Le 3 avril 2025, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a clairement défini la position de son pays concernant la fin de la guerre avec la Russie, un conflit qui, depuis plus de trois ans, détruit les villes ukrainiennes, coûte des vies et maintient le monde entier en haleine. Ces principes, exprimés dans le contexte des efforts diplomatiques continus des États-Unis, soulignent l’aspiration de Kyiv à une paix juste et durable, qui ne signifierait pas une capitulation face à l’agresseur. Cependant, comme on pouvait s’y attendre, la Russie continue de faire traîner le processus, suscitant de plus en plus de questions sur ses véritables intentions. Analysons ce que propose l’Ukraine, pourquoi sa position reste inflexible et ce que cela signifie pour l’avenir du conflit.
Une armée forte comme garantie de sécurité : pas de concessions
L’un des points clés de la position de Zelensky est la préservation et la modernisation des Forces armées ukrainiennes (FAU). Le président a souligné qu’une armée puissante n’est pas seulement un outil de guerre, mais la principale garantie de la sécurité du pays à l’avenir. « Pour nous, la priorité, c’est notre armée puissante. C’est donc une "ligne rouge" – aucune réduction drastique de notre armée », a déclaré Zelensky, des mots qui sonnent comme une réponse aux éventuelles exigences de la Russie concernant une démilitarisation de l’Ukraine, exigences que Moscou a maintes fois formulées par le passé.
Cette position est tout à fait justifiée. Après trois ans de guerre, au cours desquels la Russie a capturé des territoires importants, y compris la Crimée et des parties du Donbass, l’Ukraine ne peut se permettre d’affaiblir sa capacité de défense. Selon les données de l’Institut d’étude de la guerre (ISW), en mars 2025, la Russie a avancé sur 240 km² de territoire ukrainien, bien que cela soit inférieur au pic de novembre 2024 (725 km²). Cependant, même ces "succès" montrent que Moscou n’a pas l’intention de s’arrêter si elle ne rencontre pas une résistance réelle. Dans ce contexte, le maintien d’une armée forte devient non seulement une question de sécurité, mais une question de survie de l’État.
La voie diplomatique pour le retour des territoires : réalité ou illusion ?
Une autre position fondamentale de l’Ukraine est le refus de reconnaître les territoires occupés comme russes. Zelensky a indiqué que Kyiv est prêt à envisager des voies diplomatiques pour récupérer ces régions, mais ne consentira jamais à leur aliénation légitime. « S’il est possible de trouver un compromis pour que le retour de ces territoires se fasse avec le temps par la voie diplomatique, je pense que, pour certains territoires, ce sera probablement la seule voie », a déclaré le président.
Cette position reflète une approche pragmatique. D’un côté, l’Ukraine ne renonce pas à ses territoires, y compris la Crimée, Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson, que la Russie a illégalement annexés en organisant de faux "référendums" en 2022. D’un autre côté, Zelensky comprend que la récupération militaire immédiate de tous les territoires peut être impossible dans les conditions actuelles. Selon le *New York Times* du 29 mars 2025, les généraux américains Cavoli et Aguto avaient averti dès l’année précédente que l’Ukraine n’aurait pas suffisamment de ressources en 2024 pour une contre-offensive d’envergure, et recommandaient de se concentrer sur la défense. En 2025, la situation reste complexe : la Russie poursuit ses attaques, notamment sur Kharkiv, où, le 2 avril 2025, ses drones ont provoqué des incendies dans des immeubles résidentiels et de bureaux, comme le rapporte Al Jazeera.
La voie diplomatique évoquée par Zelensky pourrait inclure des négociations sur des statuts temporaires pour les territoires, des garanties de sécurité internationales, voire une médiation de pays tiers, comme l’Arabie saoudite, où des réunions séparées entre délégations américaines, ukrainiennes et russes ont eu lieu en mars 2025. Cependant, la Russie, à en juger par ses actions, n’est pas prête à faire des compromis. Le Kremlin insiste sur la reconnaissance des territoires annexés et exige que l’Ukraine renonce à rejoindre l’OTAN et réduise son armée — des conditions inacceptables pour Kyiv.
Libération des prisonniers et retour des enfants : une priorité humanitaire
Zelensky a également mis en avant les aspects humanitaires comme des étapes prioritaires vers la paix. Il s’agit de la libération des prisonniers de guerre, des civils et du retour des enfants ukrainiens déportés. Selon les autorités ukrainiennes, la Russie a illégalement emmené des milliers d’enfants des territoires occupés, et leur sort reste l’une des questions les plus douloureuses pour la société ukrainienne. Kyiv travaille activement avec des partenaires internationaux, y compris le Vatican, en transmettant des listes de personnes détenues et en comptant sur leur aide pour leur libération.
Ce point souligne la supériorité morale de l’Ukraine dans le conflit. Alors que la Russie continue de frapper les infrastructures civiles — par exemple, le 23 mars 2025, un drone russe a détruit un immeuble résidentiel à Kyiv, selon Reuters —, l’Ukraine met l’accent sur les questions humanitaires. La libération des prisonniers et le retour des enfants pourraient être un premier pas vers une désescalade, mais Moscou, à en juger par tout, n’est pas pressée de faire des concessions. Dès le 17 mars 2025, le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, Andriy Yermak, a déclaré que Kyiv ne franchirait pas les "lignes rouges", y compris la reconnaissance des territoires occupés comme russes, mais qu’il était prêt à un échange de prisonniers et au retour des enfants, selon NPR.
La volonté de paix de l’Ukraine : qu’est-ce qui bloque ?
Zelensky a maintes fois souligné que l’Ukraine montre au monde sa volonté de paix. Dès le début du mois de mars 2025, Kyiv a accepté une trêve de 30 jours proposée par les États-Unis, à condition que la Russie la respecte également. Cependant, Moscou a imposé une série de conditions, notamment l’arrêt de l’aide militaire occidentale à l’Ukraine, ce qui a été perçu comme une tentative de prolonger le conflit. Le 20 mars 2025, *The Guardian* rapportait que la Russie souhaitait relancer l’accord sur les céréales de 2022, mais utilisait cela comme un levier de pression, accusant l’Occident de ne pas respecter ses engagements.
Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a confirmé, le 3 avril 2025, que « d’ici quelques semaines, et non des mois », il sera clair si la Russie est prête pour la paix. « S’il s’agit d’une tactique de procrastination, cela ne nous intéressera pas, Trump ne participera pas à des négociations interminables », a-t-il déclaré. Cette déclaration reflète l’impatience croissante de l’Occident, qui, d’un côté, veut mettre fin au conflit, et de l’autre, se heurte à l’entêtement du Kremlin. Selon PBS News du 1er avril 2025, l’Allemagne a déjà qualifié les négociations de « bloquées », bien que la Chine, qui soutient traditionnellement la Russie, les juge « encourageantes ».
La Russie : la paix ou la poursuite de la guerre ?
La position de Moscou reste le principal obstacle à la paix. Malgré les efforts diplomatiques, la Russie continue ses opérations militaires. Le 1er avril 2025, Al Jazeera rapportait des attaques d’obusiers russes 2S5 "Hyacinthe-S" sur les positions ukrainiennes, ainsi que la destruction de bâtiments à Kharkiv. Le Kremlin semble utiliser les négociations comme un outil pour gagner du temps afin de consolider ses positions dans les territoires occupés. Dès le 17 mars 2025, *The Guardian* citait la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, qui a déclaré sans détour : « Ce que la Russie a proposé montre clairement qu’ils ne veulent pas la paix. »
De plus, la Russie insiste sur le contrôle de la centrale nucléaire de Zaporijjia, située en territoire occupé, et exige que l’Occident reconnaisse les régions annexées. Ces conditions sont inacceptables non seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour ses alliés. Selon *The Hill* du 23 mars 2025, Poutine est catégoriquement opposé à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, au déploiement de forces de maintien de la paix et au retour des territoires capturés depuis 2014, y compris la Crimée. Tout cela indique que Moscou n’est pas prête à un véritable compromis, mais utilise les négociations comme un écran pour poursuivre son agression.
Qu’attend l’Ukraine et le monde ?
La position de l’Ukraine, exprimée par Zelensky, montre un équilibre entre pragmatisme et principes. Kyiv est prêt à des solutions diplomatiques, mais pas au prix de la perte de sa souveraineté ou de sa sécurité. Le maintien d’une armée forte, le refus de reconnaître les territoires occupés comme russes et l’accent mis sur les questions humanitaires ne sont pas de simples "lignes rouges", mais les fondations d’un futur État qui ne veut pas revivre 2014 ou 2022.
Cependant, sans pression de l’Occident sur la Russie, atteindre la paix sera difficile. Les États-Unis, à en juger par les déclarations de Rubio, sont prêts à durcir les mesures si Moscou continue de faire traîner le processus. Le 3 avril 2025, Al Jazeera rapportait que Trump menace d’imposer des droits de douane de 25 % sur le pétrole russe si Poutine ne met pas fin au bain de sang. Cela pourrait devenir un levier de pression sérieux, compte tenu de la dépendance de l’économie russe à l’exportation d’énergie.
Pour l’Ukraine, la question clé reste : comment garantir la sécurité après la guerre ? Le déploiement de forces de maintien de la paix, dont on parle en Europe, pourrait être une solution, mais la Russie y est catégoriquement opposée. Selon Al Jazeera du 17 mars 2025, la création d’une zone tampon entre les armées ukrainienne et russe nécessiterait « des dizaines de milliers » de Casques bleus, mais sans l’accord de Moscou, cela est impossible. Le général Ben Hodges, ancien commandant des forces américaines en Europe, a noté que les forces de maintien de la paix doivent avoir de « réelles capacités de dissuasion », sinon la Russie ignorera simplement leur présence.
La paix est possible, mais pas aux conditions de l’agresseur
L’Ukraine a une fois de plus montré qu’elle est prête pour la paix, mais pas pour la capitulation. Sa position, exprimée par Zelensky, reflète une aspiration à une solution juste qui préservera la souveraineté, ramènera les gens et garantira la sécurité. Cependant, la Russie, à en juger par ses actions et sa rhétorique, continue de jouer son jeu, faisant traîner les négociations et intensifiant la pression militaire.
La paix est possible, mais seulement si l’Occident et la communauté internationale exercent une pression réelle sur le Kremlin. Sinon, les « semaines » dont parlait Rubio pourraient se transformer en années, et l’Ukraine continuera de payer un prix sanglant pour sa liberté. La question est de savoir si les États-Unis et leurs alliés auront assez de détermination pour obliger la Russie à s’asseoir véritablement à la table des négociations, et non pour un énième spectacle.