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Billet de blog 28 février 2025

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D'autres Betharram : mêmes causes, mêmes conséquences

3 conditions réunies autorisent les abus en école privée : une structure facilitante : l’internat, la conjoncture d’encadrants s’autorisant les violences et de témoins passifs ou complices, et enfin des parents défaillants.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C'est le niveau de la violence impulsée ou tolérée par l'autorité qui donne la mesure de ce qui sera toléré par les différents acteurs, qu'ils soient actifs ou passifs. Cela a été mis en évidence dans certains drames historiques.

Les abus sont favorisés par l'état de faiblesse, de vulnérabilité, et par la "fermeture" du milieu dans lesquels ils se produisent : milieu social fortement hiérarchisé fonctionnant de façon très fermée, que ce soit une famille ou un groupe social plus large, que ce soit une structure privée ou publique.... Que peut-on faire à titre individuel ? Témoigner.

Les victimes directes de ces violences ne rendent publiques leurs plaintes que quand elles se convainquent qu'elles sont autorisées à le faire. Par ses actions, Alain Esquerre a libéré la parole de d'autres victimes. Celles-ci s'étaient peut-être confiées auparavant dans leur sphère privée, laquelle n'a pas jugé utile de faire remonter ces abus à quiconque, par manque d'empathie ou par soumission à l'autorité à laquelle on a confié son proche.

Je remercie les anciens élèves de Betharram qui ont osé se déclarer victimes de violences. La résilience est fragile, un nouvel événement traumatique peut ouvrir la boîte de pandore. Et il y a les victimes qui ne s'en sortent pas.

Quand à ma propre scolarité, 12 ans en internat dont 6 en écoles privées, l’arrivée dans le public a été un vrai soulagement. Si mon passage à Beaulieu, à Salies-de-Béarn, a été rude, j’avais déjà subi la violence institutionnelle au cours de mes trois années précédemment passées à l'internat de l'institut Saint-Anne du Bouscat où je fus notamment harcelée et battue par sœur Solange tout au long de mon CE2. J’en héritais le réflexe de sursauter et de lever mes deux bras croisés au-dessus de mon visage dès qu’un adulte s’approchait de moi.

Enfin, je veux rendre hommage au collège Félix Pécaut de Salies-de-Béarn où j'ai fini par atterrir à la rentrée de 1971. J'y ai été encadrée par des adultes respectueux des enfants : surveillants qui n'abusaient pas de la vulnérabilité inhérente à la condition d'interne, professeurs compétents et dignes, passionnés par leur enseignement, principal novateur.

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