Il est de bon ton de voir dans les opposants à l'éolien industriel des gens de droite, forcément pronucléaires, voire des fachos, qu'ils soient dans des associations de défense de l'environnement ou pas. Des abrutis bornés qui ne comprennent pas que la France « a du retard dans les EnR », nouveau mantra du gouvernement et de nombreux parlementaires, encore plus pour l'éolien terrestre, dont l'image « vertueuse », qui commence à s'écailler, a soigneusement été construite à gros renforts de pub: "Enfants batifolant dans de grands champs verdoyants à l'ombre des pâles". On n'a pas encore trop osé vanter la présence d'éoliennes gigantesques en forêts ou en montagne, mais ça ne saurait tarder. Pour l'instant, on se contente de minimiser les dégâts sur la biodiversité, les ressources en eau, dommages considérés comme un moindre mal. Il s'agit donc d'un sujet tabou, sensible, qui divise. Des éoliennes, il en faut, quels que soit leur taille, leur impact sur l'environnement, leur utilité même dans des régions non ventées, le porteur de projet… Résister paraît égoïste voire infantile. Certains parlementaires (ceux mêmes qui ont voulu le démantèlement d'EDF rendent responsables aujourd'hui les députés qui résistent à cette illusion de mix énergétique égalitaire, générateur de progrès... de faire monter le prix de l'énergie !!!).
Il est vrai que la droite (même l'extrême droite malheureusement) s'est emparé du sujet, on l'a vu pendant les dernières élections. La raison tient en grande partie au silence des gens de gauche qui préfèrent pudiquement regarder ailleurs que de voir en face la réalité des territoires ruraux, méprisés et considérés comme une « réserve d'énergie » au service des citadins qui ne sauraient s'en passer, cela va de soi.
Les territoires ruraux en montagne se divisent eux-mêmes en différents espaces, en fonction de l'âge, des revenus, de la présence de gens influents ou pas, qui ont ou pas « leurs entrées » auprès de décideurs... Certains de ces espaces, peu peuplés, sont considérés comme des « territoires subalternes", très propices pour le coup à l'éolien industriel dont personne ne veut et à la colonisation par la grande finance, d'autant plus qu'il est facile de convaincre certains élus qu'une « manne » financière (étymologiquement : cadeau du ciel) va aider leur territoire abandonné. Or l'unique richesse de ces régions de montagne (mais n'est-ce pas celle de tous?) est une nature encore préservée, des ressources en eaux (combien de temps encore) et surtout de grands espaces dont le silence, silence visuel également, représente l'un des derniers refuges pour les dernières espèces sauvages : oiseaux, chauve souris, vipères, chats forestiers, loups maintenant etc.
Certains grands médias alertent sur le « risque écofasciste », à juste titre peut-être (cf Article du Monde du 3 janvier… précisément avant le passage à l'Assemblée de la loi sur l'accélération des EnR, le 10 janvier...). Ils ont probablement raison, et cela inquiète mais dénoncer cette menace ne devrait pas empêcher de s'informer davantage sur la réalité des résistances qui ne suscite que peu d'intérêt médiatique (même local).
Par exemple, celle menée depuis quelques mois par des activistes écolos anonymes dans les Monts du Haut Forez dans la Loire, au Col de La Loge précisément (Col situé à 1250 m d'altitude l'entrée des "Hautes Chaumes", joyau de la région Rhônes-Alpes, mais joyau encore méconnu, réservoir de biodiversité et d'eau). Ces grimpeurs invisibles (l'année d'avant, c'étaient des "campeurs") semblent soutenir la population locale qui lors de deux Enquêtes publiques (une officielle et une complémentaire) a largement exprimé son opposition au projet (deux consultations qui ont abouti à deux avis défavorables du Commissaire Enquêteur… vive la démocratie). En réalité, ils défendent surtout la biodiversité et dénoncent le Greenwashing incarné par EDPR, multinationale aux capitaux chinois et qataris.
Traités à coup sûr « d'écoterroristes » , ces jeunes gens ont mobilisé en deux jours plus de gendarmes que de gens dans les arbres...et ont sûrement pris de gros risques quand au même moment le promoteur, défendu par la force publique, multipliait de nombreuses infractions (passage par un chemin interdit etc... travail sur sol mouillé en plein Pôle Nature, financé par l'Europe, à proximité de captages, puisque le Col est un véritable château d'eau)…
https://www.lamontagne.fr/chambonie-42440/faits-divers/des-militants-ecologistes-suspendus-dans-les-arbres-pour-manifester-contre-le-projet-eolien-au-col-de-la-loge-loire_14220249/
Que va faire la gauche avec cette loi qui finira de museler les dernières résistances légalistes menées par des élus et/ou par le biais d'associations ? Qui pourra encore défendre une tourbière, une espèce protégée, des sources ??
Une élue de gauche, plus toute jeune, qui évidemment ne grimpe pas dans les arbres… mais observe, atterrée… .