MARYSE EMEL (avatar)

MARYSE EMEL

Abonné·e de Mediapart

172 Billets

0 Édition

Billet de blog 20 février 2019

MARYSE EMEL (avatar)

MARYSE EMEL

Abonné·e de Mediapart

A Aubervilliers, portraits de...Carlos Sémédo

Carlos Sémédo ou le cheminement sans fin

MARYSE EMEL (avatar)

MARYSE EMEL

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Carlos Sémédo. Directeur de la vie associative. Aubervilliers et lui une véritable histoire d'amour. La seule qui ait duré, dit-il en souriant. Oui cette ville j'y suis fidèle. Aubervilliers, quand je suis arrivé en France, clignotait pour moi de mille feux. Cette lumière, j'aime la retrouver dans le regard des gens . Quand on a ouvert les portes de la Maison des langues et des cultures, j'ai vu des yeux curieux, le désir et la joie. De quoi me donner l'envie de poursuivre cette route qui est la mienne.

Vous dites "les cultures"...

Oui je n'aime pas cette réduction à un universalisme comme "la  culture". Je rectifie sans cesse les dérapages. Je ne suis pas trop porté à la hiérarchie du fait, sans doute, de mon anarchisme. Alors dire "la" culture c'est un nivellement, une perte. Chacun a sa singularité. Chaque culture est propre à un groupe ce qui ne veut pas dire que je défends un quelconque enfermement communautaire. Simplement le tout se construit par ces multiples rencontres et croisements. Je viens d'un pays au passé colonial assez lourd : le Portugal. Je ne prétends pas régler la dette. Je suis juste quelqu'un d'engagé avec des convictions qui le portent vers les humains d'abord, la vie.

Le Portugal, parlez-nous en.

Illustration 2

Je suis né dans un lieu idyllique. Un village dans un parc naturel, où on vient faire aussi des cures thermales, Luso Bussaco. Puis j'ai été à Porto. J'ai connu la dictature, la prison. J'ai suivi une formation universitaire. Ingénieur puis histoire. Je suis arrivé à Aubervilliers. La ville lumière attachée à Paris. Je n'aime pas cette expression "Paris intra muros. Les frontières, j'y suis opposé. D'ailleurs tout ce qui est rigide, figé, je n'aime pas. 

J'ai commencé comme chargé de mission pour la ville. Lier le décousu, c'était de que je recherchais.

Je me souviens de mon grand-père. Il a fait la guerre de 14-18. Il s'est retrouvé dans un endroit où il ne parlait pas la langue... alors il observait. Chez lui il y avait un livre sur la bataille de la Somme. Ce livre j'y pense encore.

La Maison des langues et des cultures, c'est votre façon de voir le monde ?

Cette Maison n'est pas une école. Si elle le devenait ce serait une erreur. Elle est passage, mouvement, cheminement. On n'y trouvera aucune méthode clef en mains. Elle n'est pas espace clos sur l'apprentissage. Elle est expression de la singularité. Ouverture sur l'altérité qui en modifie la forme, les formes. Nullement un lieu qui duplique l'identique.

Vous-même, vous êtes en devenir, dans cette permanence

Je suis ce que je fais : artisan créatif de moi dans un monde où nous ne cessons de croiser l'autre, obstacle à une figure figée de soi.

Donc la retraite n'est pas un "the end".

La retraite est juste un moment administratif. Ni point, ni suspension, juste un point paragraphe.

Je pourrais dire de vous, que le désir et la liberté vous façonnent

Le désir pousse à l'action...

Oui, le désir c'est l'accomplissement de soi, la rencontre avec l'inachevé, ce "quelque part insituable", qui a pour nom Utopie, ce qui fait sens. Merci à vous Carlos Sémédo

Merci. Il me reste du travail dans ce jardin des senteurs...

Un jardin qu' Epicure, le vrai, celui qui défend un bonheur propre à chacun, n'aurait pas renié. 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.