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Billet de blog 2 juillet 2025

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Attentat à Olenivka : un crime qu'on ne peut plus dissimuler

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le 29 juillet 2022 est devenu l'une des pages les plus sombres de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine. Cette nuit-là, une puissante explosion a retenti dans la colonie pénitentiaire n°120 du village d’Olenivka, près de Volnovakha. Plus de 50 prisonniers de guerre ukrainiens ont été tués, et environ 130 ont été blessés. Presque immédiatement, la Russie a accusé l’armée ukrainienne, affirmant que l’explosion avait été causée par une frappe de missile HIMARS fourni par les États-Unis. Mais cette version s’est vite révélée être une manipulation médiatique destinée à masquer un crime de guerre commis par la Russie elle-même.

Le rapport de l’ONU : une vérité qu’on ne peut plus taire

Le 26 juin 2025, un groupe d’experts indépendants des Nations Unies a publié un rapport marquant un tournant dans l’affaire d’Olenivka. Selon ce rapport, la tragédie n’était ni un accident, ni une attaque extérieure, et encore moins une action des forces armées ukrainiennes. L’explosion dans la prison a été un crime planifié et exécuté par la Fédération de Russie.

Les experts de l’ONU ont confirmé que le bâtiment n’avait subi aucun tir de l’extérieur — au contraire, les explosifs ont été placés à l’intérieur, à proximité du local où étaient détenus les prisonniers de guerre ukrainiens. Le rapport identifie également les types d’armes et de munitions utilisés dans cette attaque. En réalité, il s’agit d’un acte d’exécution de masse déguisé en opération militaire.

Une tentative de brouiller les pistes et de saboter l’enquête

Dès le début, la Russie a fait obstacle à toute enquête indépendante. Bien que le CICR et l’ONU aient exprimé leur volonté d’envoyer une mission à Olenivka, Moscou a refusé de fournir les garanties de sécurité nécessaires. Quelques mois plus tard, la mission de l’ONU a été dissoute. L’Ukraine, de son côté, n’a pas pu remettre ses preuves aux représentants des Nations Unies, et sa proposition de visite conjointe avec le médiateur russe a été rejetée.

Le médiateur ukrainien, Dmytro Loubynets, a rappelé que ce n’est qu’un an après les faits que l’ONU a timidement déclaré que l’explosion n’avait pas été causée par un missile HIMARS, mais sans jamais oser accuser publiquement la Russie d’avoir commis cet attentat.

Un tournant décisif : l’accusation est enfin formulée

Près de trois ans après les faits, la communauté internationale reconnaît enfin l’évidence : la Russie est responsable du massacre des prisonniers ukrainiens à Olenivka. L’analyse interne menée par les experts de l’ONU fournit non seulement des détails techniques sur l’attaque, mais aussi une chronologie précise de sa planification et de son exécution, prouvant qu’il s’agissait d’un acte délibéré. Le rapport passe également en revue les enquêtes menées par les différentes parties et offre des recommandations pour les prochaines étapes.

La reconnaissance de l’ONU n’a pas seulement une portée symbolique, elle est aussi juridiquement significative. Elle ouvre la voie à des poursuites internationales contre les responsables et accroît la pression sur la Russie, qui viole systématiquement le droit humanitaire international. Ce n’est pas un simple incident : c’est un crime de guerre commis au cœur d’un territoire temporairement occupé.

L’Ukraine continue de réclamer une enquête internationale et une juste punition pour tous ceux qui ont donné l’ordre, mis en œuvre l’attaque et tenté d’en dissimuler les preuves. L’affaire d’Olenivka n’appartient pas au passé. C’est un test pour le système judiciaire international, une épreuve de sa capacité à affronter l’impunité des États puissants.

La mémoire des victimes d’Olenivka demeure vivante. Et chaque nouveau pas vers la vérité rapproche le moment où les criminels seront enfin tenus responsables.

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