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Billet de blog 28 mars 2017

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La ville de Tours, c’est Serge Babary ! Usurpation et falsification ou incurie

J’apprends par un courrier daté du 17 mars 2017 et signé par Serge Babary l’actuel Maire de Tours que « la Ville de Tours n’a aucune intention de modifier la dénomination du pont Napoléon ». Oh bien sûr, je n’ai nullement l’ambition d’aller à l’encontre de la Ville de Tours. En revanche, Serge Babary n’est pas la Ville de Tours.

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J’avais pourtant essayé de le prévenir dans un courriel le 16 mars 2016 adressé à Jean-Luc Porhel, Directeur des Archives et du Patrimoine qui devait lui être transmis : « si vous confondez le Conseil municipal de la Ville de Tours et la Ville de Tours vous opérez une simplification qui me semble bien hasardeuse ». Je suis prêt à concéder qu’un maire a légalement toute autorité pour décider de la dénomination d’un pont. En revanche, un maire n’est que le représentant de la ville qui l’a élu et non sa ville. En conséquence, je crois pouvoir déclarer que cet abus de langage constitue une usurpation.

Ma demande de modification du nom du pont Napoléon date du 4 janvier 2016. J’écrivais alors : «{ …] je ne comprends pas comment une république peut honorer un homme qui s’est sacré empereur. Pourriez-vous rectifier ce qui me semble être une aberration ou me fournir une raison valable pour la conservation de cet hommage ? Si cette requête ne vous semblait pas recevable, je vous prierais de bien vouloir m’indiquer les conditions de recevabilité. ». J’avais reçu une réponse signée par Serge Babary qui émanait de la Direction des Archives et du Patrimoine. Jean-Luc Porhel qui suivait le dossier précisait que « la dénomination (du pont Napoléon) porte sur le nom de Napoléon III. […] La société privée qui en assure la construction, puis l’exploitation du péage décide de le dénommer « Louis-Napoléon-Bonaparte ». […] Ainsi, ce pont n’a jamais changé de nom depuis sa mise en circulation le 8 octobre 1855 ». Il avait fallu le courriel précédemment cité du 16 mars 2016, plusieurs relances téléphoniques et un déplacement aux Archives municipales pour obtenir que Jean-Luc Porhel fasse une « recherche approfondie » et reconnaisse les différents changements de nom.

Il m’avait été très facile de détruire l’argumentaire du courrier signé par le maire de Tours. Premièrement, la dénomination « pont Napoléon » rend hommage à Napoléon Ier. Je vous invite cher lecteur à faire l’essai d’interroger qui que ce soit sur ce qu’évoque le nom Napoléon. En ce qui concerne la centaine de personnes que j’ai interrogée, l’unanimité pensait à Napoléon Ier. Deuxièmement, entre pont « Louis-Napoléon-Bonaparte » et  pont « Napoléon », il y a eu changement. On a en effet  enlevé deux noms propres soit quatorze caractères. Troisièmement, dix minutes passées sur un moteur de recherche m’avaient permis de trouver des plans de 1888 et 1936 où le pont était nommé « pont suspendu de Saint-Cyr ». Monsieur Porhel que j’ai eu au téléphone avait bien essayé de m’expliquer que ce qui comptait, c’était les minutes des délibérations du conseil municipal. Fort heureusement, dans les archives, le conseil municipal par délibération du premier décembre 1961 renomme le pont de Saint-Cyr pont Napoléon « sans aucune explication » dit la note chronologique envoyée plus tard par Jean-Luc Porhel. Notons que Jean Royer fut Maire de Tours de 1959 à 1995 et que Serge Babary fut adjoint au Maire de 1989 à 1995. Il m’apparait deux hypothèses : soit Serge Babary, signataire du courrier que j’ai reçu,  m’a délibérément communiqué de fausses informations et m’a pris pour un imbécile, soit Serge Babary a fait preuve d’une grande négligence ou d’incurie dans sa réponse et m’a pris pour un imbécile.

J’ai interrogé des dizaines de mes concitoyens sur ce qu’ils pensaient de cette histoire. Plusieurs m’ont dit qu’il considérait Napoléon Bonaparte comme étant un dictateur. Un très grand nombre croit que j’ai déjà de la chance qu’on me réponde et qu’il n’y a rien à attendre des hommes politiques et qu’ils s’en fichent du peuple. Certains pensent enfin que même si ma démarche est louable, il y a plus important à faire.

 Je réponds que je ne lâcherai rien. Je réponds que nous ne devons pas abandonner notre souveraineté. Je refuse d’accepter que certains de mes concitoyens considèrent qu’ils sont impuissants face à ceux qui sont mandatés pour les représenter. Nommer, c’est s’approprier et la Ville de Tours, c’est ses habitants.

Sources : courriers échangés disponibles en cliquant ici

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