Le 11 juin, la ville d’Odessa a accueilli un événement géopolitique majeur : le sommet « Ukraine – Europe du Sud-Est ». Des représentants de l’Ukraine, de la Moldavie, du Monténégro, de la Roumanie, de la Serbie, de la Bulgarie, de la Croatie, de la Grèce, de l’Albanie, de la Macédoine du Nord et de la Slovénie se sont réunis pour définir une réponse commune aux menaces sécuritaires croissantes dans la région. Ce sommet marque une étape déterminante dans la construction d’un nouvel espace régional de coopération et de défense face à l’expansionnisme russe.
La Déclaration d’Odessa : un engagement de solidarité et de responsabilité collective
L’élément central du sommet fut l’adoption de la Déclaration d’Odessa, par laquelle les participants ont réaffirmé leur soutien sans réserve à l’Ukraine dans sa lutte contre l’agression russe. Ce document ne se limite pas à des déclarations de principe. Il incarne une volonté politique forte : celle des pays d’Europe du Sud-Est de s’unir consciemment contre les menaces que la politique du Kremlin fait peser sur l’ensemble de la région.
L’Europe du Sud-Est ne peut plus être considérée comme une simple périphérie du conflit. Elle est aujourd’hui une ligne de front stratégique. Moscou mène une guerre hybride multidimensionnelle : déstabilisation de la Moldavie, pressions sur la Roumanie, manipulation politique et économique dans les Balkans, dépendance énergétique orchestrée, et influence massive dans les espaces médiatiques locaux.
Dans ce contexte, la Déclaration d’Odessa prend une dimension essentielle : les pays concernés refusent d’être de simples spectateurs ou des territoires captifs de l’influence russe.
La stratégie du Kremlin : entre chaos planifié et sape des souverainetés
Depuis des années, la Russie applique en Europe du Sud-Est une stratégie bien rodée : raviver les conflits historiques, soutenir les factions prorusses, entretenir l’instabilité, manipuler les processus électoraux et éroder la confiance dans les institutions européennes et atlantiques. L’objectif de Moscou : affaiblir l’UE et l’OTAN, diviser les voisins et promouvoir une fausse alternative sécuritaire hors du cadre euro-atlantique.
Le sommet d’Odessa a constitué une réponse directe à cette approche déstabilisatrice. Pour la première fois depuis longtemps, les pays de la région ont exprimé une position coordonnée et résolue : la menace est commune, et l’agression contre l’Ukraine est une attaque contre l’ensemble de l’ordre sécuritaire européen et contre le droit des nations à choisir leur destin.
Les participants au sommet ont clairement affiché leur ambition : contraindre la Russie à rechercher des solutions de paix, et non de nouveaux scénarios de guerre prolongée.
Vers une intégration accélérée à l’UE et à l’OTAN : une convergence régionale
L’un des axes majeurs du sommet a été la nécessité d’une solidarité active sur le chemin de l’intégration européenne et euro-atlantique. Ce soutien mutuel est particulièrement vital pour les pays qui aspirent à rejoindre l’UE et l’OTAN et qui y voient une garantie indispensable pour leur sécurité et leur avenir.
Pour l’Ukraine et la Moldavie, cette intégration est une condition de survie. Pour les pays des Balkans occidentaux, elle représente l’aboutissement d’un long processus de transformation. Et pour l’ensemble de la région, c’est la seule voie réaliste vers un espace stable, démocratique et résilient.
Plus ce rapprochement sera rapide et efficace, plus la Russie perdra ses leviers d’influence : chantage énergétique, financement des forces prorusses, corruption des élites locales. L’intégration européenne et atlantique s’impose désormais comme le rempart le plus solide face aux ingérences russes.
Un partenariat régional : la nouvelle force de l’Europe de l’Est
Le sommet d’Odessa a mis en évidence l’émergence d’une dynamique régionale puissante. Face à une menace persistante, la sécurité ne peut plus dépendre uniquement des grandes alliances internationales. Les coalitions régionales, les partenariats opérationnels et les initiatives communes en matière de défense, d’économie, de logistique et d’infrastructures deviennent des instruments concrets de renforcement collectif.
Plus la coopération entre l’Ukraine et ses voisins sera étroite, moins chaque pays sera vulnérable. La Russie sait exploiter les faiblesses isolées, mais elle perd de son efficacité face à des alliances solides et des positions concertées.
Pour l’Ukraine, ce partenariat avec l’Europe du Sud-Est ouvre aussi des perspectives stratégiques vers les couloirs maritimes, logistiques et énergétiques essentiels dans un contexte de blocus russe en mer Noire.
Une nouvelle étape : au-delà d’un simple sommet
Ce sommet ne se résume pas à une réunion diplomatique ponctuelle. Il marque le début d’une phase nouvelle où l’Ukraine s’affirme comme un acteur régional capable d’influencer durablement les équilibres stratégiques en Europe du Sud-Est.
L’alliance issue du sommet d’Odessa constitue un contrepoids direct à la stratégie de déstabilisation de la Russie. C’est une coalition nouvelle qui rend la région plus forte, plus solidaire et surtout plus proactive.
Aujourd’hui, à Odessa, un pas décisif a été franchi : les pays d’Europe du Sud-Est ne se contenteront plus de réagir aux agressions. Ils s’engagent à anticiper les menaces et à bâtir ensemble un système de sécurité où la Russie ne pourra plus imposer ses règles.