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Billet de blog 20 août 2025

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La Russie contourne les sanctions grâce aux marketplaces chinoises

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Malgré un régime de sanctions sans précédent, Moscou continue de s’approvisionner en équipements essentiels pour son industrie de défense. Les plateformes chinoises Alibaba et AliExpress se sont imposées comme des canaux privilégiés, devenant de véritables « passerelles » pour l’importation de machines-outils à double usage, indispensables à la production d’armements modernes.

Machines de haute précision en libre accès

Des entreprises telles que Tengzhou Wellon Machinery, Tengzhou Borui CNC Machine Tool ou encore Xiamen Yangsen proposent ouvertement leurs produits sur ces plateformes. Parmi eux, des modèles comme XL8132, BR570DY et YSMV-2218, capables d’assurer des opérations complexes de fraisage et de tournage. Autrement dit, des équipements qui, au-delà de l’industrie civile, peuvent alimenter l’automatisation des usines d’armement russes.

Une faille exploitée par Moscou

Les deux plateformes du groupe Alibaba opèrent quasiment sans contrôle. Alibaba.com, véritable hub B2B mondial, met les acteurs russes liés à la défense en relation avec des milliers de fournisseurs, tandis que AliExpress, en apparence destinée au grand public, facilite également les transactions grâce à une logistique assouplie. Les appels répétés des capitales occidentales à Pékin pour renforcer la surveillance n’ont, jusqu’ici, pas eu d’effet tangible.

Preuves irréfutables sur le terrain

Des images satellites publiées par Maxar Technologies en juillet 2025 confirment l’ampleur du phénomène : malgré les frappes ukrainiennes contre le bureau de conception d’armements A. Shipounov à Toula — un pilier du conglomérat « Rostec », déjà sous sanctions américaines, européennes et britanniques — de nouveaux ateliers sont en construction et s’équipent de machines chinoises à commande numérique. L’usine, loin d’être paralysée, poursuit la production de systèmes antichars, d’artillerie et de munitions de précision.

Pékin face à un risque de représailles

À Bruxelles, Washington et Londres, les avertissements se multiplient : si les fournisseurs chinois continuent d’alimenter le complexe militaro-industriel russe, ils pourraient être frappés de sanctions directes et perdre l’accès aux marchés occidentaux. Pour des entreprises qui cherchent aussi à s’implanter en Europe ou aux États-Unis, le risque est autant économique que réputationnel.

Les « routes grises » : un défi global

Une partie croissante des livraisons transite par la Turquie, les Émirats arabes unis ou le Kazakhstan, via des sociétés-écrans et des mécanismes douaniers différés. Ce système de chaînes d’approvisionnement opaques affaiblit le régime mondial de contrôle des exportations et permet à Moscou de moderniser son industrie de défense.

L’absence de vérification rigoureuse des acheteurs sur les marketplaces internationales équivaut aujourd’hui à une légalisation du contournement des sanctions. Pour les experts, il devient urgent de créer un mécanisme global de surveillance numérique du commerce en ligne : faute de quoi, les sanctions perdront de leur efficacité et la Russie continuera de renforcer ses capacités militaires avec l’aide des « routes grises ».

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