La banalisation de la violence dans le porno français
J’ai visionné la vidéo de Mediapart dans laquelle des victimes témoignent au sujet de la plainte déposée contre Jacquie et Michel. J’ai été profondément bouleversé par la colère et la douleur exprimées par ces femmes, ainsi que scandalisé par les injustices qu’elles ont endurées. Il est révoltant de constater que certaines d’entre elles subissent des agressions verbales ou des demandes d’actes sexuels dans la rue, sous prétexte que leur image a été exploitée dans des vidéos pornographiques.
Cette affaire met également en lumière la normalisation alarmante de la misogynie et de la violence envers les femmes dans le porno français. Les témoignages révèlent des scènes où les agressions sont justifiées sous couvert de scénarisation, renforçant une culture où la haine et l’objectification des femmes sont banalisées.
En attendant que la justice suive son cours, il me semble essentiel de prendre du recul pour réfléchir plus largement au phénomène mondial de la pornographie. Cette industrie soulève des questions fondamentales sur l’exploitation, les rapports de pouvoir et les impacts sociaux qu’elle génère à l’échelle globale.
LE #METOO PORNO FRANÇAIS
Je suis un homme, et je tiens à exprimer mon soutien total aux victimes femmes dans dans l'affaire French Bukkake. Il est profondément bouleversant de voir l’enfer que certaines d’entre elles vivent. Je comprends que la colère puisse parfois nous pousser à manquer de nuance, mais je suis avec vous dans ce combat. Vous ne méritez pas ces souffrances.
Cela dit, il est important d’aborder ce sujet avec rationalité et sans simplifications excessives. Par exemple, il serait injuste de dire que seuls les hommes consomment de la pornographie : les femmes y participent également. L’essentialisation ne résout rien, et réduire le problème à une seule catégorie de personnes est contre-productif. Tous les consommateurs de contenu pornographique ne sont pas des violeurs.
33,5 MILLIARDS DE VISTES
La misère sexuelle est un véritable enjeu dans nos sociétés modernes, souvent marquées par l’individualisme. Le capitalisme exploite ce besoin fondamental en créant des industries lucratives, comme OnlyFans, où beaucoup de femmes choisissent de s’engager pour des raisons économiques. Cela montre que le problème est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Les chiffres sont vertigineux. Rien que Pornhub à enregistrer en 2018 s'élève bien à 33,5 milliards de visites. Chaque année, plus de 110 milliards de vidéos pornographiques sont regardées dans le monde. 125 femmes sur 218, ont déjà consommé de la pornographie en ligne au cours de leur vie (57,34 %). Plus de la moitié de la population (50,40 %) présente un âge de première exposition compris entre 14 et 17 ans.
UN CONSOMMATEUR EST UN VIOLEUR, VRAIMENT ?
Je vous invite donc à éviter les raccourcis tels que « un consommateur est un violeur » ou « tout est la faute du consommateur », « c’est la faute des hommes ». Ce type de discours manque de nuance et risque d’éloigner des alliés potentiels. Votre combat est noble et nécessaire, mais il gagnerait à s’appuyer sur une analyse plus approfondie et des solutions concrètes.
MISÈRE SEXUELLE
Certaines créatrices sur des plateformes comme OnlyFans exploitent les besoins émotionnels et sexuels des hommes en jouant sur l’illusion d’intimité, un phénomène amplifié par les relations parasociales. En 2023, les utilisateurs d’OnlyFans ont dépensé 6,6 milliards de dollars, dont une grande partie a profité à une minorité de créateurs, tandis que la majorité gagne en moyenne seulement 180 dollars par mois.
Cette dynamique repose sur une monétisation agressive de la solitude masculine et des désirs naturels, transformés en produits lucratifs. Les hommes isolés ou vulnérables sont ciblés par des stratégies marketing qui exploitent leur besoin d’attention et de validation. Parallèlement, certaines créatrices cherchent un enrichissement rapide en capitalisant sur cette demande, souvent au détriment de relations humaines authentiques et de la santé mentale des consommateurs. Ce modèle économique normalise l’exploitation des désirs humains tout en renforçant les inégalités économiques et sociales, tant pour les consommateurs que pour les créateurs eux-mêmes.
DE LA CULTURE DU VIOL VERS LA CULTURE DE LA HONTE
Je crois qu’il faut sortir de la culture du viol pour aller vers une réflexion plus constructive, sans tomber dans la honte ou la culpabilisation stérile. Demander aux êtres humains d’arrêter complètement la masturbation ou toute forme de sexualité individuelle n’est pas réaliste. Nous devons dépasser une vision manichéenne du problème et travailler ensemble pour trouver des solutions concrètes qui respectent les besoins et les réalités de chacun.
OÙ SONT LES SOLUTIONS ?
La solution pourrait résider dans plusieurs axes complémentaires. Tout d’abord, promouvoir une pornographie éthique ou “féministe”, qui respecte les acteurs et actrices, et propose une représentation plus saine de la sexualité. Ensuite, il est essentiel de renforcer l’éducation à l’empathie, tant chez les adolescents que chez les adultes, pour lutter efficacement contre la misogynie, la misandrie et toutes formes de violence.
L'EXPLOTATIION DE LA SEXUALITE
Un autre aspect crucial est la “définanciarisation” de la sexualité, c’est-à-dire réduire l’exploitation économique des désirs humains. Cela inclut la lutte contre la misère sexuelle, qui est souvent exacerbée par des systèmes capitalistes, comme le marché du dating en ligne. Ces plateformes tendent à objectifier leurs utilisateurs et manipulent leurs algorithmes pour maximiser le temps passé sur les applications, créant une frustration intentionnelle, notamment chez les hommes, afin qu’ils restent abonnés plus longtemps sans trouver de partenaire.
En abordant ces problématiques de manière globale et en proposant des solutions concrètes, nous pouvons espérer construire une société où la sexualité est vécue de manière plus équilibrée, respectueuse et humaine.