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Je voulais écrire sur le canal d'Aubervilliers, tant photographié par Doisneau. Canal des enfants pauvres de la misère. Mon père s'y baignait autrefois. Sans vraiment se soucier de ce qui flottait à la surface. Ou ce qui était enfoui au fond des marécages. Ma grand-mère y cueillait le pissenlit parfumé aux fumées des usines. C'était une promenade dominicale.
Aujourd'hui rien n' a changé. Le canal a ses berges plus ou moins entretenues. Des pêcheurs y croient encore, promenant l'hameçon à la surface de l'eau.
J' en étais là des pérégrinations cheminantes de ma pensée, attablée au café du Centre, lorsqu'un mouvement inhabituel se fit sentir du côté de la mairie. On se passa le mot : Hollande était là, rentré furtivement dans la salle des mariages. Il était venu à Aubervilliers, il y a quelques temps déjà invité par le Parti Socialiste, promouvoir son livre sur l'exercice du pouvoir. Là il était venu esquisser un cours sur l'importance de la représentation dans notre démocratie et de la nécessité du vote européen, distinguant subtilement l'appartenance à la France de ce qu'il qualifie d'environnement européen. Cours de morale civique à l'attention des jeunes nouveaux électeurs, qui récupéraient leurs cartes... On sait depuis des lustres que la persuasion passe par l'image. La figure d'autorité d'un ancien Président, jouant la carte du rapprochement, fait parti de ce type de protocole. Rapprochement vite limité. L'ancien Président en déplorant l'absence de lecture critique de la presse par les jeunes, a oublié sans doute les diverses réformes scolaires à ce sujet. A l'école on demande de développer un esprit critique, pas d'admirer les héros du roman national. Rapprochement aussi contrôlé par une équipe de sécurité qui réduisit à un comité restreint sa visite, sans aucune annonce. Cette fois-ci il était donc l'invité de la municipalité communiste. Le Parti socialiste, la droite et Jean Jacques Karman n'étaient pas invités. La Maire s'en excusa en expliquant les contraintes de sécurité.
François Hollande aime Aubervilliers, à condition de ne pas trop marcher dans la ville. Normal pour un homme normal qui ne prend pas le train en marche. Juste une voiture grise probablement blindée, à l'arrêt. C'est cela une démocratie représentative : la délégation. Une forme de statisme qui fixe les rôles une fois pour toutes. Ce n'est pas cela que réclament certains citoyens qui veulent participer à cette démocratie. Ils n'ont pas en vie de prendre le train en marche non plus, juste cheminer dans les ruelles du pouvoir pour y prendre le temps de penser par eux-mêmes.
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