Martouune (avatar)

Martouune

Etudiant en prépa maths spé

Abonné·e de Mediapart

1 Billets

0 Édition

Billet de blog 8 juillet 2021

Martouune (avatar)

Martouune

Etudiant en prépa maths spé

Abonné·e de Mediapart

Lettre à Manu !

Je ne crois plus en rien. J’ai 19 ans, en 2021, et je ne crois plus en rien... Ne comptez pas sur moi pour vous réélire au second tour, contre qui que vous soyez.

Martouune (avatar)

Martouune

Etudiant en prépa maths spé

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

              Monsieur le Président de la République,

Je suis Martin, un jeune étudiant comme un autre. J’ai la chance d’avoir une maigre bourse et des parents aimants et là pour moi, donc je vis bien, je me lève tous les matins pour aller en prépa, et bientôt à la fac. Je traverse la ville, rebelotte le midi pour manger, puis encore le soir pour rentrer. J’habite à Marseille. Et tout au long de mes allées et venues, à vélo, que vois-je ? De la misère. Toujours autant en 2021. « On » a beau la repousser, à coup de mobiliers anti-sdf tels des bancs avec accoudoirs ou autres, elle persiste, pourtant sous votre quinquennat. Vous qui aviez promis que, « moi Président », à la Hollande, il n’y aurait plus personne dans la rue, dans le besoin.

Et pourtant.

Et pourtant, il n’en faut que peu.

Peu pour résoudre des problèmes humanitaires, concrets, pas bien compliqués.

A manger, un toit, un travail. D’ailleurs, peut-être qu’un travail payé à sa juste valeur résoudrait les 3 à la fois.

Mais non, vous persistez. Gérer des crises, au jour le jour, covid, attentats, ouragans, ça vous savez faire (quoique). Mais vous occuper de personnes françaises ou sans papiers, abandonnées par la société ou réfugiées, ça non, ça vous est égal, ça n’existe pas.

Ceci dit, « il y a les gens qui réussissent, et les gens qui ne sont rien ». Un sage a dit cela, paraît-il.

On voit donc bien clair dans votre jeu ; c’est dommage ! Si j’avais été majeur en 2017, j’aurais sans doute voté pour vous au second tour. « Le moins pire », dans l’idée que vous tiendriez au moins vos promesses de front contre l’extrême droite, celles qui relèvent d’humanité et qui, donc, vous différencient de l’ « ennemi tout puissant », tout simplement. Eh bien non. Vous vous en fichez.

Elu grâce à des votes progressistes. Sur des promesses en l’air. Une fois de plus.

Pour quelqu’un incarnant le changement, la rupture, qui plus est après d’autres qui s’en revendiquaient tout autant, vous faites fort.

Ne comptez pas sur moi pour vous réélire au second tour, contre qui que vous soyez. Je suis certes jeune mais je vois déjà clair dans votre jeu. On ne se fait pas berner plusieurs fois. Réfléchissez vraiment à vos priorités. Pendant que vous faites tous les cadeaux du monde aux plus riches, à vos amis milliardaires, des gens meurent. Oui, meurent. Et de faim. Une mort bête, évitable, facilement, qui ne « coûterait » même pas un « pognon de dingue ». Et pourtant, été comme hiver, des gens meurent de chaud, de froid, dans notre beau pays qu’est la France, et vous n’y avez en aucun cas remédié. D’autres sont sous-payés, malgré leur dur labeur, et même une fois retraités.

Je ne crois plus en rien. J’ai 19 ans, en 2021, et je ne crois plus en rien. Ce n’est qu’en partie vous, vous en représentez l’apogée, mais vous avez détruit ma vie, mes espoirs. Ma volonté d’une vie juste, équitable, sociale, commune, humaine. Je vois bien que tout ça est vain, et je n’ai plus aucun espoir. Je n’ai plus envie de militer, plus envie de me battre pour mes profondes convictions de justice sociale. De toute manière, dans votre « démocratie », les avis divergents n’ont aucune place. Ne vous étonnez pas si vous perdez les gens, le demos, le peuple. Il arrive un moment où ne se fait plus berner. On abandonne juste.

Bonne chance pour votre réélection.

Vous aurez au moins ça sur la conscience, et ça, vous ne pourrez pas l’éviter : briser d’innombrables vies humaines qui ne demandent qu’à s’impliquer.

Dont la mienne : pourquoi, comment continuer à étudier dans un monde aussi cruel. Comment trouver la volonté de participer à ce monde dans lequel je ne me reconnais pas un seul instant. Cela aussi, vous l’aurez sur la conscience.

Ou peut-être pas. Peut-être que vous passerez outre, et passerez les 30 prochaines années de votre vie à me traiter d’assisté. Alors que je ne demandais qu’à participer à une vie commune. N’est-ce pas ironique ?

Mais me faire exploiter pour une société inégale et qui le restera ?

Non, merci.

Martin

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.