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Billet de blog 30 novembre 2024

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Comment en est-on arrivé là ?

Ils (les bourgeois) ont juste oublié de dire « Jaques a dit…. »……

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Comment en est-on arrivé là ?

 Ils ont juste oublié de dire « Jaques a dit…. »……  

 « Elle a raison…..elle a juste pas préciser que ce sont les riches et les bourgeois qui vont très bien à 65 ans….. »

 « À 65 ans, on est encore en forme ! » - Une député macroniste défend la réforme des retraites 

 https://www.youtube.com/watch?v=K5UrwUnbCDY    

Edouard Louis souligne que si la politique est un détail dans la vie des bourgeois, elle peut signer la mort de celles et ceux qui n’ont rien.

 “Pour les dominants, le plus souvent, la politique est une question esthétique : une manière de penser, une manière de voir le monde, de construire sa personne. Pour nous c'était vivre ou mourir.”

 Edouard Louis expliquent : "Les bourgeois ont les moyens individuels de pallier aux décisions politiques qui les impactent. Pour eux, la politique est un loisir."

https://www.audible.fr/blog/edouard-louis-un-auteur-social-et-politique

 « Ce que la bourgeoisie n’a pas supporté, c’est que je refuse d’être leur pauvre ». Entretien avec Édouard Louis 

https://www.contretemps.eu/entretien-edouard-louis/

Qui a tué mon père commence sur ce retour, je retrouve mon père après quelques années, sans l’avoir vu.

Une histoire de transfuge de classe : je suis quelqu’un qui a grandi dans un milieu où les gens ne faisaient pas d’études, toute ma famille a arrêté l’école très jeune, à 14 ou 15 ans ; mes parents n’ont jamais pu quitter le village dans lequel j’ai grandi, un petit village du nord de la France que je décris dans En finir avec Eddy Bellegueule ; et moi, pour plein de raisons compliquées, j’ai miraculeusement pu faire des études, j’ai étudié la philosophie, la sociologie, j’ai commencé à écrire des livres, je suis venu vivre à Paris… et donc la communication avec ma famille est devenue assez difficile à cause de cette distance de classe entre nous.

Il y avait une forme de violence objective entre nous : on ne parlait plus le même langage, on n’avait plus les mêmes manières de penser… Et donc j’avais arrêté de voir ma famille pendant plusieurs années, parce qu’on n’y arrivait plus, on n’arrivait plus à se parler.

On ne se connaissait plus.

Mais au bout de quelque temps j’ai revu mon père, et c’est là que commence le livre.

J’ouvre la porte et là je vois que mon père, qui est très jeune, il a 50 ans, a le corps tout simplement détruit : il ne peut plus marcher, il ne peut plus respirer sans une machine, il a plein de gros problèmes de santé, sans avoir de grave maladie, de cancer, etc.

Et l’état de son corps est tout simplement dû à la vie qu’il a eue, qui lui a été imposée par la société, par le monde social…

Et donc c’est pour ça que le rapport à mon père a changé par rapport à En finir avec Eddy Bellegueule, car ce n’est plus le même père que je retrouve, ce n’est plus le même homme que je retrouve.

J’ai changé, et il a changé aussi.

Durant toute mon enfance mon père a voté pour le Front National, maintenant il vote à gauche, et bien d’autres choses….....

Donc s’il n’y a pas de point d’interrogation au titre c’est parce que, dès que j’ai ouvert la porte et que je l’ai vu, j’ai tout de suite pensé Sarkozy, Chirac, Hollande, à leurs décisions, à ce qu’ils ont fait.

 Je n’ai pas eu besoin de produire une construction intellectuelle et politique a posteriori pour me dire que l’état du corps de mon père est dû à la politique, au fait que les classes dominées ont un corps plus impacté par la politique que les classes dominantes parce qu’elles ne sont pas protégées par l’argent, par le capital culturel…

Je n’ai pas eu besoin de refaire cette construction parce que, pour moi, la politique représentait des souvenirs aussi personnels qu’une conversation avec mon père, qu’une balade en voiture, qu’un souvenir d’enfance avec lui, que ce que ma mère me disait de leur histoire d’amour… 

 Je me souviens par exemple, quand on était enfants, lorsqu’on est passé du RMI au RSA, que mon père a été harcelé pour retourner au travail, que la surveillance auprès des personnes sans emploi a été multipliée par 100 pour les contraindre à retourner au travail à tout prix.

Je m’en souviens, je m’en souviens très personnellement : les institutions qui contactaient mon père, qui l’appelaient, qui lui envoyaient des courriers, pour lui dire que s’il ne retournait pas au travail il allait se faire supprimer ses allocations et qu’il allait mourir de faim.

Ce sont des souvenirs très personnels et donc, en le voyant, je savais.

Après, il fallait trouver une manière de le mettre en forme, une manière de le dire, et c’est ce que j’ai essayé de faire.

Son corps a été fissuré par cette violence sociale, et j’ai vu des choses que je ne pouvais pas voir lorsque j’ai écrit En finir avec Eddy Bellegueule : j’avais 18 ans, je n’avais pas vu mon père depuis longtemps, je l’avais vu dans un autre état…

Et là, je l’ai vu dans une autre vérité, à cause de ce qu’il a subi.

 Qui a tué mon père est beaucoup plus axé sur la violence politique, la violence de classe qui s’abat sur les classes populaires, sur des gens comme mon père.

Ce ne sont évidemment pas des phénomènes qui se contredisent ou qui s’affrontent : si j’avais envie de résumer en une phrase le fil conducteur de mes trois livres, ce serait de dire qu’il s’agit d’un questionnement autour du fait que l’on n’est pas seulement victime de la violence que l’on reçoit, mais aussi de la violence que l’on exerce.

Dans Qui a tué mon père par exemple, je raconte qu’à cause de la domination masculine, mon père ne devait jamais dire « Je t’aime », parce qu’il devait être un vrai homme, un vrai dur.

Il y a une idée de Bourdieu que je cite souvent, que je trouve très importante et très belle, qui consiste à expliquer que puisque l’on enlève tout aux classes populaires, capital économique, capital culturel, capital social, accès au voyage – mon père n’a jamais voyagé -, la seule chose qu’on leur laisse, et encore pendant pas très longtemps, c’est leur corps.

Et donc il ne faut pas s’étonner s’il existe dans le milieu dans lequel j’ai grandi, chez des gens comme mon père, une idéologie de la force, du corps, de la masculinité, car c’est tout ce qu’il a, et que l’on construit tous une idéologie autour de ce qu’on a, surtout si c’est la seule chose que l’on a…

On est tous obligés de faire ça, c’est presque un mécanisme de survie.

Il y avait donc à la maison une idéologie de la force, de la domination masculine, et au sein de cette idéologie un homme ne devait jamais dire « Je t’aime », il y avait une forme d’agressivité à l’égard des femmes, des gays, de toutes les personnes qui semblaient sexuellement « déviantes »… Et c’est à cause de ça que ma mère a quitté mon père alors qu’il l’aimait à la folie, et c’est probablement une des choses qui l’a détruit.

C’est là que l’on voit que l’amour est aussi une question politique, une question de rapports sociaux : lutter contre la domination masculine, c’est aussi lutter pour la capacité à dire « Je t’aime », et à être sans doute moins malheureux.

Mon père a été piégé dans la violence qu’il exerçait, qui était elle-même produite par une violence sociale qu’il subissait.

Ce sont tous ces phénomènes dont je parle dans mes livres.

Cela concerne aussi le vote pour le Front National : mes parents votaient pour le FN parce qu’ils se sentaient abandonnés par la gauche, qui ne s’occupait pas d’eux, qui avait abandonné les classes populaires, qui ne parlaient pas d’elles, et ils avaient l’impression que les seuls qui s’intéressaient à eux c’était le Front National.

Voter pour le Front national est un acte violent, un acte d’hostilité contre les étrangers où ceux qui sont perçus comme tels, contre les gays, contre beaucoup de gens… mais dans leur cas comme dans bien d’autres c’était la conséquence d’une violence sociale et politique qui est encore plus grande.

Ce que j’essaie de faire, c’est une double critique de la violence, en montrant que la violence est tellement puissante qu’elle n’est pas seulement reçue par les gens, les détruisant, mais qu’elle s’impose en eux, dans leurs corps : les forces sociales qui produisent la violence te poussent à l’exercer toi aussi, ce qui, à terme, te détruit également.

C’est une des choses qui a été mal comprise dans la réception de mes livres, peut-être moins, en tout cas je l’espère, avec Qui a tué mon père.

 La suite ici :

https://www.contretemps.eu/entretien-edouard-louis/

   RETRAITES : LES MACRONISTES ENTERRENT LA DÉMOCRATIE PARLEMENTAIRE

https://www.youtube.com/watch?v=iaC76gGdRgE

  LE PLAN REDOUTABLE DE L'EXTRÊME DROITE POUR PRENDRE LE POUVOIR

Dans ce nouvel épisode de Doc doc doc, Nicolas Houguet nous plonge au cœur d’un constat inquiétant : la montée de l’extrême droite, en France et ailleurs.

 À travers des événements récents, comme l’assaut du Capitole ou les élections successives marquées par une colère sociale grandissante, il explore les raisons de cette progression.

Entre paniers vides, mépris des élites envers les classes populaires, et un discours politique souvent déconnecté, les digues cèdent face à une rage croissante.

 Les électeurs, fatigués et désabusés, se tournent vers ceux qui, malgré leurs discours extrêmes, leur parlent directement.

 Le RN, poli et discipliné, s’impose désormais dans l’espace politique, cohabitant tacitement avec une droite complice, tandis que les médias, souvent complaisants, laissent sa rhétorique s’installer.

 Une analyse essentielle pour comprendre ce naufrage démocratique et les défis de notre époque.

 https://www.youtube.com/watch?v=9PPOpCPFDX4

Il faut secouer le cocotier.......

Souvent on me traite de "raleuse".......mais nous sommes là pour les soutenir ( nos élu.e.s) mais aussi pour leur dire ce que nous pensons.....et franchement ils acceptent qu'on le leur dise......

Ils ont tellement de travail que ce que nous leur disons les aide à faire le point bien souvent.......à trouver une voie......à changer d'avis.......

Ils connaissent notre colère, notre impatience........nous leur demandons d'accélérer maintenant.......çà fait trop longtemps que çà dure pour ceux et celles qui souffrent des injustices, des inégalités, du manque d'argent, de la maladie due à tous leurs problèmes.............

La lutte des classes et la lutte contre la pauvreté est la base de la Gauche......

Pourquoi est ce que cela devient si fort le discours de l'extrême droite ????

Pourquoi les gens n'entendent qu'eux ???

Se poser les bonnes questions et y répondre......voilà leur travail......

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