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Billet de blog 30 juin 2025

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Comment éviter tous ces placements abusifs?

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Illustration 1
Tristesse

Article 37 de la CIDE - Convention Internationale des Droits de l'Enfant - (extrait): Les États parties veillent à ce que nul enfant ne soit privé de liberté de façon arbitraire.

Une "justice" qui se déroule derrière des portes closes est une justice de dictature. Leur excuse de "fermer la porte pour protéger les enfants" est bidon. C'est eux-mêmes qu'ils protègent. Ils se protègent des journalistes, des comités de soutien, de l'opinion publique, de la démocratie. On voit le résultat: plus d'un placement sur deux est un placement abusif.

Comparons avec la justice pour adultes, qui se déroule en audience publique. Je ne crois pas que plus d'un détenu sur deux en France soit en réalité innocent. Il doit certes y avoir des erreurs judiciaires, ce genre de système ne peut pas être infaillible, mais un sur deux? Ca se saurait, n'est-ce pas?

Ce qui me choque le plus dans cette parodie de justice est que les parents n'ont aucun statut. Nous ne sommes pas des accusés. Si nous étions des accusés, nous aurions davantage de droits. Allez-y, accusez moi! Nous n'avons pas non plus le statut de victime. Nous souffrons, nous sommes soumis à un chantage émotionnel ignoble, on nous interroge, on nous guette, on écrit des rapports - mensongers quand ça les arrange - à propos de nos enfants et de nous-mêmes.

Article 16 de la CIDE (extrait): Nul enfant ne fera l’objet d’immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance.

L'ASE accumule les immixtions arbitraires dans la vie privée des enfants et de leur famille et dans leur domicile.

Nous sommes privés des droits juridiques les plus élémentaires, tels que le droit d'être entendu avant le prononcé de la peine, ou, pour notre avocat, le droit d'avoir accès au dossier avant l'audience.

"Ce n'est pas une peine, c'est une mesure de protection de l'enfant". Et ma vessie c'est une lanterne, quand je pisse ça éclaire. Bien sûr que c'est une peine. C'est une privation de liberté, pour l'enfant et les parents.

C'est une peine pour l'enfant. L'enfant est emmené de force. L'enfant est ensuite empêché de rentrer chez lui, en dépit de ses souhaits.

Préambule de la convention relative aux Droits de l'Enfant (extrait): Les Etats parties à la présente Convention reconnaissent que l'enfant, pour l'épanouissement harmonieux de sa personnalité, doit grandir dans le milieu familial, dans un climat de bonheur, d'amour et de compréhension.

C'est une peine pour les parents. On ne peut pas vous confisquer votre voiture, sauf si vous avez commis un délit, comme par exemple passer une frontière avec de la drogue dans cette voiture, mais on peut vous arracher votre enfant même si vous n'avez rien fait de mal. La saisie d'un véhicule par les douanes est une peine, personne ne le nie. L'arrachement d'un enfant est donc forcément aussi une peine. Nous tenons davantage à nos enfants qu'à nos véhicules, n'est-ce pas?

Etre empêché de voir son enfant est également une peine, une privation de liberté individuelle. Pour l'enfant et les parents, le placement est une privation du droit à la vie de famille.

Ils sont censés prendre en compte l'intérêt supérieur de l'enfant. Or, les placements, dans les conditions actuelles en France, mettent en danger des enfants. Plus le placement dure, plus l'enfant est traumatisé, et plus les risques qu'il lui arrive quelque chose de très grave augmentent.

Article 33 de la CIDE (extrait): Les États parties prennent toutes les mesures appropriées (...), pour protéger les enfants contre l’usage illicite de stupéfiants et de substances psychotropes.

Article 34 de la CIDE (extrait): Les États parties s’engagent à protéger l’enfant contre toutes les formes d’exploitation sexuelle et de violence sexuelle. (Ils) prennent en particulier toutes les mesures appropriées (...) pour empêcher (...) que des enfants ne soient exploités à des fins de prostitution.

Plus d'un enfant placé sur vingt est victime de viols, des réseaux de trafiquants de drogue ou des réseaux de proxénétisme.

Il ne devrait pas être possible de placer un enfant, dès lors que cet enfant a au moins un membre de sa famille qui souhaite s'occuper de lui, sans qu'il n'y ait en parallèle de procédure pénale engagée contre les parents. Si les parents tabassent, violent, prostituent ou négligent leur enfant, bien sûr qu'il faut le protéger et qu'il faut poursuivre les parents au pénal. En revanche, l'absence de procédure pénale signifie que les parents n'ont rien fait de mal. Dans ce cas, un placement serait forcément abusif et doit donc être interdit.

Je parle de "procédure pénale", pas de "condamnation". Il y a des cas où les procédures pénales prennent des années. Présomption d’innocence ou pas, on ne peut pas laisser un enfant chez un parent maltraitant en attendant de voir si le parent va ou non être condamné au pénal. Une simple inculpation doit suffire, avec la condition annexe que, si la procédure est classée sans suites, le placement doit être aussitôt interrompu.

Et les placements volontaires?

Lorsque qu'un parent demande le placement, par exemple en cas d'hospitalisation d'un parent isolé, le placement doit être possible mais avec le droit pour le parent de récupérer son enfant dès qu'il en fera la demande. Une assistante sociale qui tenterait de s'y opposer en disant "si vous demandez le retour de votre enfant nous saisirons le juge" devrait être elle-même condamnée au pénal. Si elle pense avoir une bonne raison de saisir le juge, qu'elle le fasse! Dans le cas contraire, elle rend l'enfant.

Lorsqu'un enfant capable de discernement demande à être placé, il est entendu par un juge pour enfants. Si le juge lui donne raison, le juge fait engager les poursuites au pénal contre les parents et place l'enfant. Si le juge estime que c'est juste un cas de grave désaccord (par exemple, un ado végan qui reproche à ses parents de manger de la viande), le juge demande à l'enfant où il souhaiterait aller (dans un internat par exemple, ou chez un autre membre de la famille, etc.) et cherche avec l'enfant une solution de séparation sans placement. Si l'enfant a au moins seize ans, le juge peut également décider de l'émanciper.

Manque de place dans les foyers

Il y a des enfants qui devraient être placés, qui parfois le demandent, et qui sont laissés chez eux sous prétexte qu'il n'y a pas de place dans les foyers. La solution crève les yeux : relâcher tous les enfants victimes de placements abusifs, et vous allez voir, il va y en avoir, de la place dans les foyers!

Vous avez une meilleure solution? Je vous écoute. Je me ferais même pousser plein de nouvelles oreilles tellement j'ai envie de vous écouter!

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