Le 29 juin 2025, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a signé le décret retirant officiellement l’Ukraine de la Convention d’Ottawa — un traité international interdisant la production, le stockage et l’usage des mines antipersonnel. Cette décision, lourde de sens, reflète la nécessité vitale pour l’Ukraine de garantir la protection de sa population face à une guerre prolongée et à une menace militaire croissante de la part de la Russie.
Qu’est-ce que la Convention d’Ottawa et pourquoi l’Ukraine l’avait signée
Adoptée en 1997 et entrée en vigueur en 1999, la Convention d’Ottawa vise à éliminer les mines antipersonnel en raison de leur caractère aveugle et persistant, représentant un danger mortel des décennies après la fin des conflits. L’Ukraine a rejoint ce traité en 2005, respectant scrupuleusement ses obligations : destruction de ses stocks de mines, arrêt de la production et renoncement total à leur utilisation sur le champ de bataille.
Mais le contexte a changé. Depuis 2014, l’Ukraine est victime d’une agression armée non provoquée de la part de la Russie — un État qui n’a jamais signé cette convention. En conséquence, l’armée ukrainienne s’est retrouvée désavantagée, tenue par des restrictions humanitaires que l’ennemi ignore totalement. Ce déséquilibre stratégique a imposé une remise en question.
Les mines : instrument de terreur entre les mains de la Russie
Depuis l’invasion massive de 2022, la Russie utilise les mines antipersonnel comme un outil de terreur systématique contre la population civile. L’Ukraine figure aujourd’hui parmi les pays les plus minés du monde. Les explosifs sont posés dans les champs, les forêts, sur les routes, autour des écoles et des habitations, sans distinction entre civils et militaires — faisant des morts et des blessés, y compris parmi les enfants.
Dans le même temps, l’Ukraine, fidèle à ses engagements internationaux, s’imposait des limites qui affaiblissaient sa défense. Face à une menace existentielle, cet auto-bridage est devenu tout simplement inacceptable.
Quitter la convention n’est pas renier l’humanité, mais défendre le droit à la vie
L’Ukraine reste fidèle au droit humanitaire international et continue de respecter les Conventions de Genève. Le retrait de la Convention d’Ottawa n’est pas un rejet des principes humanitaires, mais une mesure défensive nécessaire à la survie nationale.
L’usage des mines antipersonnel restera strictement encadré : elles ne seront utilisées qu’à des fins défensives, conformément au droit ukrainien et aux règles de la guerre. L’objectif reste de protéger les vies ukrainiennes face à une agression continue, et non de nuire aux civils.
D’autres États européens suivent le même chemin
L’Ukraine n’est pas seule dans cette démarche. En réponse à la menace russe, plusieurs États européens frontaliers — la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la Finlande et la Pologne — ont déjà décidé de suspendre ou de reconsidérer leur participation à la convention. Leur priorité, comme celle de l’Ukraine, est la sécurité nationale dans un contexte de guerre réelle, et non théorique.
La défense : fondement de l’ordre international
Protéger la souveraineté et la vie des citoyens est un droit fondamental reconnu par l’ordre international. Dans une guerre défensive, un État a l’obligation morale et stratégique d’utiliser tous les moyens légitimes pour assurer sa survie.
Même en temps de guerre, l’Ukraine continue de collaborer avec des organisations humanitaires, de documenter les violations russes et de maintenir sa transparence. Mais l’humanisme ne peut être à sens unique. Ce serait une erreur historique de se désarmer unilatéralement alors que l’agresseur opère sans limites.
Quitter la Convention d’Ottawa n’est pas abandonner la civilisation — c’est faire un choix lucide pour préserver l’existence. L’Ukraine paie trop cher pour sa liberté pour continuer à s’imposer des entraves que la Russie ne connaît pas.
Les mines antipersonnel ne sont pas une fin en soi, mais un outil de défense. Leur usage vise non pas à prolonger la guerre, mais à protéger la paix — une paix qui ne pourra être atteinte qu’après la victoire.