Martial Gottraux

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Billet de blog 21 juillet 2011

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policier et journaliste

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

DES FLICSAUX PISSE-COPIES

Cela ne se discutait pas : En 68, les policiers étaient des flics. La branche arméede la répression bourgeoise. Flic : le mot est éructé comme un crachat.Comme bien d’autres, du reste : les matons par exemple. Que peut bien vivre un policier lorsqu’il se fait traiter de flic ? A ma connaissance, il n’ya aucune étude à ce sujet. Pas étonnant ! L’idée que les« flics » sont les mauvais et que les autres, y compris les criminels sont les « bons » fait partie du romantisme petit-bourgeois, la bière devant la TV. Ou de sa récente variante : les jeux vidéos. Un snob dirait : « Mesrine a significativement contribué à l’enracinement del’extension sémantique du signifiant flic. »

Je me souviens de la remarque de mon fils, âgé de 6 ou 7 ans, alors que nous passions devant un policier, souriant, chargé d’encadrer le défilé du ler mai, il y a des décennies de cela. « tu vois papa, m’avait-il dit, il n’a pas l’air méchant ! » La phrase avait été prononcée suffisamment fortement pourque le policier (pardon ! le flic) l’aie entendue. Il avait continué àsourire.

Je me souviens aussi d’un accident de voiture, en hiver, blessé, les policiers travaillant dans la neige, minuit, je saignais fort, ces « flics »m’ont sans doute sauvé la vie. Je n’oublie pas non plus que, derrière le travail des « matons », des milliers d’enfants sont potentiellement préservés des agissements de criminels.

Alors bien sûr ! On pourrait inviter les journalistes et présentateurs TV à éviter le terme désobligeant de « flic » ou, tout au moins, à ne l’utiliser quelorsque cette expression s’impose du fait d’une intervention inutilement répressive.

Quoique…

L’idée que le policier est un flic est devenue à ce point commune que l’on ne sait plus vraiment si ce terme est désobligeant. C’est ce que l’on pourrait appeler (en termes snobs) un « glissement sémantique ». Il y en a d’autres. Par exemple le terme le plus utilisé par les « yo » et bien d’autres catégories de personnes est celui de « putain » : « putain il est bon ce film » ils disent, par exemple. En prononçant le terme de putain il ne convoquent sans doute pas celui de prostituée. J’ai même entendu l’autre jour dans un restaurant un type dire à sa copine : « Merde ce que c’est bon ! » parlant d’un plat, assez plasmatique il est vrai.

Il existe une profession, significativement représentée sur Mediapart, celle de journaliste. Supposons maintenant qu’au lieu de parler de« journaliste » nous convoquions systématiquement le terme de « pisse-copie ». Cela ferait scandale, non ? On imagine d’ici les réactions d’un Plénel, d’un Mauduit ! Mais non ! Rassurons nous ! Ces excellents journalistes ne réagiront pas. Ils savent que, peu àpeu, l’extension sémantique du terme « pisse-copie » en banalisera le sens et perdra donc toute connotation péjorative. Comme le terme de« flic », au fond. Et la plus grande qualité des journalistes, même s’il leur arrive d’utiliser le terme de « flic » est d’être patient. Merci à eux !

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