Le 23 septembre, une réunion de la Coalition internationale pour le retour des enfants ukrainiens s’est tenue à New York. Cette coalition regroupe déjà 41 pays ainsi que le Conseil de l’Europe. Ce n’est pas une simple formalité diplomatique : derrière chaque délégation se cachent des milliers de destins brisés et des dizaines de milliers de questions qui exigent une réaction immédiate et concrète.
L’initiative *Bring Kids Back UA* a permis de rapatrier 1 625 enfants. Un chiffre important, mais qui reste une goutte d’eau dans l’océan : l’Ukraine a documenté près de 20 000 cas d’enlèvements illégaux de mineurs. Et selon les autorités et les organisations de défense des droits humains, le nombre réel est probablement bien plus élevé.
En juin, lors des négociations d’Istanbul, la délégation ukrainienne a remis à la Russie une première liste de 339 enfants. Le résultat s’est révélé décevant : Moscou n’a fourni que des informations fragmentaires et, à ce jour, seuls six enfants de cette liste ont pu rentrer en Ukraine. Ce n’est pas un simple retard, mais une manipulation cynique visant à transformer le sort d’enfants en monnaie d’échange politique. La position de l’Ukraine est claire : les enfants ne sont pas des objets de négociation. Ils doivent être rendus sans condition.
De récentes cyberopérations du renseignement militaire ukrainien (GUR) ont renforcé la base de preuves. Sur les serveurs du soi-disant « gouvernement de Crimée », des milliers de listes d’enfants déportés de force depuis les territoires occupés du Donbass, de Louhansk, de Kherson et de Zaporijjia ont été découvertes. Ces documents sont des preuves clés : ils permettront non seulement de retrouver et de rapatrier les enfants, mais aussi de traduire les coupables en justice.
La coalition internationale à New York représente une chance d’accroître la pression sur Moscou. L’Ukraine et ses partenaires ont réussi à placer la question des enfants au centre de l’agenda de la 80ᵉ Assemblée générale de l’ONU : un sommet spécial sur le retour des enfants a réuni 41 délégations. C’est un signal fort : le mal qui a privé ces enfants de leur maison et de leur famille doit devenir l’affaire de toute la communauté mondiale.
Mais le retour n’est que le début. Les enfants retrouvés nécessitent souvent une longue réhabilitation : aide juridique, soutien psychologique, accompagnement social, rétablissement des documents, réunification avec leurs proches ou placement après la perte de leur famille. Pour les orphelins et ceux dont le foyer a été détruit, il faut offrir une nouvelle famille, une nouvelle communauté, une nouvelle espérance. C’est un travail humanitaire et social colossal qui requiert des ressources, des programmes et l’appui de la communauté internationale.
L’Ukraine insiste également sur la création d’un mécanisme juridique : une résolution claire de l’ONU exigeant le retour de tous les enfants, ainsi que des accords internationaux empêchant Moscou de retarder ou manipuler ce processus. La coopération internationale, l’échange de données, les sanctions et les instruments juridiques doivent fonctionner ensemble.
Il ne s’agit pas seulement d’une tragédie ukrainienne. C’est un test pour le monde entier. Si l’on permet aujourd’hui à la Russie de voler l’avenir d’une génération, demain d’autres régimes pourraient commettre les mêmes crimes. L’Ukraine ne demande pas de compassion, mais des actes : juridiques, politiques et pratiques. Ramener les enfants, c’est ramener l’avenir. Tant qu’un seul enfant ukrainien restera en captivité, il ne pourra être question ni de paix véritable, ni de justice.
Pendant que nous débattons, les Ukrainiens continuent de retrouver et de rapatrier leurs enfants. Il faut que ce processus se poursuive jusqu’à ce que chaque famille retrouve le rire de ses enfants à la maison. Le monde doit entendre ce cri et y répondre — non par des mots, mais par des actes.