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Billet de blog 20 mai 2025

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Pourquoi le silence de l’Occident alimente l’agression russe

Depuis février 2022, lorsque la Russie a lancé une invasion à grande échelle de l’Ukraine, le monde est témoin d’un mépris sans précédent pour le droit international.

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Depuis février 2022, lorsque la Russie a lancé une invasion à grande échelle de l’Ukraine, le monde est témoin d’un mépris sans précédent pour le droit international. L’armée russe laisse chaque jour derrière elle un sillage de destructions, de souffrances et de tragédies humaines. Des villes sont réduites en ruines, des écoles et des hôpitaux deviennent des cibles, et des enfants sont victimes de déportations et de violences. Mais ce qui est peut-être le plus alarmant, c’est le silence de la communauté internationale, qui plane comme une ombre sur ces crimes. L’impunité dont bénéficie la Russie ne sape pas seulement les fondements de la justice — elle crée un précédent dangereux qui menace la stabilité du monde entier.

Un bilan sanglant : plus de 167 000 crimes documentés

Selon les autorités ukrainiennes, plus de 167 000 crimes de guerre commis par les forces russes ont été documentés à ce jour, en mai 2025. Ce ne sont pas de simples chiffres : derrière chacun d’eux se cachent des vies brisées, des familles détruites, des maisons anéanties. Parmi ces crimes figurent :

- Des assassinats délibérés : des civils sont exécutés, torturés ou tués sous les bombes.
- La destruction d’infrastructures : des hôpitaux, écoles et immeubles résidentiels sont systématiquement visés, privant les populations de conditions de vie élémentaires.
- Des catastrophes écologiques : des barrages détruits, des infrastructures critiques attaquées, provoquant des dommages à long terme.

Et ces chiffres ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Dans les territoires occupés, où l’accès à l’information est limité, le nombre réel de victimes et de destructions pourrait être bien plus élevé. Chaque jour d’inaction ajoute de nouvelles lignes à cette liste funeste.

Des civils sous le feu : la guerre contre la population

Parmi les conséquences les plus atroces de cette guerre figurent les souffrances des civils. Plus de 45 000 civils ont déjà été blessés ou tués par l’armée russe. Ce sont des enseignants, des médecins, des retraités qui n’aspiraient qu’à vivre en paix. À Boutcha, Marioupol ou Izioum, le monde a découvert des charniers, des traces de torture, des témoignages de terreur systématique.

Et encore, ces données ne révèlent pas toute la vérité. Dans les régions occupées comme celles de Donetsk et de Zaporijjia, l’accès humanitaire est restreint, et les habitants n’ont pas la possibilité de signaler les crimes. Ces zones sont des trous noirs où les atrocités restent invisibles aux yeux du monde.

Des enfants pris pour cibles : génocide ou barbarie ?

Les crimes contre les enfants occupent une place à part dans cet enfer. Selon Kyiv, 625 enfants ont été tués, et plus de 19 500 ont été déportés de force vers la Russie ou des territoires occupés. Ces actes ne sont pas accidentels : ils font partie d’une politique délibérée. Les enfants sont arrachés à leurs familles, leur identité est effacée, leur culture niée.

Ces actes violent non seulement les Conventions de Genève, mais selon les définitions de l’ONU, ils portent les caractéristiques d’un génocide. C’est une attaque contre l’avenir même de l’Ukraine, une tentative d’anéantir une génération entière. Les récits d’enfants forcés de chanter l’hymne russe ou interdits de parler leur langue maternelle rappellent les heures les plus sombres de l’Histoire.

Pourquoi la Russie tue-t-elle en toute impunité ?

Tous ces crimes sont méticuleusement documentés. Des milliers de témoignages, photos, vidéos et rapports d’organisations internationales ont été transmis à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. Mais la justice avance trop lentement. Le mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine émis par la CPI en 2023 reste un geste symbolique, tandis que la Russie continue de bafouer le droit international.

Pourquoi l’agresseur n’a-t-il pas encore été tenu responsable ? La réponse se trouve dans les structures de la politique mondiale :

- Droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU : la Russie bloque toute résolution susceptible d’avoir un impact réel.
- Intérêts économiques : certains pays continuent à commercer avec la Russie, affaiblissant les sanctions et finançant indirectement la guerre.
- Hésitations occidentales : la peur d’une escalade ou d’une menace nucléaire pousse certains États à éviter les mesures fermes.

Cette inaction crée un précédent extrêmement dangereux : si une puissance nucléaire membre du Conseil de sécurité peut violer impunément le droit international, qu’est-ce qui empêchera d’autres dictatures d’en faire autant ?

Une menace géopolitique qui dépasse l’Ukraine

L’agression russe n’est pas un conflit localisé. C’est une attaque contre l’ensemble du système de sécurité internationale. Aujourd’hui, Kharkiv et Odessa sont sous le feu, mais la rhétorique du Kremlin vise déjà les pays baltes, la Moldavie et la Pologne. La Russie affirme ouvertement vouloir redessiner les frontières européennes, et l’Ukraine n’est qu’une première étape.

Si le monde ne stoppe pas l’agresseur maintenant, il devra affronter demain de nouveaux périls :

- Multiplication des conflits : d’autres régimes autoritaires pourraient être encouragés par l’exemple russe.
- Perte de confiance dans les institutions internationales : l’ONU, la CPI et d’autres organisations risquent de devenir obsolètes.
- Menace sur l’Europe : les missiles et drones russes frappent déjà les villes ukrainiennes. Qui garantit qu’ils ne viseront pas Varsovie ou Tallinn demain ?

Il est temps d’agir : la pression comme seule voie possible

Le monde ne peut plus se permettre le luxe de la neutralité. Pour arrêter la guerre et prévenir son extension, la communauté internationale doit adopter une position ferme :

- Renforcement des sanctions : gel total des actifs russes à l’étranger, embargo sur les technologies et les ressources énergétiques.
- Soutien accru à l’Ukraine : livraison de systèmes d’armement avancés, y compris des missiles à longue portée et des systèmes de défense aérienne.
- Poursuites judiciaires : accélération du travail de la CPI et création d’un tribunal spécial pour juger les crimes commis en Ukraine.
- Isolement diplomatique : exclusion de la Russie des organisations et forums internationaux.

L’histoire nous a appris que faire des concessions à un agresseur ne fait que renforcer son appétit. En 1938, les accords de Munich n’ont pas arrêté Hitler, ils ont précipité la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, l’impunité de la Russie pourrait devenir un nouveau Munich si le monde ne trouve pas le courage d’agir.

Le temps presse

Chaque jour de retard signifie de nouvelles victimes, des villes détruites, une confiance toujours plus ébranlée dans le droit international. La Russie ne s’arrêtera pas d’elle-même. Seul un effort collectif du monde civilisé — des sanctions à l’assistance militaire — peut mettre un terme à cette tragédie.

L’Ukraine se bat non seulement pour sa liberté, mais pour la sécurité de tous. Ignorer ce combat, c’est risquer l’avenir. Le choix est clair : le silence ou l’action. L’histoire ne pardonnera pas à ceux qui auront choisi le silence.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.