Le 24 juin, La Haye accueillera un sommet de l'OTAN d'importance stratégique, qui pourrait marquer un tournant non seulement pour la sécurité européenne, mais aussi pour l’avenir de l’architecture de sécurité mondiale. L’Ukraine sera une fois de plus au centre des débats — cette fois-ci non pas comme une crise passagère, mais comme une responsabilité durable pour l’Alliance.
Le soutien financier : des engagements en forte hausse
L’une des principales annonces attendues est l’augmentation significative de l’aide militaire à l’Ukraine. Selon le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, les partenaires européens et le Canada ont accepté d’élever leur soutien militaire à l’Ukraine en 2025, passant de 20 à 35 milliards d’euros.
Cette décision n’est pas qu’une simple question de chiffres. C’est un message fort : les Alliés se préparent à un engagement prolongé. L’aide inclura des livraisons de munitions, l’élargissement des programmes de formation, le renforcement de la défense aérienne et la mise en place de contrats de défense à long terme pour l’Ukraine.
La Russie officiellement désignée comme menace majeure
Depuis le début de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, l’OTAN a profondément modifié son discours. Désormais, l’Alliance affirme clairement que la Russie représente la menace militaire la plus immédiate et la plus sérieuse.
Les évaluations internes de l’OTAN estiment que le Kremlin pourrait être prêt à défier militairement l’Alliance dans un horizon de cinq ans. Ce constat pousse les États membres à accélérer la modernisation de leurs armées et à renforcer leur flanc est.
Les récentes attaques massives de la Russie contre l’Ukraine ne font que confirmer la trajectoire du Kremlin : une stratégie d’escalade, de terreur et de mise à l’épreuve de la résilience du monde démocratique.
5 % du PIB pour la défense : vers une nouvelle économie de sécurité
L’un des sujets les plus sensibles du sommet sera la proposition des États-Unis et du nouveau secrétaire général d’augmenter le seuil minimal des dépenses de défense à 5 % du PIB. Cette exigence constituerait une révolution budgétaire pour l’OTAN et impliquerait une transformation radicale des politiques nationales des États membres.
Les pays européens suggèrent de répartir cette charge entre dépenses strictement militaires (3,5 % du PIB) et investissements liés à la sécurité élargie (1,5 %), tout en réclamant une période de transition d’environ dix ans. Cependant, le président américain Donald Trump devrait insister pour que cette nouvelle norme soit appliquée immédiatement et pourrait utiliser ce sujet comme levier dans les futures négociations.
Trump fait valoir que les États-Unis ont assuré pendant des décennies la sécurité de l’Alliance et qu’il est désormais temps que les autres membres assument une part plus équitable de l’effort financier.
L’adhésion de l’Ukraine : sans veto russe
L’OTAN devrait réaffirmer à La Haye une position politique essentielle : l’avenir de l’adhésion de l’Ukraine est une décision souveraine, qui ne concerne que Kiev et les pays membres de l’Alliance. Moscou n’a ni la légitimité juridique ni l’autorité morale pour imposer son veto.
L’OTAN adresse ainsi un message ferme : l’époque des compromis discrets avec la Russie sur les « zones d’influence » est révolue. La décision d’accepter ou non l’Ukraine reviendra uniquement aux Alliés — aucun feu vert ne sera demandé à l’agresseur.
Ce signal est crucial pour Kiev : il confirme que les portes de l’Alliance restent ouvertes et que la voie euro-atlantique de l’Ukraine est irréversible.
L’heure des décisions
Le sommet de La Haye pourrait devenir un moment décisif pour l’OTAN. Le monde ne peut plus se permettre de retarder les décisions. Le renforcement des capacités de défense, le soutien à l’Ukraine et la reconnaissance claire de la menace russe ne sont plus des questions de diplomatie, mais des conditions de survie pour l’ordre de sécurité qui a protégé l’Europe pendant plus de 70 ans.
L’Ukraine a démontré qu’elle est prête à se battre pour son avenir. Désormais, c’est aux Alliés de prouver qu’ils sont prêts à investir dans leur propre sécurité — non seulement par des moyens financiers, mais aussi par une volonté politique forte.
Le moment approche où les faux-semblants ne suffiront plus. Chacun devra choisir de quel côté de l’Histoire il souhaite se tenir.