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Billet de blog 21 septembre 2010

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Suède : après le séisme politique, les négociations s'annoncent complexes

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Les élections générales suédoises qui se sont tenues ce dimanche ont reconduit la coalition de centre-droit au pouvoir, et maintenu son leader, Fredrik Reinfeldt, au poste de Premier Ministre.

Il faut désormais que cette coalition, arrivée en tête mais à trois sièges seulement de la majorité absolue, négocie avec la gauche pour espérer atteindre une majorité au Riksdag (le Parlement) et ainsi être en mesure de former un gouvernement. Le tout sans discuter avec l’extrême-droite et ses 20 sièges. S’engage donc désormais un processus de négociation inhabituel et ardu, dont les ressorts sont difficiles à comprendre pour qui est habitué au système majoritaire Français. L’éventualité d’un gouvernement minoritaire à la chambre basse ayant été écartée par le Premier Ministre, les tractations vont bon train, avec en ligne de mire la réouverture du Parlement le 5 octobre.
Si Reinfeldt a ouvertement tendu la main aux 25 députés Verts, ces derniers sont beaucoup moins enthousiastes à l’idée de collaborer avec le parti qu’ils ont combattu pendant toute la campagne électorale. Parallèlement, ils ont laissé entendre leur volonté d’élargir les négociations à tous les partis, y compris à leur allié au sein de la coalition « rouge-vert », le parti social-démocrate, perdant mais restant la plus grande formation du Parlement. Cependant, cette coalition de gauche est bien moins ancienne et soudée que l’Alliance, il n’est donc pas improbable qu’un accord entre les Verts et la majorité sortante puisse être trouvé. D’autant plus que la pression de l’opinion publique est forte, y compris dans les rangs de la droite. "Si le prix à payer est un poste de ministre de l'Environnement et des taxes sur l'essence, il n'y a pas une seconde d'hésitation à avoir" s’exclamait lundi un éditorialiste du tabloïd de droite Expressen.

C’est désormais dans les mains de Per Westerberg que se trouve désormais une des clefs de ce casse-tête politique. En tant président du Riksdag, et donc de premier fonctionnaire du royaume (devant le Premier Ministre car il n’est subordonné qu’au Roi, chef de l’Etat) il est chargé du bon déroulement des négociations. Il a en ce sens reçu Jimmie Åkesson, le leader des Démocrates de Suède et s’apprête à faire de même avec les dirigeants de tous les partis fraîchement (ré)élus au Riksdag.
Fredrik Reinfeldt a exclu toute tractation avec les Démocrates de Suède, parti d’extrême droite ouvertement xénophobe qui déjoue les pronostics en réalisant un très bon score, privant les partis de droite de la poignée de sièges qui leur manquent pour atteindre cette fameuse majorité. Pari d’autant plus audacieux qu’il place Reinfeldt dans une situation délicate, l’obligeant à courtiser le parti Vert, fermement opposé à la politique menée depuis 2006.

Le parti d’extrême-droite est exclu de ces négociations et les cadres du parti n’ont pas manqué de dénoncer l’ostracisme qui les guette. Le porte-parole des Verts a évoqué lundi dans une conférence de presse les « sept partis du Parlement » oubliant volontairement les Démocrates de Suède. Le pouvoir à Stockholm se retrouve désormais avec le dilemme classique des partis modérés confrontés aux extrêmes. C’est ce cas de figure qui s’était présenté il y a quelques années lors de la montée en puissance du Parti du Peuple Danois, devenu désormais un acteur incontournable de la scène politique danoise. Sa principale dirigeante, Pia Kjærsgaard, a réaffirmé aux Démocrates Suédois son chaleureux soutien. Elle a par ailleurs affirmé que cette fin de non-recevoir des partis traditionnels constituait la preuve que la démocratie Suédoise « ne fonctionnait plus ».
Par ailleurs, l’équipe gouvernementale ne devrait pas changer, même si des rumeurs rapportées par le tabloïd Expressen donnent deux ministres sur le départ.
Le maintien à la tête du parti social-démocrate de sa dirigeante Mona Sahlin semble faire débat au sein des cadres du parti, même si un porte-parole a réaffirmé que malgré la lourde défaite (la plus importante depuis 1914), sa légitimité à la tête du premier parti de Suède n’était pas remise en cause.
La « gueule de bois » était palpable dans les rues de Stockholm lundi matin, notamment chez les jeunes, et une manifestation contre l’extrême-droite s’est déroulée sur Sergels Torg, la principale place de la capitale.

- M.U.


Je reviendrai dans un prochain billet sur ce que je crois retenir de ce séisme politique au pays de l’état providence.

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Illustrations : affiches électorales en Suède. Crédits Photos CC Flickr. G. Gulberg:

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