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Billet de blog 13 octobre 2024

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Ζ .....En grec Zêta est l'initiale de Zi qui signifie "il vit", ou "il est vivant".

Dans le cinéma français, il y a un avant et un après Z. Le cinéma politique, après ce film, n’aura plus jamais la même couleur https://www.youtube.com/watch?v=rHB28qfsV2w&list=PL362299799522CDDB

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans le cinéma français, il y a un avant et un après Z. 

Le cinéma politique, après ce film, n’aura plus jamais la même couleur

 https://www.youtube.com/watch?v=rHB28qfsV2w&list=PL362299799522CDDB

 Film de Costa-Gavras · 2 h 07 min · 26 février 1969 (France)

Genres : DrameHistoriqueThriller

(France-Algérie)

Z est un film algérien coécrit et réalisé par Costa-Gavras et Ahmed Rachedi, sorti en 1969

Au festival de Cannes 1969Z reçoit le prix du jury et le prix d'interprétation masculine est décerné à Jean-Louis Trintignant.

Le film obtient ensuite, en 1970, l'Oscar du meilleur film en langue étrangère pour le compte de l'Algérie décerné à l’algérien Ahmed Rachedi et le Golden Globe du meilleur film étranger.

 https://fr.wikipedia.org/wiki/Z_(film,_1969)

Z, livre de Vassilis Vassilikos ……..que Costa-Gavras découvre lors d'un voyage en Grèce, raconte l'histoire vraie de l'assassinat d'un homme politique de gauche dissimulé par la police en simple accident.

Il s'agit d'un film politique dont le scénario s'inspire d'un fait réel avec l'assassinat d'un député de gauche.

Le juge chargé de l'enquête dévoile la participation de l'armée et de la police.

Z est directement tiré du roman de Vassilis Vassilikos, lui-même inspiré par l'assassinat du député Grigoris Lambrakis à Thessalonique en 1963. (Avec comme juge d'instruction dans cette affaire Chrístos Sartzetákis, qui deviendra président de la République de Grèce de 1985 à 1990.)

 Les opposants inscrivaient cette lettre sur les murs pour protester contre l'assassinat de Grigóris Lambrákis.

Z 9/13

https://www.youtube.com/watch?v=VkS1TheXViA

Un député de gauche assassiné, un juge qui mène l’enquête, les pressions, l’armée, la police, rarement l’ambiance d’un thriller n’a été aussi pesante.

Prix du jury et prix d’interprétation pour Jean-Louis Trintignant au Festival de Cannes 1969, Oscar du meilleur film étranger, a pourtant failli ne jamais exister.

Tout commence par un échec, celui du deuxième film de Costa-Gavras, L’homme de trop.

En 1967, désabusé, le réalisateur décide de retourner en Grèce, sa terre natale, pour voir ses parents et son frère, Tolis.

Ce dernier lui glisse un livre dans son sac de voyage en le raccompagnant à l’aéroport.

 « Dans l’avion, raconte Costa-Gavras dans ses mémoires Va où il est impossible d’aller (ed. Seuil), je sors le livre de mon sac.

 Un énorme Z orne la couverture, l’auteur : Vassilis Vassilikos.

 Première réaction atavique, impulsive : « Un titre idiot » (…) J’y entre sur la pointe des pieds, comme on entre dans un lieu tout en se demandant : qu’est-ce que je fais là ?

Je découvre au fil des pages les détails d’un assassinat que je ne connais que très vaguement.

Des assassinats, dans la Grèce d’après-guerre, il y en a eu pour tous les goûts, politiques, crapuleux, extrémistes… Celui-ci est de nature inédite.

L’enquête est passionnante, avec des découvertes imprévisibles, des personnages d’une vérité poignante. »

Z en réponse à la dictature

Deux jours plus tard, le 21 avril 1967, les Grecs se réveillent sous l’autorité d’une junte militaire qui vient de renverser le gouvernement.

C’est le début de la dictature des colonels.

Costa-Gavras retrouve ses amis Yves Montand et Simone Signoret, Jorge Semprun et sa femme Colette à Paris dans un bistrot où ils ont leurs habitudes.

Le déjeuner « se transforme en réunion de crise, empreint d’une émotion furieuse, se souvient le cinéaste. Les questions restent sans réponses.

Quelle attitude adopter ? Jorge a, sinon les réponses, les analyses les plus justes. »

Les deux amis décident alors d’adapter Z.

Première étape : acheter les droits du roman. Vassillis Vassilikos est en fuite en Italie. Costa-Gavras le retrouve à Rome.

Etonné, l’écrivain donne son accord et vient trouver refuge en France à l’invitation du cinéaste.

Costa-Gavras va en écrire le scénario en s'en inspirant, inscrivant son film dans un contexte politique fort où il dénonce le totalitarisme, mais aussi les rouages politiques, les liens avec la justice, le pouvoir, la dissimulation, le rôle de l'armée ou encore la manipulation à une époque où cette actualité était très forte et présente notamment dans le monde occidental et en Grèce.

  Le scénario nous fait suivre l'enquête d'un juge d'instruction qui tente de savoir où est la vérité et s'il y a un complot après la mort d'un député opposant au régime totalitaire.

 Le jeune magistrat n’éprouve aucune sympathie pour la gauche politique, ni pour le communisme, ni même pour le parti du « Docteur ».

Mais, intègre, il tient à faire toute la lumière sur l'incident.

 Il découvre rapidement des indices et des contradictions (avec l’aide  des médias et leur quête de vérité incarné dans ce film par le journaliste interprété par Jacques Perrin)  qui lui font conclure qu'il s'agit en fait d'un assassinat, exécuté par des membres d'une organisation d'extrême droite, les CROC (Combattants royalistes de l'Occident chrétien).

Surtout, alors que, dans son entourage, tous lui demandent de s'en tenir à la thèse de l'accident, il comprend que toute l'affaire a été préméditée, montée et planifiée par les commandants de la gendarmerie de la région.

Au cours de l'enquête, il s'avère que même les plus hautes autorités de l'État sont impliquées.

Malgré tous les obstacles, le jeune magistrat ne renonce pas à poursuivre son enquête.

Les résultats de celle-ci obligent bientôt le pouvoir politique à reconnaître les faits.

La hiérarchie militaire est accusée d'avoir organisé, puis couvert, l'assassinat.

Le procès a lieu, mais le jugement se révèle très clément envers les prévenus.

 Surtout, les sanctions touchant les officiers supérieurs ne sont pas rendues publiques.

Ce verdict déclenche une vague d'indignation générale et le gouvernement démissionne.

 Mais, alors que les sondages prévoient une large victoire de l'opposition aux élections, les militaires prennent le pouvoir.

 Costa-Gavras  donne à son récit une atmosphère angoissante et intense mais surtout réaliste, ce qui le rend d'autant plus effrayant.

Il étudie de manière puissante et fine les liens entre le pouvoir, l'armée, la justice.

Même si le nom du pays n'est pas mentionné il est évident que le film se déroule en Grèce sous le régime dictatorial des colonels.

L'ambiance du film est très sombre.

Toutes les scènes concernant le meeting du député sont extrêmement tendues.

Collant au plus près des corps, des visages et de l'action, le cinéaste parvient à retranscrire avec force le climat d'oppression et de violence d'une nation gangrénée par la corruption, s'interrogeant sur l'étrange haine que suscite un discours et des idéaux pourtant pacifistes.

Le reste du film est consacrée à l'enquête du juge qui ne paye pas de mine mais s'avère redoutable.

Une investigation qui permet cependant de mettre à jour toutes les magouilles du régime en place, de la main-mise des autorités et de la manipulation des masses, les puissants liguant comme toujours les classes les plus modestes les unes contre les autres et utilisant les êtres comme de vulgaires pions dans leurs incessants jeux de pouvoir.

Le pouvoir central exerce des pressions sur la justice.

L'armée et la gendarmerie ne sont pas neutres.

Le climat est violent bien que le député est un pacifiste.

 Le pouvoir manipule des groupuscules extrémistes qui provoquent et vont même jusqu'à donner des coups de matraque sur les pacifistes devant la police qui reste impassible.

Bref c'est un vrai réquisitoire contre le régime des colonels.

 Mai 1968 interrompt la préparation du film.

En juin, elle reprend et le tournage débute en juillet en Algérie.

Reste à monter le film avec Françoise Bonnot.

 « La musique du film ne pouvait être que celle de Mikis Theodorakis [Zorba le Grec]. J’avais fait plusieurs essais en cours de montage, elle se mariait harmonieusement avec les images en leur apportant un souffle d’émotion. Mais Mikis était exilé par les colonels dans un village du Péloponnèse, Zatouna, et j’avais besoin de son accord. »

Il lui faudra procéder aux ruses les plus recherchées pour finalement obtenir le soutien du compositeur grec sur un paquet de cigarettes.


Le reste est historique.

« Le premier grand film politique », titre L’Express.

Sorti en février 1969, le film grossit ses entrées de semaine en semaine jusqu’à devenir « le phénomène de l’année ».

Z est un film algérien coécrit et réalisé par Costa-Gavras et Ahmed Rachedi, sorti en 1969

 est choisi pour représenter la France au Festival de Cannes.

C’est pour l’Algérie, en revanche, que a gagné l’Oscar du meilleur film étranger.

Troisième long-métrage du cinéaste Costa-Gavras et premier de sa trilogie politique comprenant les brillants L'Aveu et État de Siège et étudiant les même thématiques autour de la politique et le totalitarisme, Z se révèle être du puissant cinéma engagé doublé d'un brillant thriller politique.

Les citations de Costa-Gavras sont extraites de son autobiographie Va où il est impossible d’aller (éditions Seuil).

Jamais ennuyeux malgré ses deux heures, Z bénéficie bien entendu de la qualité de son interprétation, le casting étant composé notamment de Jean-Louis Trintignant, de Yves Montand, de Charles Denner, de Jacques Perrin, de Jean Bouise ou encore d'Irène Pappas, tous fabuleux.

Loin d'être académique, la mise en scène de Costa-Gavras est tout bonnement percutante, proche du documentaire tout en restant purement cinématographique, couplée à un montage pertinent et à une bande originale composée par Mikis Theodorakis, alors prisonnier sous le régime de l'époque.

 Z est un réquisitoire puissant contre toute forme d'oppression, une pièce importante dans le cinéma contestataire, aussi passionnante que nécessaire, dont le final, tombant comme un couperet, nous rappelle que tout cela n'est malheureusement pas que de la fiction……………., et qu'il y aura toujours une autorité corrompue pour nous duper.

Z

La démocratie en danger

En grec Zêta est l'initiale de Zi qui signifie "il vit", ou "il est vivant".

Z, ça veut dire qu'il est vivant.
Il est vivant, et il parle.
Et pourtant, ils ont tout fait pour le faire taire.

Ils ont fait pression sur les propriétaires de salles, pour qu'il ne puisse pas faire ses discours.
Ils ont mis des policiers en civil parmi les manifestants, pour échauffer les ardeurs et créer des débordements.
Ils ont arraché les affiches et intimidé les opposants.
Ils ont menacé un député.
Et quand ils ont vu que cela ne suffisait pas, ils l'ont tué.
Mais est-ce qu'on tue une idée ?
Est-ce qu'on emprisonne une démocratie ?

Oui.
On peut emprisonner une démocratie.

Par petites touches, sans s'en rendre compte.
Par une alliance contre nature entre militaires, politiciens, groupuscules extrémistes, religieux.
Par le mensonge érigé en méthode de gouvernement.
Et par la complaisance passive d'habitants qui trouvent préférables de s'aveugler.

Z est un film cynique qui vous mettra en colère, il parle de la défaite de la vérité, de la défaite de la justice.

Costa Gavras filme un thriller politique tendu ou le suspens se crée a coup d'alibi plutôt que de courses poursuite.

Film légèrement daté dans sa réalisation, mais complètement accrocheur et stressant, servi par un excellent casting que Jean Louis Trintignant survole avec une sobriété qui colle parfaitement à l'ambiance de ce film qui vous remuera.
Ne pensez pas que Z soit un film d'une époque révolue.

Même s'il parle du coup d'état et de l'installation de la junte militaire en Grèce à la fin des années 60, il est douloureux de constater qu'en Grèce (comme ailleurs) les juntes se suivent même si elles ne se ressemblent pas.

A l'époque junte militaire; aujourd'hui junte économique et financière.

Si comme l'a dit Baudelaire la plus grande ruse du diable est de faire croire qu'il n'existait pas, je dirais que la plus grande ruse des dictatures et des totalitarismes en tout genre est de faire croire qu'ils n'existent plus.

Ils se sont cachés sous le masque bonhomme de la démocratie d'apparat dans laquelle nous vivons.
Plus les choses changent, plus elles restent les mêmes…..Tout changer pour que rien ne change…..

Dans les années 1980, Costa-Gavras occupe le poste de président de la Cinémathèque française.

 En février 2008, il préside le festival du film de Berlin et en 2014, il est président du jury du 40e Festival du cinéma américain de Deauville.

 Chacun de ses films est, pour lui, l'occasion de témoigner de son engagement dans ses idées et de délivrer un message à propos du pouvoir.

 https://www.youtube.com/watch?v=tiLNw9q2dQM

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