Fleuriste. Tableau 1
Eduard être fleuriste ce n'est pas simplement réaliser un échange monétaire pour satisfaire un besoin. Un fleuriste n'est pas comptable. C'est ce que m'explique avec gravité Eduard, fleuriste fraîchement arrivé un soir proche de Noêl, au centre ville. Quarante ans de métier. Enfant son univers l'étouffait. Un univers rivé à une famille qu'il préfère quitter. Il s'installe dans l'import-export. Quelque part en Belgique. Cet esthète - on sent en lui un goût pour le beau, un goût qui fait de chacune de ses compositions, une pièce unique - cherche non pas à faire des bénéfices mais un voyage vers l'inconnu. C'est ainsi qu'il a quitté les Grands Boulevards dans le 10eme arrondissement parisien, là où il a côtoyé Lancôme, Flo, où il a décoré le Musée Grévin, là où la Coupole faisait appel à ses services. Et il est arrivé à Aubervilliers.
cette arrivée est recommencement.
Agrandissement : Illustration 1
Son métier est plus qu'un moyen de subsistance, le sécateur est rarement dans sa main - violence qui n'a pas lieu d'être en ce lieu. même s'il est bien conscient qu'il est soumis comme tout le monde à la loi du marché, loi qui n'est pas celle de la poésie, et qui peut très bien faire violence. .Rien de nécessaire non plus, sauf que ce qui fait l'humain, c'est son goût pour le superflu, ce qui par définition déborde ce qui nous est donné et que nous réduisons à l'usage.. Excès qui conditionne une humanité à venir qu'Edouard place dans cet amour gratuit pour les fleurs. L'humanité ne serait-ce pas ce geste répétitif du radicalement nouveau, dont l'enfant est l'image ? le porte-parole ? Les fleurs parce qu'éphémères nous placent elles aussi devant ce commencement sans cesse rejoué. Je suis devant les fleurs, comme devant ce visage qui me crie l'humain. Sa fragilité certes, mais aussi sa puissance à se dépasser. Je suis devant ce texte et vous remercie Eduard de m'avoir donné la clé de ma présence chez vous, au coeur de la vie