Le 18 juillet, l'Union européenne a adopté l'un des paquets de sanctions les plus sévères contre la Russie depuis le début de son invasion à grande échelle de l'Ukraine. Il ne s'agit pas simplement d'une nouvelle étape de Bruxelles, mais d'une pression stratégique ciblée sur des secteurs jusqu’ici vulnérables mais insuffisamment touchés. Les nouvelles mesures visent à saper les fondations économiques de l’agresseur et, surtout, à réduire les ressources lui permettant de poursuivre la guerre.
Coup dur porté à la « flotte fantôme » et aux exportations de pétrole
L'une des cibles principales de ce 18e paquet est la « flotte fantôme » — un réseau maritime permettant à la Russie de contourner les sanctions et d’acheminer son pétrole vers des pays tiers. 105 navires, deux sociétés de négoce de pétrole et une raffinerie en Inde (dont Rosneft est l’actionnaire principal) ont été visés par ces nouvelles restrictions.
Cette décision montre que l'UE est prête à agir non seulement sur son propre territoire, mais aussi à l’échelle mondiale — en surveillant les voies d’évitement utilisées par Moscou et en les bloquant. La fermeture de ces routes d’exportation constitue un coup direct porté aux pétrodollars que le Kremlin utilise pour financer son armée et produire des armes.
Sanctions contre la logistique militaire et les importations chinoises
Ce nouveau paquet comprend également des mesures à l’encontre d’entreprises impliquées dans l’approvisionnement en composants pour l’industrie militaire russe. Pour la première fois, le rôle des entreprises chinoises dans le soutien au complexe militaro-industriel russe est aussi clairement souligné. C’est un message discret mais ferme à Pékin : jouer les intermédiaires entre le Kremlin et les armes, c’est aussi risquer les sanctions.
Ce coup porté à la logistique n’est pas seulement économique : c’est une tentative d’entraver chaque obus, chaque drone, chaque missile destiné aux villes ukrainiennes.
Nouveau plafond pour le pétrole et fin des gazoducs Nord Stream
Le plafond de prix imposé au pétrole russe a été abaissé de 60 \$ à 47,6 \$ le baril. Et ce n’est pas une mesure ponctuelle : un mécanisme de révision automatique permettra d’en ajuster le niveau tous les six mois. Les revenus d’exportation de matières premières de Moscou seront ainsi continuellement revus à la baisse tant que durera la guerre.
Parallèlement, l’UE a mis un terme définitif aux projets Nord Stream 1 et 2. Les sanctions interdisent leur remise en service, quelles que soient les circonstances. Il s’agit là d’une rupture symbolique avec la dépendance énergétique à la Russie — cette erreur géopolitique que l’Europe ne souhaite plus reproduire.
L’Europe continue de soutenir l’Ukraine
L’adoption de ce 18e paquet de sanctions est plus qu’un acte économique. C’est une déclaration politique. Contrairement à ce qu’espérait le Kremlin, l’Europe ne s’essouffle pas dans son soutien à l’Ukraine. Au contraire, ses mesures sont de plus en plus ciblées, plus réfléchies, et — surtout — de moins en moins réversibles.
Les sanctions ne mettent pas fin à la guerre à elles seules. Mais elles en érodent progressivement le fondement économique. C’est un marathon, pas un sprint. Et dans ce marathon, il semble que l’Europe ait décidé de ne pas s’arrêter.