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Billet de blog 13 mars 2019

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A Aubervilliers, portraits de... Fabbien Chardavoine

Aubervilliers : j'y suis né, j'y vis, j'y mourrai

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Illustration 1
© Fabbien Chardavoine El paparazzo

Toujours à la buvette du Monfort. Boissons à gogo, désinhibition collective... des cris parfois... Mais n'allons pas plus loin dans la description. Ce n'est pas le propos.

Je suis attablée avec Fabbien, dit El Paparazzo. Chauffeur poids lourds, photographe à l'écoute des petites vies, loin des feux de la rampe. Les feux il n'aime pas. 

Il vient d'une famille communiste. Aujourd'hui il a basculé - dans le champ lexical de certains - du côté de la droite. Déçu est un mot faible. Il est en colère contre ceux qui ont fait choir ces idéaux. Soyons claire : il parle de la mairie et des élus de la majorité communiste. Ses photos portent la trace d'un humanisme qu'il cherche désespérément dans une ville abandonnée à un pouvoir qu'il qualifie de "stalinien".

Et pourtant il l'aime cette ville ! Rien ne le fera partir. Sa femme aimerait bien aller sous d'autres horizons. Mais voilà, lui il est attaché à ce "village", qu'il redoute pourtant de voir se dissoudre dans une mégalopole sans âme. 

Il s'est converti à l'islam, par choix. Il y a trouvé l'expression de sa foi. Il ne s'agit pas de tout confondre. La foi est une aventure intérieure et personnelle. Sa femme porte le voile. Elle fait ce qu'elle veut. Il en a assez des mots à l'emporte-pièce. On cache derrière un autre voile des certitudes qui peuvent faire mal.

Il ne juge personne, mais les faux-semblants, le goût du pouvoir il n'en veut pas. 

En l'écoutant je pense à Platon disant qu'il faut confier le pouvoir de la Cité à celui qui n'en veut pas... celui qui met de côté ses intérêts propres. Le communisme n'a pas qu'un seul visage. 

Son regard clair porte une colère mêlée à une tristesse presque invisible. Le voile recouvre l'oeil accusateur. 

C'est un homme qui se bat avec toutes les limites de l'humain.

Un jour, peut-être, il reviendra...

mon fils...

me confie-t-il. 

Je me tais.

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