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Billet de blog 15 avril 2025

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Le droit international et la voie vers la paix

La guerre en Ukraine est un test pour la communauté internationale. Uune paix aux conditions de Poutine n’est pas une paix, mais une capitulation face à la tyrannie. Une paix juste n’est possible que si trois conditions sont réunies : réforme du droit international, intensification de la pression sur l’agresseur et renforcement de l’Ukraine.

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Le 12 avril 2025, le ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine, Andriy Sybiha, a pris la parole au Forum diplomatique d’Antalya, appelant à une réforme radicale du droit international humanitaire. Son discours a été une réponse à l’incapacité des institutions mondiales à arrêter l’agression russe contre l’Ukraine. Deux jours plus tard, le 14 avril, Sybiha a complété cette position en exposant la stratégie de Kyiv pour parvenir à une paix juste.

Ensemble, ces interventions forment une vision cohérente de l’Ukraine : la réforme des normes internationales et le renforcement de la pression sur l’agresseur sont des étapes indissociables vers la stabilité et la sécurité mondiales.

Crise du droit international

L’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a mis en lumière de profondes fissures dans le système du droit international. Les bombardements indiscriminés de villes, les crimes de guerre et la destruction systématique des infrastructures ont démontré que les Conventions de Genève et les mécanismes de l’ONU ne sont pas capables de protéger les droits humains ni de dissuader les agresseurs. Sybiha a souligné : « Le système actuel du droit international est inefficace, et ses mécanismes sont inaptes. »

Le Conseil de sécurité de l’ONU, paralysé par le droit de veto de la Russie, s’est montré impuissant. Les Conventions de Genève, bien qu’elles restent un repère moral, manquent d’outils contraignants. Cette faiblesse, selon le ministre, permet à Moscou de démontrer au monde que « le droit du plus fort » prime sur la force du droit. L’impunité du Kremlin sape la confiance envers les institutions internationales et inspire d’autres régimes autoritaires à recourir à l’agression.

Réforme : passer des mots aux actes

L’Ukraine ne se limite pas à critiquer, elle propose d’agir. Sybiha a appelé à une modernisation du système onusien et des Conventions de Genève afin de les adapter aux réalités des conflits contemporains. Parmi les propositions clés : la création de nouveaux instruments contraignants, comme des tribunaux spécialisés pour juger les crimes de guerre, des mécanismes de sanctions renforcés et des procédures de réponse rapide face aux violations.

« Si l’agresseur n’est pas réellement tenu responsable, la justice devient un mot vide », a déclaré Sybiha. Il a souligné que l’Ukraine, confrontée aux conséquences de la faiblesse des normes internationales, est prête à proposer ses idées de réforme. Kyiv se voit non seulement comme une victime, mais aussi comme un leader dans la construction d’un ordre juridique plus solide. Le ministre a précisé que le succès de ces réformes dépend du soutien de la communauté internationale, notamment des États-Unis, et de l’implication active des démocraties.

Le prix de l’inaction

L’incapacité à tenir la Russie pour responsable a des conséquences mondiales. Sybiha a indiqué que Moscou cherche délibérément à prouver que les normes internationales sont une fiction que l’on peut ignorer. Les exemples de la Syrie, de la Géorgie et de l’Ukraine confirment que l’impunité engendre de nouveaux conflits. Si l’agresseur ne fait pas face aux conséquences, cela envoie un signal à d’autres dictateurs — de Pékin à Pyongyang — que les guerres d’agression et les génocides peuvent se dérouler sans risque.

Le ministre a souligné que l’issue de la guerre en Ukraine déterminera non seulement l’avenir de la région, mais aussi l’architecture de la sécurité mondiale. La faiblesse du droit international menace non seulement Kyiv, mais chaque citoyen européen dont la sécurité repose sur la stabilité de l’ordre démocratique. « Nous ne pouvons pas permettre que le droit du plus fort devienne la norme », a-t-il affirmé, appelant à des actions immédiates.

Stratégie pour la paix : la force, pas les compromis

Le 14 avril, Sybiha a présenté la stratégie ukrainienne pour mettre fin à la guerre, insistant sur la fermeté. « Faire des concessions à l’agresseur n’est pas une voie vers la paix, mais un chemin vers de nouvelles tragédies », a-t-il déclaré. Le seul moyen d’arrêter Vladimir Poutine est d’intensifier la pression sur la Russie et de renforcer l’Ukraine, en premier lieu sur le plan militaire.

Kyiv défend une approche globale :

- Un embargo total sur les ressources énergétiques russes. Les revenus du pétrole et du gaz alimentent la machine de guerre du Kremlin, leur interruption est cruciale.
- La confiscation des avoirs russes gelés. Ces fonds doivent servir à la reconstruction de l’Ukraine et au renforcement de sa défense.
- Des sanctions supplémentaires pour limiter les capacités financières et technologiques de Moscou.

Sybiha a souligné que ces mesures ne sont pas une punition, mais un moyen de priver la Russie des ressources nécessaires à la poursuite de la guerre. Il a également appelé à renforcer la coalition internationale, pour former un front uni contre l’agression.

L’intégration européenne : clé de la stabilité

L’un des piliers de la stratégie ukrainienne, selon Sybiha, est l’accélération de l’intégration dans l’Union européenne. L’ouverture des groupes de négociation d’adhésion est non seulement une étape vers l’adhésion, mais aussi un signal stratégique au monde : l’Ukraine progresse irréversiblement vers l’Europe. « L’intégration européenne est le fondement de la stabilité et de la paix sur le continent », a-t-il déclaré.

L’Ukraine dans l’UE signifie non seulement un renforcement de Kyiv, mais aussi un renforcement du projet européen lui-même. Le retard dans ce processus, selon Sybiha, profite au Kremlin, qui cherche à déstabiliser l’Europe. Il a exhorté Bruxelles à prendre des mesures décisives, soulignant que l’intégration de l’Ukraine est un investissement dans la sécurité commune.

Soutien militaire : le bouclier de l’Europe

L’Ukraine exprime sa profonde gratitude aux pays de l’UE pour leur aide militaire, mais insiste sur sa continuité. Sybiha a souligné que le soutien à Kyiv n’est pas un acte de charité, mais une nécessité pour défendre les valeurs européennes. « Chaque missile, chaque char livré à l’Ukraine protège non seulement nos villes, mais aussi Paris, Berlin et Varsovie », a-t-il déclaré.

Le ministre a exhorté les partenaires à accélérer les livraisons d’armes modernes, notamment les systèmes de défense aérienne, l’artillerie et les blindés. Il a noté que l’aide apportée en temps utile sauve non seulement des vies, mais empêche aussi une escalade du conflit qui pourrait englober tout le continent.

Le combat diplomatique de l’Ukraine

L’Ukraine mène une campagne active sur la scène internationale pour obtenir un soutien à sa position. À l’ONU, Kyiv promeut des résolutions condamnant l’agression russe. En février 2025, l’une de ces résolutions a recueilli 56 co-auteurs, montrant une solidarité croissante avec l’Ukraine. Sybiha a également confirmé l’aspiration de Kyiv à rejoindre l’OTAN, y voyant un moyen de renforcer la sécurité transatlantique.

Ces efforts ne relèvent pas simplement de la diplomatie, mais d’un combat pour un avenir où la souveraineté et les droits humains sont inviolables. L’Ukraine ne demande pas la pitié, mais propose un partenariat fondé sur des valeurs et des objectifs communs.

Une paix fondée sur la justice

La guerre en Ukraine est un test pour la communauté internationale. Sybiha a été clair : une paix aux conditions de Poutine n’est pas une paix, mais une capitulation face à la tyrannie. Une paix juste n’est possible que si trois conditions sont réunies : réforme du droit international, intensification de la pression sur l’agresseur et renforcement de l’Ukraine.

« Le mal commis par la Russie ne doit pas rester impuni », a déclaré le ministre. Ses mots sont non seulement un appel à l’action, mais aussi un rappel : l’Ukraine se bat non seulement pour elle-même, mais pour un monde où la force du droit l’emporte sur le droit du plus fort. La réforme des normes mondiales et le soutien ferme à Kyiv sont la voie vers un avenir où l’agression rencontre une résistance, et où la justice n’est plus un rêve, mais une réalité.

Les interventions d’Andriy Sybiha en avril 2025 sont un manifeste de détermination et d’espoir. L’Ukraine ne se contente pas de dénoncer les problèmes, elle propose des solutions : réformer le droit international, renforcer l’Europe, isoler l’agresseur et se consolider. C’est un appel lancé à la communauté mondiale : choisir entre la faiblesse, qui engendre le chaos, et la force, qui construit l’ordre.

Kyiv prouve que même dans les heures les plus sombres, on peut être un leader du changement. La question est maintenant de savoir si le monde entendra cet appel. Pour l’Ukraine, la réponse est claire : elle continuera à combattre, à proposer et à inspirer — jusqu’à ce que la paix soit juste.

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