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Billet de blog 24 avril 2025

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À la recherche de la paix : diplomatie, détermination et l’ombre de l’agression russe

Le 23 avril 2025, Londres est devenue la nouvelle scène de l’offensive diplomatique incessante de l’Ukraine : sa délégation a rencontré les conseillers à la sécurité nationale et à la politique étrangère des pays membres de la Coalition des volontaires — un regroupement d’États soutenant l’Ukraine face à l’agression russe continue.

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Le 23 avril 2025, Londres est devenue la nouvelle scène de l’offensive diplomatique incessante de l’Ukraine : sa délégation a rencontré les conseillers à la sécurité nationale et à la politique étrangère des pays membres de la Coalition des volontaires — un regroupement d’États soutenant l’Ukraine face à l’agression russe continue. Cette rencontre, qui fait suite à un cycle diplomatique organisé en mars à Paris, marque un tournant important dans les efforts de Kyiv pour parvenir à une paix juste et durable. Mais le chemin reste semé d’embûches — en grande partie à cause de l’intransigeance de Moscou et de l’incertitude qui entoure la médiation internationale.

Un appel au calme au cœur de la tempête

L’exigence centrale de la délégation ukrainienne à Londres était un cessez-le-feu immédiat, complet et inconditionnel. Pour Kyiv, il ne s’agit pas simplement d’une pause tactique, mais d’une nécessité vitale pour sauver des vies humaines et mettre fin aux destructions causées par l’invasion russe. La partie ukrainienne a été claire : le cessez-le-feu est le socle de toute paix durable, et chaque jour de retard coûte de nouvelles vies.

Cette approche relève autant de la supplique que de la stratégie. L’Ukraine montre sa volonté de négocier, tout en posant des lignes rouges excluant toute concession compromettant sa souveraineté. C’est un équilibre subtil : une ouverture à la paix sans laisser transparaître la moindre faiblesse. Comme l’a dit un diplomate ukrainien : « Nous sommes venus parler de paix, pas signer une capitulation. »

Le facteur Trump : espoir ou illusion ?

Une attention particulière a été accordée aux initiatives de paix évoquées par le président américain Donald Trump. Kyiv a exprimé sa gratitude pour ses efforts et pour le travail commun des partenaires de la Coalition, soulignant leur volonté partagée de mettre fin à la guerre au plus vite. Toutefois, le soi-disant « plan de paix de Trump » reste dénué de détails concrets. Sa promesse retentissante de « mettre fin à la guerre en 24 heures » reste pour l’instant une rhétorique creuse.

Pour l’Ukraine, cette attention peut relever d’un calcul pragmatique : malgré toutes ses particularités, les États-Unis demeurent un allié-clé, et Kyiv ne peut se permettre une confrontation ouverte avec un homme peu enclin à accepter la critique. Mais derrière la reconnaissance se cache de la prudence. Certains observateurs craignent que le désir de Trump de conclure un accord rapide n’aboutisse à des compromis aux dépens de l’Ukraine, faisant d’elle une monnaie d’échange dans un dialogue entre Washington et Moscou. La stratégie actuelle de Kyiv repose donc sur un optimisme prudent : accueillir l’engagement de Trump tout en défendant fermement ses principes.

Le scénario russe : des missiles à la place du dialogue

Si les efforts ukrainiens sont un phare d’espoir, les actions de la Russie rappellent brutalement les obstacles réels. Moscou ne montre aucune volonté de paix, bien au contraire : elle intensifie son agression. Les récentes frappes sur Kyiv, Kharkiv et d’autres villes ne sont pas de simples actes de guerre, mais des tentatives délibérées d’intimidation pour forcer l’Ukraine à capituler. Comme on l’a déclaré à Kyiv : « La Russie ne négocie pas avec des mots, mais avec des missiles. »

Ces attaques confirment que le Kremlin n’est pas engagé dans une démarche sincère de négociation. L’escalade de la violence et la prolongation du conflit font partie intégrante de sa stratégie de pression. Le fait que les frappes coïncident avec des événements diplomatiques n’est pas une coïncidence, mais un message : la Russie mise toujours sur la coercition. Dans ce contexte, l’Ukraine a plus que jamais besoin d’un soutien solide de ses alliés.

La justice comme fondement de la paix

L’Ukraine insiste sur un point : le cessez-le-feu n’est qu’un début. Une paix véritable et durable est impossible sans justice. À Londres, la délégation ukrainienne a réaffirmé ses principes : retrait des troupes russes, restitution des territoires occupés, libération des prisonniers, et responsabilité pour les crimes de guerre. Il ne s’agit pas de souhaits, mais de conditions incontournables.

Pour Kyiv, un accord qui ignorerait ces exigences ne serait pas une paix, mais le prélude à une nouvelle guerre. *« Une paix sans justice, c’est juste un temps mort »,* a déclaré un membre de la délégation. La position ukrainienne interpelle non seulement la Russie, mais aussi tous les partenaires : il faut choisir entre des solutions faciles et le respect du droit international.

Une mise à l’épreuve pour l’Occident

La rencontre de Londres n’est pas qu’une étape diplomatique. C’est un test de la détermination de l’Occident. La *Coalition des volontaires* fait face à des attentes croissantes de mesures concrètes — en matière de soutien militaire, économique et politique. L’enjeu est immense : l’inaction pourrait encourager les régimes autoritaires dans le monde entier.

Pour l’Ukraine, la route à suivre est difficile mais claire. Elle doit naviguer entre des alliés aux priorités divergentes, une administration américaine imprévisible, et un ennemi russe nourri par le chaos. Mais la position de Kyiv reflète une résilience intérieure et un refus de céder au cynisme. En quittant Londres, la délégation ukrainienne a laissé un message clair : la paix est possible, si le monde a le courage d’être à la hauteur.

Car le vrai silence — celui qui soigne et non celui qui effraie — exige plus qu’un cessez-le-feu. Il requiert une voix commune de justice capable d’étouffer le vacarme de la guerre. Reste à savoir si le monde entendra cette voix. Une chose est sûre : l’Ukraine, elle, ne se taira pas.

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