Il était une fois un peuple qui hésitait à prendre en charge son devenir. Il était devenu insensible à l'aide d'une nouvelle marque de narcotique qui tuait le désir en peu de temps. Juste le temps d'absorber et vous étiez ailleurs. Finie l'attente, fini le temps dans cette durée qui par sa variation vous faisait préférer la ligne du progrès. Au moins le progrès ça a un sens, une direction.
Chaque matin elle se lève, emmène les enfants dans un lieu qui lui permettra de garantir son salaire, mange à midi, rentre, prépare le repas, et le temps qui reste est souvent soumis aux impératifs de son couple.
Il était une fois un pays qui se sentait à l'abri, somnolant grâce à ce nouveau médicament qui vous faisait aimer la terre entière à condition de ne pas être trop près de la scène.
La guerre c'était ailleurs. Les autres étaient loin. Dans les maisons on écoutait le Président normal jouer tantôt aux scènes de ménage, tantôt en secret avec le scooter de la banalité. Parfois il avait l'énergie d'entamer un long discours pour enthousiasmer sans doute les citoyens endormis.
Les normaux ne votaient que rarement.
Les normaux ne voyaient plus rien.
Les normaux soupiraient d'aise.
Partout ailleurs la terre tremblait.