Ce matin, à 4h30, j’entendais les coups de feu, du côté de Saint Denis.
Les medias télé répètent en boucle ce qu’elles ne peuvent dire. Exploit dans ce jeu avec les limites du discours ? Etat d’urgence…Etat de guerre…parole suspendue. Les médias dispersent le vent du vide de leurs analyses. L’assaut a commencé à 4h30 du matin…je vois les forces de l’ordre…je vois les pompiers, ils ne bougent pas… « il semblerait que… » …je suis à côté de la Basilique…
Alors regardons Tweeter…images, remerciements aux forces de l’ordre, images. Aucune analyse. On nous donne à voir le hors champ et les commentaires se noient dans la répétition des mêmes phrases.
On ferme les écoles. Fermeture à clef du savoir. C’est le triomphe de la force brute.
Ségolène est interviewée pour dire qu’elle ne dira rien…Air grave et yeux cernés malgré le maquillage.
Une femme Kamikaze est morte. Ouf ! Une information. Mais où sont les analyses ?
Les témoins parlent de leur peur. En fait il n’y en a qu’une. Elle parle en boucle. On lui a dit de tout éteindre. Elle voulait aller aux toilettes.
Le quartier est cerné. Est-ce cela qui est cause de la boucle ? Cette boucle du quartier ?
Centre-ville, circulaire lui aussi.
« Avez-vous des informations ? » Je peux juste vous dire ce que je vois répond le journaliste. Mais ma collègue est de l’autre côté de la rue. Elle a certainement une autre vision. Einstein aurait été ravi de cette expérience de relativité.
Ce qu’on sait c’est qui les policiers du raid ciblent commente une journaliste sur le plateau…Certes !
Ce qu’il faut dire à nos téléspectateurs c’est que l’on connaît le visage du cerveau des attentats…Certes !
Il n’était plus en Syrie…traduction de la journaliste : il n’était donc plus en Syrie.
Ecoutons pour la quinzième fois la voisine qui voulait aller aux toilettes…histoire de meubler.
Puis écoutons les fusillades.
Qui intervient ? Réponse : des hommes armés, avec des boucliers…
Retour à l’affaire Mérah.
Les terroristes ont laissé des traces. Ils croyaient mourir.
Il faut remettre les Renseignements Généraux.
Tout cela manque de lien ? Oui à l’image du discours de la télévision. L’important c’est d’être le premier.
Vous restez avec nous parce qu’on est debout depuis 6 heures du matin.
Finalement le conditionnel s’effondre. L’homme interpelé n’est pas le cerveau.
Quant à la télé elle a depuis longtemps renoncé à analyser la situation. Elle préfère distribuer des images, en récompense de nos silences.
Maryse Emel