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Billet de blog 16 mars 2019

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A Aubervilliers, portraits de...Alain Sartori

Marcher sur le fil, tel un funambule

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Illustration 1

Alain marche sur le fil de ses souvenirs, fantômes de la nuit capables de faire chavirer la chaloupe lancée à la mer, décrocher l'homme adossé à la falaise, ou encore tomber le funambule. 

  • Président de l'association régionale Ile de France ARIF CEMÉA, à Cemea Ile de France, chef de Projet Agenda 21, à de Villiers-le-Bel, responsable associatif, Alain Sartori est un homme occupé...

Il tient ferme le fil, celui de son récit. Il serre la corde qui lui permet d'accompagner l'enfant sur le mur d'escalade. Il transmet à ses quatre enfants ce désir de vivre. Sa fille la plus jeune lui demanda un jour s'il préférait sauver la planète avec son poste agenda 21 ou diriger la maison de quartier avec les habitants. "J'aime cette question me dit-il".  

Son fils est chauffeur RATP. Il est heureux, c'est ce qui importe. "L'école ne devrait pas servir à l'esprit de compétition" me confie-t-il, soucieux de l'école publique.

Les projets c'est toute sa vie. Pas des voeux pieux, mais de réelles rencontres à l'écoute de l'autre. Il forme les jeunes à des sports de qualité, loin de l'éternel cliché du jeune de banlieue attaché à son ballon rond. Le canoë-kayak, l'escalade, c'est possible aussi à Aubervilliers. La réflexion, la culture... c'est pour tout le monde. Il défend l'éducation populaire.

Il a sa propre histoire qui prend naissance aux Courtilières de Pantin. Dans les serpentins il a connu la première grande douleur quand son frère plus jeune que lui, a trouvé la mort dans un accident avec sa moto.

Blessure que l'on raccommode, comme un accroc sur le tissu de la vie. La trace demeure. Sa mère ne supportera pas. 

Il rencontre celle qui deviendra la mère de leurs quatre enfants. Une histoire passionnée et difficile. Rimbaud écrivait "on n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans"... Une belle histoire vécue avec les divers héritages d'une culture qui s'impose à nous. Le temps a usé les relations du couple.

Ils se sont quittés. 

L'important c'est le présent me dit-il. "Je suis athée, je n'attends rien après la mort. La vie il faut la vivre dans chacun des instants présents " Son père est parti il y a quelques mois athée lui aussi, il souhaitait cependant plus que tout retrouver sa femme et son autre fils dans un au-delà indéterminé.

Il travaille sans cesse et a occupé de nombreux postes à responsabilité. Modestement. Il me sourit.

Le vertige, il s'en est fait une ligne de conduite.

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