Lincoln.
L’homme, d’allure paisible et raisonnable, qui était accoudé au bastingage juste à mes côtés, jusque là mutique, me dit : « Tiens ! Voilà notre Président qui rentre de sa partie de golf... »
-« Joue-t-il souvent ? » (Car j’avais saisi une once de reproche et d'agacement dans son propos, qui fut d'ailleurs cause de cet abord spontané, rare chez les Ricains)
-« Très !... il s’agit même d’un de ses impératifs quotidiens... intransgressibles »
Je hasardais alors que j’étais Français. Il l’avait deviné à m’entendre parler avec mes amis « Golanis », et je lui posais dès lors le plus ingénument possible la question de savoir ce que les Américains pensaient de l’administration Obama ?
Je l’ai dit, mon interlocuteur d’un soir était visiblement un homme pondéré, et il me répondit avec pondération : « C’est très partagé. Certains en ont attendu beaucoup et même beaucoup trop. Personnellement je trouve sa politique frileuse, hésitante : C’est assez décevant »
C’est tout ce que je peux avancer, si ce n’est qu’un de mes neveux, Colonel retraité de l’US Air Force, républicain mais lui aussi très raisonnable, pense et m’a dit dans un Français bien marqué par l’accent Pnoir acquis de sa Maman, native d’Oujda : « Finalement il est « fade ». Il ne restera pas comme un grand Président. Le peuple américain est assez déçu ».
En tout cas Obama conclut très mal sa magistrature en se livrant à une bassesse politicienne indigne, à l’encontre de son successeur, et qui le ridiculise aux yeux du monde. Qu’il eu fallu tenir tête à Poutine était une chose, mais qui aurait dû avoir lieu en temps et heure; Or ce n’était pas en dernière minute de mandat et manifestement pour gêner Trump, que le « has been », comme ont dit outre-Atlantique, devait se livrer à une mesure de rétorsion diplomatique dont son adversaire russe a immédiatement façonné les verges de son ultime humiliation. Applaudi bien sûr par le peroxydé bizarre aux trois couches de fond de teint.
Je ne dis pas qu’un probable rapprochement américano-russe m’enchante en tant qu’Européen, pas du tout, mais les choses sont ce qu’elles sont..