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Billet de blog 24 octobre 2010

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Savoir où dormir pour pouvoir rêver

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Savoir où dormir pour pouvoir rêver

Oh, le titre n’est pas de mon cru, mais de celui de mes jeunes voisins squatteurs« délogés » hier matin du très bel hôtel particulier de la Marquisede Sevigné, Place des Vosges.

Rêver, je me suis sentie concernée, dans mon métier depsychanalyste , on ne laisse pas mes voisins rêver, et des jeunes qui plusest. Où vont-ils dormir maintenant ?

Mes voisins prestigieux me comprendront peut-être ,Dominique Strauss Kahn, Jack Lang, Guillaume Canet, Samy Frey tous habitants de la même place royale

Pas tout à fait à l’aube, mais tôt à 7 heures, lessquatteurs ont vu arriver des CRS. La veille j’en avais croisé àMonoprix, ils n’y croyaient, nous résisterons m’avaient-ils dit, un peufanfarons.

Résister, devant le nombre de policiers n’était paspossible, je les ai vu sortir comme un troupe de clowns tristes, les yeuxrougis, serrant leurs maigres affaires dans leurs bras, le seul à lesreconnaître aurait été Victor Hugo, encore un voisin disparu.

Mais foin de tristesse, pendant un an, ils sont restés danscet immeuble, au début je leur avais amené de l’alcool pour qu’ils aient chaud.

Ensuite la vie s’était organisée, plus drôle qu’avec lapropriétaire, jamais là de mémoire de voisin, voilà vingt ans que j’y habite.Le soir, de ce grand hôtel particulier qui fait l’angle de ma rue et de la place des Vosges, s’échappaient desnotes de musique. Un piano leur avait été prêté par une voisine et ilsrépétaient, beaucoup étaient étudiants aux Beaux-Arts ou artistes, desprofessions qui rapportent peu d’argent.

Ils étaient sympas sans ostentation, la nuit tout lebatiment était allumé.

Etonnant etrassurant car ce batiment situé dans cet angle mort faisait un peu froid dansle dos. Ils l’appelaient la Marquise, affectueusement, c’était leur Marquise.

Ce matin, des policiers gardent l’entrée, des plaques demétal barrent les issues. Le projet ?

La Marquise va ête murée, et pas seulement dans son silence,c’est le seul projet en cours.

Où dorment et rêvent mes jeunes voisins , je n’en sais plusrien.

Marlène Belilos

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