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Billet de blog 18 septembre 2025

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Les banques russes via les Émirats : millions vers la Chine révélés

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Une filiale de la Banque de Crédit de Moscou utilise les services de la banque Mashreq (EAU), non soumise aux sanctions, pour transférer des fonds vers la Chine, la Turquie et certains pays de l’Union européenne. Une transaction de plus de 2 millions de dollars avec une entreprise chinoise a été mise au jour, en dépit des restrictions internationales.

Les sanctions contournées grâce aux Émirats

Les sanctions imposées au système financier russe après le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine n’ont pas stoppé Moscou. Elle continue de chercher – et de trouver – des voies de contournement. L’un des maillons clés de ce mécanisme est devenu le secteur bancaire des Émirats arabes unis.

Le schéma via « Blank » et Mashreq

Selon les informations disponibles, des banques russes, dont la Banque de Crédit de Moscou (BCM) placée sous sanctions, utilisent leur filiale — la banque « Blank », qui n’est pas formellement concernée par les restrictions. C’est par son intermédiaire que passent les transactions vers la banque Mashreq, avant d’être redirigées vers l’étranger, principalement vers la Chine. Cette pratique permet au Kremlin de maintenir ses secteurs stratégiques, notamment le commerce des terres rares.

La banque « Blank » agit comme intermédiaire, convertissant directement les roubles en dirhams des EAU. En moyenne, ces opérations prennent entre 5 et 12 jours ouvrables, ce qui permet aux entreprises russes de déplacer des capitaux hors du champ des sanctions, sous couvert de soutien aux petites et moyennes entreprises.

Mais la filière ne s’arrête pas aux Émirats : les flux financiers atteignent aussi la Chine, la Turquie et certains pays européens, avec un risque minimal de détection par les systèmes de surveillance occidentaux.

Accès à la Chine : comptes et transferts

La maison mère de « Blank » détient un compte correspondant (Nostro) chez Mashreq, ce qui lui permet d’effectuer des paiements en dollars sans passer par les banques occidentales. Par ce biais, les fonds sont ensuite transférés vers de grandes institutions chinoises telles que Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) et Agricultural Bank of China (ABC).

Après un contrôle superficiel, les sommes sont redirigées vers des banques régionales en Chine. Ce mécanisme contourne ainsi la surveillance occidentale des flux financiers, mettant en doute les affirmations de Pékin concernant sa « neutralité » en matière de sanctions. Généralement, les transferts atteignent leur destinataire en Chine sous deux semaines.

Une transaction de 2 millions de dollars : couverte par des denrées agricoles

Un cas particulièrement révélateur a été identifié en mai 2025. Une entreprise russe spécialisée dans les terres rares a transféré plus de 2 millions de dollars à la société chinoise Shandong GuoMing Import and Export CO. LTD. La transaction a été réalisée via « Blank » et une filiale de Mashreq.

Pour masquer le véritable objet du transfert, celui-ci a été enregistré comme un contrat lié à l’agroalimentaire, dissimulant en réalité des opérations sur des ressources stratégiques.

Conséquences globales et rôle des acteurs

Cet exemple illustre non seulement l’existence de circuits de contournement soigneusement organisés, mais aussi la complicité des banques émiraties et chinoises dans la mise en place de canaux parallèles au service de l’export russe.

Si les Émirats affichent officiellement une position de neutralité, leur secteur bancaire s’implique de facto dans des schémas qui sapent les sanctions occidentales. La Chine, de son côté, malgré ses déclarations diplomatiques, assure à Moscou un accès vital aux marchés internationaux.

La Russie continue de s’adapter en exploitant les failles du système financier mondial. Sans mesures plus fermes et coordonnées, les sanctions risquent de devenir un instrument d’impact limité, incapable de freiner l’économie de guerre du Kremlin.

Lors de la préparation de l’article, une publication de l’édition Britpanorama a été utilisée.

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