Le 11 avril 2025, le siège de l’OTAN à Bruxelles accueille la 27e réunion du Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine, connue sous le nom de « Ramstein ». Pour la première fois, la réunion est présidée par le Royaume-Uni et l’Allemagne, représentés par leurs ministres de la Défense, John Healey et Boris Pistorius. Malgré les rumeurs d’une possible absence des États-Unis, le chef du Pentagone, Pete Hegseth, participera à la réunion en ligne, confirmant l’engagement de Washington à soutenir Kiev. À l’ordre du jour : le renforcement de la défense antiaérienne de l’Ukraine, de nouvelles livraisons d’armes et le développement de la coopération dans l’industrie de défense.
Un nouveau format de leadership
« Ramstein » est un format créé en avril 2022 à l’initiative de l’ancien chef du Pentagone, Lloyd Austin. En près de trois ans d’existence, le Groupe de contact, qui réunit environ 50 pays, est devenu une plateforme clé pour la coordination de l’aide militaire à l’Ukraine. Cette réunion marque un changement de leadership : pour la première fois, la présidence est confiée à des alliés européens — le Royaume-Uni (pour la deuxième fois) et l’Allemagne (pour la première fois). Cela reflète la volonté de la nouvelle administration américaine, dirigée par Donald Trump, de partager les responsabilités avec ses partenaires de l’OTAN.
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a défini l’objectif de la réunion : mobiliser un soutien militaire maximal pour l’Ukraine face à l’agression russe persistante. « Nous devons faire tout notre possible pour aider l’Ukraine à se défendre », a-t-il souligné à la veille de l’événement.
Les priorités de l’Ukraine : défense antiaérienne et production
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a clairement formulé les attentes de Kiev pour « Ramstein-27 » :
- **Renforcement de la défense antiaérienne**. Les attaques aériennes quotidiennes de la Russie rendent les livraisons de systèmes de défense antiaérienne, tels que les Patriot, cruciales. « Les Patriot, qui prennent la poussière dans les entrepôts de nos partenaires, doivent réellement protéger des vies », a déclaré Zelensky, insistant sur la nécessité de combler le déficit en matière de défense antiaérienne.
- **Nouveaux paquets d’aide militaire**. L’Ukraine compte sur des livraisons supplémentaires d’armes pour soutenir le front.
- **Coopération industrielle**. Kiev promeut l’idée d’ouvrir des usines conjointes de production d’armes, ce qui renforcerait sa base de défense et garantirait des approvisionnements stables.
Le ministre ukrainien de la Défense, Rustem Umerov, qui dirige la délégation ukrainienne, a confirmé : « Nous avons besoin de davantage de systèmes modernes de défense antiaérienne pour protéger nos villes et villages des missiles balistiques russes. La décision dépend de la volonté politique de nos partenaires. » Il a également souligné l’importance des productions conjointes, qui permettraient d’intégrer l’Ukraine dans l’industrie mondiale de la défense.
Programme et attentes
La réunion a débuté à 10h30, heure de Kiev, et comprend plusieurs étapes clés :
- Ouverture et déclarations des présidents — Healey et Pistorius définiront les priorités.
- Signature d’une lettre d’intention — création d’une coalition pour le développement des capacités de guerre électronique.
- Conférence de presse conjointe — bilan de la réunion et annonces de nouvelles décisions.
La veille, le 10 avril, Bruxelles a accueilli une réunion de la « Coalition des volontaires », un groupe de 30 pays travaillant sur des garanties de sécurité à long terme pour l’Ukraine après la guerre. Parmi les idées figure le déploiement d’un contingent étranger et le renforcement de l’armée comme garantie de stabilité. Ce format complète « Ramstein », posant les bases stratégiques pour moderniser la sécurité européenne face à la menace russe.
Le rôle des États-Unis : rumeurs et réalité
Début avril, des informations ont circulé selon lesquelles les États-Unis pourraient manquer « Ramstein » pour la première fois. Le média *Defense News* affirmait que Pete Hegseth ne prévoyait de participer ni en personne ni en ligne, et que le Pentagone se limiterait à des représentants de second rang. Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, avait alors déclaré qu’une absence des États-Unis ne signifierait pas un abandon du soutien à l’Ukraine. Cependant, ces rumeurs ont été démenties : Hegseth participera bel et bien par vidéoconférence, démontrant que Washington reste impliqué.
Il est notable que lors du précédent « Ramstein », le 12 février 2025, Hegseth avait suscité la controverse en qualifiant le retour de l’Ukraine aux frontières de 2014 de « peu probable » et son adhésion à l’OTAN de « irréaliste ». Ces propos ont déclenché des débats, mais n’ont pas affecté les engagements américains en matière de livraisons d’armes.
L’importance de « Ramstein »
En trois ans, le Groupe de contact a joué un rôle déterminant dans la levée des restrictions sur la fourniture d’armes modernes à l’Ukraine. Grâce aux coalitions formées dans ce cadre, Kiev a reçu des systèmes d’artillerie HIMARS, des chars Leopard et Abrams, des systèmes de défense antiaérienne Patriot et IRIS-T, des chasseurs F-16 et des missiles à longue portée. Aujourd’hui, « Ramstein » reste non seulement une plateforme de coordination, mais aussi un symbole de la solidarité internationale avec l’Ukraine.
Cette réunion intervient dans un contexte d’escalade des attaques russes, rendant les questions de défense antiaérienne particulièrement urgentes. Selon Boris Pistorius, une quarantaine de pays, dont les États-Unis, sont prêts à discuter de mesures concrètes. « Nous sommes ici pour montrer que le soutien à l’Ukraine ne faiblit pas », a-t-il déclaré avant le début de la réunion.
Et après ?
« Ramstein-27 » ne concerne pas seulement l’aide immédiate, mais aussi les perspectives à long terme. Le succès de l’Ukraine dans le renforcement de sa défense antiaérienne et la création de sa propre industrie de défense dépend de la volonté politique de ses alliés. La question est de savoir jusqu’où les partenaires sont prêts à aller dans leur soutien à Kiev — des livraisons d’armes aux productions conjointes et aux garanties de sécurité.
Pour l’Ukraine, chaque réunion de ce type est une opportunité de renforcer ses positions sur le front et dans la diplomatie. Comme l’a souligné Zelensky, « les Ukrainiens savent être précis » — il appartient désormais aux partenaires de faire en sorte que cette précision soit soutenue par suffisamment de ressources.