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Billet de blog 14 mars 2021

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carnet de bord botanique

J'étudie la nature comme une bibliothèque. Les jardins parisiens racontent une histoire. A l'instar des botanistes qui embarquaient à bord de ces navires... je raconte cette histoire. Bienvenue à bord.

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Paris.

La mésange charbonnière. Elle pourrait tenir dans le creux de ma main. Son chant doux et léger, elle escalade la canopée du jardin. Perchée à la cime des arbres, le mois de février est idéal pour l'observer. Il est difficile de rester inaperçue même perchée sur la plus haute des branches surtout lorsque celle-ci est dénudées par l'hiver. Avec ses petites joues blanches et son joli ventre arrondi, sa robe reste à découvrir.

Ce matin, je marchais dans les allées d'un jardin. je me disais que la bénédiction de connaissances existe aussi. J'ai reçu une belle surprise. Je l'ai vu par un petit groupe de trois ou quatre. Attirée par un merle noir fouinant dans un branchage, elle était là, fouillant furtivement dans un arbuste à baies rouges. Je l'ai vu s'envoler du buisson. Elle s'est posée sur la cime d'un grand arbre à proximité. Et là, toute la beauté de ses couleurs est apparu; le jaune vif sur son ventre; le bleu de ses ailes délicates. Du bout de son bec noir elle sussurait un chant doux et léger. Deux autres volatiles du groupes ont pris leur envol vers deux autres arbres voisins.

La mésange charbonnière, elle pourrait tenir au creux de ma main. Ses petites pattes fines lui suffisent pour atterrir sur la plus haute branche de son choix. Et son joli minois reste dans tous les coeur.

J'ai raté un très belle occasion d'enregistrer son chant.

A cette période où le printemps s'amorce sans que l'hiver ne soit terminé, la nature est encore pour certains arbres à l'état encore de nudité, rendant parfois presque impossible avec seulement son oeil de reconnaître telle espèce. Les arbres et les plantes sont en métamorphose. De drôles de gueules font leurs branches. Ce figuier est en bourgeon. Et cette plante qui a comme des griffes rouges d'extraterrestres au bout de ses branches attend de laisser ses feuilles éclorent; et je me demande en regardant mon viel ami le merle butineur de jarre, quel est donc cet arbre qui abrite sa femelle ? Car madame la merle construit son nid. Elle niche et prépare son ouvrage dans un tronc d'arbre.

Sa parure marron et sa robe tachetée de noir lui donne une allure éblouissante sur sa branche. Je l'entends siffloter une note inattendue. Pendant que les cloches retentissent, j'enregistre. La voilà qui s'envole vers son nid. Elle passe avec agilité à travers un trou. C'est une bénédiction que d'assiter à cela!

Il y a un arbre solitaire qui attend son feuillage. Il est enraciné, ressemblant de loin au penseur de Rodin, dans un parterre de pensées. Ce qui lui fait un joli sentier coloré pour rester là à attendre son nouveau feuillage.

Aujourd'hui j'ai découvert le secret des mésanges charbonnières et autres oiseaux qui picorent avec gourmandises ces baies. Il s'agit d'un arbuste : le surreau. Je ne suis pas assez experte pour définir s'il s'agit du surreau noir ou de l'autre. Après son inflorescence, il se fructifie sous la forme de délicieuses petites graines. Les oiseaux du jardin raffolent de ces baies. Elles ont une couleur noire. Et la fleur de cet arbuste se présente comme des petites dentelles de fleurs blanches au parfum sucré.

Des fleurs de sakura et un tronc d'arbre. J'esquisse avec mon portable l'idée d'une nouvelle estampe.

Et ces hautes tiges fines et rouges naissantes rencontrées au détour d'une allée me donnent une envie folle de les croquer sur mon carnet.

Je repense à cette arbre recouvert de mousse et aux branches enneigées de fleurs blanches tombant sur le sol immaculé.

Après cette matinée je réalise combien nos arbres sont essentiel à l'existence de nos oiseaux. Combien les artisans jardiniers sont précieux dans nos villes. Sans la diversité de ces arbres nous ne pourrions connaître ni la bénédiction de leur chant symphonique ni la beauté de leur robe. Les oiseaux occupent aussi un rôle de régulateur au sein de leur écosystème.

Pendant toute cette étude j'ai fredonné dans ma tête le piano d'une chanson de Ferré. Elle est restée imprimée depuis hier soir dans mon cortex. Je crois que je ne voulais pas la laisser s'envoler.

L'autre jour je regardais vers le ciel et j'ai ecrit ce qui suit :

" A la cime des arbres dénudés par l'hiver, je regarde la veine qui irrigue l'azur; dans le ciel froid et matinal; comme des veines; les branches irriguent le ciel.

A la cime des arbres des gorges pépillent, des refrains mélodiques peuplent les cimes. Et dans l'ultime gelée de l'hiver, le froid mélange son amertume à la douceur succulente du soleil. Il fond à l'appel du printemps.

Plus les heures passent, plus le soleil monte à son firmament, plus l'éclat des pensées brillent. Le soleil pose son regard sur les pétales de velours mauves foncées d'une pensée; et dans la chaleur montante, à son rayonnement, le bleu mauve des jacynthes se révèle et s'intensifie. Le soleil innondant d'une délicieuse attention de bien-être ma chevelure tombant sur mes épaules; les pavés couvrant l'allée s'illuminent; et le pigment ensoleillé des jonquilles peuple la stèle des enfants disparus. Et toute cette musique, de battements d'ailes aériens et de couleurs intenses peuplent aussi mon corps comme les veines des arbres, irriguent le ciel. A cette heure, le chant symphonique des oiseaux s'éfface."

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