Au Salon de l'Agriculture le GNIS, Groupement National Interprofessionnel des Semences accueille actuellement son public dans sa vitrine de graines destinées à nous faire connaître le rôle de protection des semences sur la biodiversité, fiches d'informations à disposition, livret Semences et Biodiversité pour découvrir cette filière de l'agriculture pas si anodine. A noter aucune référence présente à l'écologiste Vandana Shiva, organisatrice de distribution gratuite de semences en Inde ou de Guy Kastler du réseau Semence Paysanne.
Et pour cause, Le GNIS, conçoit la semence comme une filière dont les entreprises de sélection sont des experts incontestables. Cela est explicitement relaté dans cet article de Reporterre - Le GNIS, c'est qui, le GNIS ?- le groupement est chargé d'organiser la production et la commercialisation des semences et plants.
Le groupement fait référence à Philippe de Vilmorin le créateur du catalogue de variété en 1766 comme améliorant les plantes et aidant à créer de nouvelles variétés; l’inscription au catalogue des variétés est aujourd'hui obligatoire pour le commerce des semences pénalisant les petits semenciers et les agriculteurs.
"Le COV ( Certificat d'Obtention Végétale), que la France a mis en place dans les années 1960, est un droit de propriété intellectuelle spécifique à la création de variétés végétales." "Il laisse un libre accès aux variétés créées à des fins de recherche." (extrait du livret semences et biodiversité du GNIS)
Alors que les agriculteurs s'organisent pour faire valoir une politique agricole et alimentaire plus démocratique et souveraine, le GNIS valorise son système de certification d'obtention agricole tel que "le droit de propriété intellectuelle en création variétale correspond à la reconnaissance d'un travail et à sa juste rémunération pour les bénéfices qu'en tire l'utilisateur de variétés (l'agriculteur, etc.)." Pourtant, le journal l'Humanité note que "la question de la rémunération du travail paysan monte dans les campagnes."
"juste rémunération", argument récurrent, " Il - le GNIS - prévoit aussi la possibilité d'accords avec les agriculteurs pour autoriser l'utilisation d'une partie de leur récolte pour leurs propres semis moyennant rétribution de l'obtenteur de la variété." Le groupement, justifie cette rétribution de semences répertoriées propriété intellectuelle comme favorisant la biodiversité. Alors que Vandana Shiva, écologiste indienne, parle dans son allocution à Bruxelles " d'abondance contre rareté". Le GNIS, donne une image de l'abondance comme une richesse; 969 variétés de mais; 40 variétés de blé en 1969 contre 150 en 2007. A contrario, la rareté donnerait un sens à une agriculture modeste et de partage de bien commun sans brevet.
Selon le Groupement, les semenciers ont pour but de "préserver la biodiversité" afin de "constituer une réserve de gènes pour la recherche, ressource génétique, dans le domaine alimentaire, textile, agronomique, pharmaceutique ou industriel. Pourquoi certains semenciers modifient génétiquement des semences en graines hybrides stériles?
Le système de certification du GNIS, a pour ambition de fonctionner à une échelle internationale. Le Certificat d'Obtention Végétale de propriété intellectuelle réunit 70 États par la convention UPOV (Union pour la protection des obtentions végétales).
"Le Salon de l'Agriculture reste celui de l'agriculture industrielle. Nous, paysans porteurs d'une alternative pour la société, on s'y sent minoritaire." Virginie Raynal, maraîchère dans l'Aubrac et membre de la FADEAR; Si la filière semence se défend de tout monopole, reconnait-elle à sa juste valeur le droit de semence libre des agriculteurs ?
Sources: documentaire La guerre des graines, l'Humanité, Reporterre