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Billet de blog 7 octobre 2019

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De la pêche en haute mer au traffic d'humains

A Paris, ce jeudi 3 octobre se tenait la présentation du livre de Ian Urbina, reporter au New York Times, La Jungle des Océans, cinq année d'enquêtes et de recherches sur l'esclavagisme de la pêche en haute mer.

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Le sujet du livre traite de l'esclavage de jeunes issus de régions pauvres, du Cambodge, d'Afrique, d'Indes, ou des Philippines. Ils sont recrutés par l'intermédiaire d'agences légales mais au fonctionnement abusif pour le compte d'armateurs de bateaux de pêche peu scrupuleux sur les droits humains, qui les exploitent une fois à bord de leur navire pêchant en haute mer.

Cette zone de pêche n'est pas couverte par le droit maritime. D'où le titre évocateur du livre, la Jungle des Océans. Le journaliste, passionné des mers et océans, s'est rendu à bord des navires. Il a pu recueillir le témoignage de jeunes matelots pour la plupart âgés entre 20 et 30 ans, esclavagisés. Ainsi, il a pénétré dans le "dark side", comme il le nomme, de ces usines flottantes où règne un climat de terreur appliqué par les officiers d'équipage, contre-maître, et cela en totale violation du code du travail internationnal, exposant les matelots à des sévices à bord ainsi que de la prostitution.

Depuis 2018, l'OIT, l'organisation Internationnale du Travail, a légiféré par une loi encadrant le travail de la pêche en haute mer, de préciser Valérie Lebrenne, membre du pôle juridique de l'association Bloom. En 2016, l'Union Européenne, a interdit l'importation de la pêche en provenance de la Thaïlande.

Mais combien encore de bateaux de pêche en haute mer, comme la Chine par exemple, se livrent encore à cet esclacagisme. Si les pouvoirs publiques appliquaient le droit internationnal, nous n'aurions pas besoin en tant que consommateurs.trices de la pêche d'une fiche de traçabilité sur les étals. Toutefois, nous, consommateurs.trices, dans ce contexte d'opacité et de délaissement de l'intérêt général et du principe de précaution des structures habilitées, nous avons encore la nécessité d'utiliser ce types de recours pour acheter conscient et confiant.

De nous rappeler également, Voltaire dénonçant l'esclavagisme, répliquant à la bonne société, c'est à ce prix que nous mangeons du sucre.

Plusieurs contrôles ont été effectué par Bruxelles, pour inspecter en Thaïlande les navires "black listés", mais l'inspection s'est heurtée à la négligence des autorités locales, incapable de retrouver l'immatriculation des navires recherchés. Les bateaux thaïlandais ont la plus mauvaises réputation sur l'application des conditions de travail à bord, nous a précisé Ian Urbina lors de cet entretien animé par la Présidente d'honneur de Bloom, l'association de la protection des mers et océans, Claire Nouvian.

L'auteur journaliste, nous a pourtant démontré que sa pugnacité à convaincre les officiers d'équipage de ces navires a été fructueuse de cinq années pour faire aboutir son travail d'enquêtes et de recherches sur l'esclavagisme en haute mer.

Le journaliste, a exprimé son point de vue sur la nécessité de rester en retrait après son travail de recueil de témoignages sur les maltraitances et de garder un niveau de responsabilité adapté, laissant le soin aux associations existantes pour prendre en charge les besoins des victimes.

Une vision fonctionnelle plus qu'empathique mais respectable. Une autre question soulevée par le journaliste, est-ce qu'une pêche est illégale même si elle respecte les normes de pêche à partir du moment où les conditions de travail sont violées.

A travers ce très intéressant échange sur le sujet du droit internationnal humanitaire mis en évidence dans ce livre, l'esclavagisme, apparaissent imbriquées dans le contexte les questions liées à la pêche néfaste et son organisation en inertie, dictée par les grandes puissance économique tant sur le plan européen que mondial.

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