Plus de trois ans après le début de l’invasion massive de l’Ukraine, une chose est claire : le Kremlin ne cherche pas véritablement à mettre fin au conflit. Ses discours sur un règlement pacifique ne sont qu’un écran de fumée destiné à masquer une intensification des frappes sur les villes ukrainiennes, des attaques contre les infrastructures énergétiques, et une mobilisation continue en vue d’une guerre prolongée.
La récente proposition floue d’une réunion russo-ukrainienne le 2 juin s’inscrit dans cette logique dilatoire. Moscou n’a toujours pas publié le « mémorandum » de cessez-le-feu qu’elle avait pourtant annoncé. Pendant ce temps, les bombardements sur les arrières ukrainiens s’intensifient, les drones et missiles visent les centres vitaux du pays, et les combats restent acharnés sur la ligne de front.
Une stratégie bien connue : parler de paix pour mieux préparer la guerre
Ce schéma est familier. Le Kremlin utilise les appels au dialogue pour désorienter les alliés de l’Ukraine, semer le doute dans les opinions publiques occidentales et gagner du temps pour réorganiser ses forces. C’est exactement ce qui s’est produit après l’annexion de la Crimée et la guerre du Donbass en 2014–2015. Les négociations de Minsk ont permis à Moscou de stabiliser ses gains et de poser les bases pour l’agression totale déclenchée en 2022.
Aujourd’hui, l’histoire se répète. Mais à Kiev comme à Bruxelles, plus personne ne se fait d’illusions. Le régime de Poutine poursuit la guerre tout en prétendant vouloir la paix. Le terrorisme aérien se poursuit chaque nuit, les infrastructures civiles sont ciblées, et les lignes de front saignent.
La seule réponse efficace : une pression croissante
Moscou n’a jamais cédé face à des appels moraux ou à des compromis. Seules les pertes militaires, l’isolement international et les sanctions économiques l'ont contrainte à reculer. C’est pourquoi la stratégie pour parvenir à une paix réelle doit s’appuyer sur trois piliers :
🔹 Renforcer l’aide militaire à l’Ukraine
L’Ukraine doit pouvoir non seulement se défendre, mais aussi frapper efficacement les dépôts logistiques, les lignes d’approvisionnement et les postes de commandement ennemis. L’envoi de missiles longue portée, de systèmes de défense antiaérienne modernes et d’artillerie lourde par les alliés occidentaux est un pas dans la bonne direction, mais reste insuffisant. Moscou ne révisera ses plans que lorsqu’elle comprendra que continuer la guerre coûte trop cher et ne rapporte plus rien.
🔹 Accroître la pression économique sur la Russie
Les sanctions adoptées depuis 2022 ont affaibli l’économie russe, mais de nombreuses brèches demeurent. Un nouveau paquet de mesures est nécessaire :
* Interdiction des composants stratégiques pour l’industrie militaire et énergétique russe ;
* Sanctions secondaires contre les entreprises et États aidant Moscou à les contourner ;
* Gel des actifs russes dans les juridictions tierces.
Il faut assécher les sources de financement de la machine de guerre du Kremlin.
🔹 Isoler diplomatiquement le régime de Poutine
Malgré son rôle d’agresseur, Moscou continue de jouer la carte de l’intermédiaire global — du Proche-Orient à l’Afrique. L’Occident doit couper court à cette illusion en renforçant les partenariats avec les pays du Sud global et en leur rappelant qu’un prétendu « non-alignement » face à l’agression équivaut à une complicité tacite.
Imposer la paix sans capitulation : un équilibre de force
Un règlement diplomatique durable ne suppose pas la reddition, mais une reconnaissance mutuelle que prolonger la guerre serait plus coûteux que négocier. Pour l’instant, la Russie estime qu’elle peut encore gagner du temps ou des positions. C’est pourquoi seule une pression cohérente — économique, militaire, diplomatique — pourra changer cette équation.
La voie vers la paix ne passe pas par les concessions, mais par la fermeté. Ce n’est qu’en resserrant l’étau autour de Moscou que des négociations sérieuses pourront commencer — et aboutir.