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Billet de blog 28 mars 2011

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Les socialistes suédois imiteraient-ils les socialistes… français ?

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Santé, éducation, immigration, égalité des sexes : on dit souvent que la Suède (et les pays nordiques en général) a quelques années d’avance sur la France (1). On a également souvent vu les leaders socialistes français et européens prendre pour modèle les mythiques sociaux-démocrates suédois, qui ont façonné le pays depuis les années 30.

Pourtant, après leur terrible défaite de l’automne dernier, les sociaux-démocrates suédois traversent une crise sans précédent. Une remise en question qui n’est pas sans rappeler celle à laquelle a du – et doit toujours – faire face le parti socialiste français.

Un parti social-démocrate qui rejoue l'histoire du PS français

Lors des élections générales du mois de septembre dernier, les sociaux-démocrates suédois, emmenés par leur leader Mona Sahlin, essuyaient une terrible défaite, leur deuxième d’affilée à ces élections. Déboulonnés une première fois du pouvoir en 2006 par une coalition de droite, ils ne sont toujours pas relevés de cette première estocade.

En 2006, pour la première fois de leur histoire, les partis de droite forment une seule et même coalition et défont les partis de gauche au Parlement… Cela ne vous rappelle rien ?

En 2006, malgré un bilan honorable, le premier ministre sortant et chef de file incontesté des sociaux-démocrates, le vénérable Göran Persson subit une défaite historique… qui le conduit au retrait de la vie politique au mois de mars suivant et décapite le parti de gauche, le laissant sans leader évident. Cela ne vous rappelle rien (bis) ?

Mona Sahlin, qui lui a succédé à la tête du parti, n’est pas parvenu à redresser la barre d’un parti qui en restant le premier parti suédois ne parvient plus à peser dans le débat politique, apparaît plus que jamais désuni et sans leader évident… Cela ne vous rappelle rien (ter) ?

Depuis cette seconde déroute, le parti social-démocrate a été lui aussi miné par les dissensions et les guerres de clan. Même si, comme le note le correspondant permanent du Monde à Stockholm, ce phénomène est « bien plus feutré » qu’en France, tant l’unité du parti semble être une des priorités de l’ensemble de ses cadres.

Håkan Juholt va tenter de reconstruire le parti social-démocrate, en mauvaise posture. (DR)

Conformément à ce qu’elle avait annoncé quelques semaines après les résultats du scrutin de septembre, Mona Sahlin a quitté la direction du parti social-démocrate. C’est Håkan Juholt, qui lui a succédé. Sans grand charisme, assez peu connu du grand public, il a tenu ce week-end à effectuer un revirement vers la gauche et une conception traditionnelle de la social-démocratie « à la suédoise ». Le profil de Håkan Juholt ressemble par beaucoup à celui de Martine Aubry. Et les défis de sa mandature sont les mêmes que ceux qui se dressaient devant la socialiste française en 2008 : réunifier un parti en crise, faire taire les dissensions, contrer la rhétorique nouvelle d’une droite désormais unie et en bonne posture, retrouver l’adhésion des classes moyennes qui a tant manqué au parti aux dernières élections et mettre ses troupes en ordre de bataille pour la prochaine élection, en 2014.

Cette analyse, volontairement tirée par les cheveux, a ses limites. Pourtant, le parti social-démocrate serait bien avisé de jeter un œil sur l’élection présidentielle française de 2012, qui dira si les socialistes ont réussi à se relever des électro-chocs de 2002 et de 2007, et comment.

Ne pas aller trop vite en besogne

Le PS français n’a pas le même ancrage dans la scène politique de notre pays, qui depuis l’après-guerre a été globalement dominé par la droite, que le parti social-démocrate en Suède, qui a gouverné pour l’essentiel de ces 70 dernières années.

L’autre différence, c’est qu’alors que le parti socialiste perd en partie parce que la « lame de fond » du FN a été sous-estimée (2002) puis parce que leur principal adverse utilise largement les thématiques du parti d’extrême droite pour en « siphonner » les électeurs (2007), le centre de gravité des débats politiques en Suède était tout autre. Là où les partis de droite, pendant le début des années 2000 se battaient pour une réduction drastique des dépenses de l’état, leur rhétorique prend un virage sec en 2006 pour se recentrer sur un thème cher aux suédois, de tous bords politique : la défense de l’Etat-providence, qui a tenu une place de choix dans les débats de l’élection de septembre.

Ce grand enjeu de société, dans un pays qui a pourtant une très forte population immigrée, jouera pour beaucoup dans la vie politique ces dernières années. Car contrairement à la France, et même si l’immigration a fait irruption sur la scène politique suédoise lors des dernières élections, le vrai centre de gravité de la vie politique suédoise se situe dans la remise en cause et l’adaptation du modèle suédois… qui, paradoxalement, n’a plus grand chose à voir avec ce qu’il était dans les années 30.

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(1) A ce propos, je recommande « Le Modèle Suédois », petit livre de Magnus Falkehed, correspondant permanent à Paris pour plusieurs médias suédois, qui traite les évolutions récentes de la société suédoise d’une perspective française, en montrant que de nombreuses réformes dans les tuyaux des politiques français ont déjà implémentées du côté de Stockholm.

M.U.

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