Jardin des Tuileries à Paris, Il est 13h30, quand dans un décor de statues figuratives de la mythologie gréco-romaine revisitées, un comité syndicalisé de la CGT des transports, se dirige étendards à la main vers le pont Léopold Senghor, les stations concorde et champs élysées fermées, une longue marche vers la place Vauban commence d'un pas décidé, la grève des transports n'a pas fait faiblir la mobilisation; les "quadras" sont là, des femmes et des hommes, jeunes et moins jeunes, à se mobiliser, souriants et solidaires, déterminé.e.s à faire de cette journée un rendez-vous historique contre cette réforme de la privatisation des retraites qui cristalise en elle, toutes les inégalités sociales et économiques que ce gouvernement à mis en place, la baisse de toutes les aides d'État, dans un contexte politique où le pouvoir est acculé par les affaires de corruption.
Vers le pont Léopold Senghor, cadenassé, de ces mystérieux et superstitieux lovers, exibant leur coeur dans des cadenas de fer bon marché, se dessine au loin une foule d'hommes et de femmes portant une grande banderole, " Opéra de Paris " et des drapeaux rouges de la CGT; ils et elles, s'activent, lorsque le micro cortège se sépare en deux itinéraires distincts, l'un empruntant un chemin vers l'Assemblée, et l'autre rue de Solférino en direction de Vauban.
Quand " les Rouges", c'est ainsi que ce résident mi-hostile, mi-amusé, du 7ème très beau et très huppé arrondissement de Paris, les nomme; ces manifestant.e.s en nombre éparse, se cherchent un chemin pour rejoindre la place Vauban, point de départ de la manif, et très vite, ils et elles se hurtent au dispositif de blocage de la gendarmerie.
Cet ancien fonctionnaire va manifester, il connait bien le quartier, depuis les grèves des années soixantes dix, il n'est pas descendu dans la rue, mais là, il est décidé. Il connait bien le quartier, il n'est pas désorienté, lorsque à plusieurs reprise, à chaque coin de rue, la gendarmerie courtoisement l'envoi 200 m plus loin. Impossible de passer par les rues usuelles. Le mot d'ordre de la gendarmerie est clair : blocage scrupuleux des rues adjacentes au point de rendez-vous de la manif. Les gendarmes arborent un uniforme de " robocop", à l'écoute des manifestants, restant encore civilisés à cette heure. Ils pourraient nous sembler sympathiques, jusqu'au mot d'ordre répressif, où malgré leur apparente sollicitude, ils n'hésiteront pas à gazer et matraquer les civils, concitoyen.ne.s.
Ce retraité, n'a pas battu en retraite la réforme de Macron, la foule massée dans la rue, l'emporte vers la place Vauban, alors il se souvient, et soudain réalise :
" Cette réforme Macron des retraites, je ne l'ai pas vu venir. Au début, je n'ai rien vu. Et après, j'ai regardé de plus près, et on va perdre de l'argent sur nos pensions de retraite."
Il est là aujourd'hui, au milieu des militants syndicalistes, il a servi de longues années pour l'État, il n'a pas vu venir la tromperie du gouvernement, mais ce qu'il sait, c'est qu'après avoir connu la désillusion de certains politique corrompus, il l'est légitimement présent aujourd'hui, pour défendre son droit à bénéficier d'une retraite en bonne et dûe forme pour toutes ses années servies auprès de l'État.
Selon lui, c'est toujours la même chanson hypocrite avec les politiques, ils nous culpabilisent, se vantent d'un rôle de " main propre, tête haute", pendant que dans l'ombre des couloirs du pouvoir, ils se vendent sous couvert de la République, pour de l'argent.
"Je ne veux pas d'un système de retraite privatisable." Il marche en direction de la place Vauban, pour réclamer sa retraite à l'État, sa dignité. Il s'exprime, mécontent, contre le gouvernement.
A place Vauban, il est 14h20, le mouvement de protestation de la réforme des retraites s'amplifie d'heure en heure, Mathilde Panot est face caméra, elle s'explicite, entourée par de nombreux.se.s militants de LFI, tenant dans leurs mains des pancartes standardisées.
Plus loin, à quelques mètres d'une banderole de bibliothéquaire en colère, cette stagiaire de l'AFP, photographe, se surprend à comprendre que le mouvement dépasse largement le cadre de cette réforme des retraites, "c'est, constate-t-elle, un mouvement social général contre les inégalités et l'injustice". Alors, elle exprime l'absurde de ses conditions de travail, souvent contrainte d'accepter des stages, soit non rémunérés, soit sous-payés, un travail masqué sous une étiquette de " stagiaire ".
Dans un café, place Vauban, il y a le ras-le-bol de ces deux femmes, l'une retraitée de chez Air France, l'autre, gérante d'établissement qui a bénéficié d'un plan de liceciement, elle s'apprête à prendre sa retraite. Toutes deux viennent de se rencontrer aujourd'hui place Vauban, toutes deux sont de la région parisienne et partage leur ras-le-bol de voir leur niveau de vie baisser, le montant des pensions de retraites régresser.
À en croire les revendications de ces deux femmes, M. Macron n 'a pas compris la colère des retraité.e.s GJ, en 2018, revendicant, une niveau de vie plus digne face à une vie de plus en plus chère.
Cette retraitée de Seine et Marne, acienne employée de chez Air France, a perdu son mari, sa retraite supérieure au plafond établi, ne lui permet pas de percevoir la pension de son mari décédé, contrainte à 60 ans de quitter son poste sans avoir pu cotiser à taux plein, elle voit sa retraite baisser de 100 euros par mois. À cela s'ajoute, les 90 euros prélevés par mois de CSG.
Selon elle, le calcul de la retraite à point est tous simplement inconcevable, la valeur pris en compte pour le calcul les désavantage, alors que sa pension diminue, elle se voit encore perdante avec cette nouvelle réforme.
À côté d'elle, sa collègue de lutte, elle est très en colère, pas seulement à cause du calcul au rabais des pensions de retraite, mais depuis sa reconversion suite à un plan PSA de licenciement, elle est en désillusion face au comportement de l'État avec les grands groupes industriels.
Aujourd'hui, gérante d'un établissement, elle constate que l'État applique une règlementation à deux vitesse selon que l'on est un artisan ou une multinationale.
- " Il faut une régulation de l'attribution des aides de l'État, et non une suppression du crédit d'impôt."
Elle s'explique, en affirmant son point de vue, par le fait que selon elle, les multinationales bénéficient de faveurs de la part de l'État, qui d'une part ne les contraint pas à déclarer leur bilans financiers, et d'autre part, leur octroyent de larges aides financières alors que se sont de riches multinationales.
" J'ai le sentiment que l'État aide les multinationales à licencier." De poursuivre, en s'indignant, " Ce n'est pas normal que les multinationales annoncent des plans de licenciement et que derrière se soit l'État qui paye le chômage de ce plan."
Elle parte à 15h00, bras dessus, bras dessous, rejoindre les cortèges vers Denfert Rochereau, déterminées à dire non aux cadeaux de Macron donner aux ultras-riches.
Les cortèges avancent vers la place Denfert Rochereau, formant une impressionnante colonne de milliers de manifestant.e.s, scandant leurs slogans révélateurs d'un malaise social, d'une colère générale tant sur la casse sociale mis en place par le gouvernement que sur les violences policières dont il est responsable.
Alors que la foule, chante et scande, rue Bellechasse, le spectre des violences policières refait surface, le corps de la manifestation est quadrillée par un dispositif de la gendarmerie et de CRS, toutes les rues adjacentes à la manifestation sont bloquées par des troupes de gendarmes et CRS, armés et casqués, se dressant devant la foule pourtant joviale, de toute leur armure, la pression des forces de l'ordre inquiète certain.e.s manifestant.e.s.
Cette manifestante syndicaliste, CGT, accompagnée de sa fille raconte comment l'année dernière, elle a essuyé 5 jours ITT, après avoir subi des violences policières lors d'une manifestation.
Boulevard Raspail, les cortèges avancent en apothéose de milliers de manifestant.e.s, la ferveur est à son comble à l'approche de la place Denfert Rochereau, on danse, on chante, on scande des slogans pour reconduire la grève générale.
" Retrait !! "
" Reconduction !! "
Ce syndicaliste de Solidaire, croit en l'utilité des blocages; la veille des fêtes de fin d'années, il croit que le Medef, ne porte pas cette réforme.
Le Medef, peut-il faire basculer cette réforme ?
Quelle ruse politicienne le gouvernement Macron utilisera-t-il pour passer en force ?
La réponse ce mardi 10 décembre après le bras de fer entre manifestant.e.s et forces de polices à la place de la République pour le droit de manifester, la population démontre à nouveau au gouvernement que la mobilisation ne faiblit pas bien au contraire, elle se renforce, l'impopularité de cette réforme se fait entendre partout à travers le pays, c'est un vent de justice et d'égalité qui souffle sur l'Élysée.