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Billet de blog 27 septembre 2015

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J'avais écrit un article que je transmets ici :

Actualites intempestives

comprendre sans renoncer

30 avril 2015

A quoi jouez-vous Michel Onfray ?

A quoi jouez-vous Michel Onfray ? Lettre ouverte … où on peut trouvez des liens avec les dernières élections.

Vous avez un site, une notoriété, des certitudes, un public acquis sur des lieux communs indignes de la pensée qui vous mènent à toutes les pires généralités. Je vous lis Michel Onfray, vous qui revendiquez la vérité. Un élève de terminale ne s’y tromperait pas : l’envers du mensonge n’est pas la vérité. Il est indigne de la pensée de ne pas se rappeler qu’il peut y avoir une vérité du mensonge. Si vous aviez été juif sous l’Occupation, ou tzigane, ou encore, homosexuel, comment auriez-vous appelé celui qui au nom de « la vérité » vous aurait livré à l’occupant nazi ? La sincérité d’une authentique pensée, voilà ce qui vous manque. Le mensonge mène au pouvoir écrivez-vous en conclusion d’une revue récente, Le 1hebdo, ((n°49)) reflet de votre pensée indigente. Elle aussi se dit philosophique, à coup de copié-collé, de références tronquées…rien de plus facile que de faire dire à un texte ce qu’il ne veut pas dire en l’extrayant de son contexte. Le peu de place consacré aux analyses en dit long sur les choix éditoriaux. Vous êtes « anti » philosophe. Votre anti manuel fut votre manifeste. Vous persévérez dans un lieu qui n’est même pas celui de l’opinion. L’opinion peut être juste et n’a pas, dans l’affirmation de sa subjectivité d’autre souci que de se poser dans sa relativité. Pour vous, aucune relativité, aucun doute… une suffisance qui montre que vous n’avez pas vraiment lu Descartes, s’inquiétant d’une nécessaire « vulgarisation » de la philosophie mais au sens noble du « commun » (vulgus). La philosophie doit être comprise au risque de sa difficulté. La difficulté, l’aporie, ce moment difficile où on attend parce que l’attente est fille du désir, désir de penser, d’aimer le savoir, le vrai, devient, dans votre prose, précipitation, quête de l’intérêt propre, le vôtre. Mais laissons là ces critiques d’un narcissisme qui n’a pas franchi le cap de l’oubli de soi, et commentons votre texte.

Je vous lis et je redoute les conséquences de vos généralités. De quel Platon nous entretenez-vous à la porte de la glorification de votre encensement personnel ?

Il valorise le mensonge ? Je vous cite Michel Onfray. Vous citez la République du même Platon ? Mais quel passage ? C’est amusant de voir qu’au moment où on attendrait un texte, il n’y a rien. Parce que vous oubliez la critique du mensonge du même Platon : les mythes et les sophistes, les peintres, les poètes… Il s’ en méfie. Nous ne sommes pas là pour commenter Platon. Juste pour pointer vos oublis. Je ne doute que vous ignoriez qu’il a écrit un texte plus tardif, les Lois, et aussi, et surtout, que chez ce philosophe, comme tant d’autres, la mobilité des concepts est essentielle. Vous savez aussi que les positions philosophiques ne sont pas de simples affirmations mais des partis pris qui supposent des arguments, justifications et fondements. Pour cela il faut construire une réelle problématique et se situer.

Où vous situez-vous ?

Machiavel dites-vous encore promeut le mensonge…pour garantir la paix, précise-t-il dans Le Prince, si on le lit de près.. Vous avez oublié Rousseau qui parle de ce « peuple assez simple pour le croire » et se soumet au premier homme qui lui parle bien – entendez par là le riche qui a tout intérêt à persuader le peuple de lui faire confiance, et invente ainsi la force de la loi…ou s’appuie, comme vous, sur la force de ses paroles pour son intérêt propre – ou Pascal encore, qui explique que la justice est une illusion nécessaire… pour que le peuple obéisse. Pour Machiavel, j’y reviens, la morale n’a pas sa place en politique. Le but du politique, du Prince, est d’assurer la sécurité des citoyens, la guerre (intestine ou extérieure) étant destructrice du politique et de la Cité…mais aussi consolidatrice du politique si on lit là encore Machiavel ou qu’on se souvient de Mitterrand. La vérité – comme si d’ailleurs il ne fallait pas aussi questionner cette singularité – , la vérité est un idéal, Monsieur Onfray, que vous semblez côtoyer, vous qui dites vous en tenir à l’écart. Bien sûr vous allez me reprocher mon « conséquentialisme » – je vous cite. La priorité accordée aux fins vous la refusez. C’est un choix. Mais ce refus du « pour » qui vous situe dans un immanentisme qui resterait à analyser, ne doit pas vous faire perdre de vue que certains philosophes ont contesté la morale pour les confusions induites et qu’au nom de la morale vous rejoignez un fatalisme de mauvais augure. Vous amalgamez d’abord : les mafieux des quartiers et les intégristes religieux (et longue vie à la métaphore M Onfray), préjugé dangereux indigne de la pensée. Autre confusion, le commerce et la communication, c’est-à-dire que vous nous faites douter des mots…pour que vous soyez le seul à parler ? Jouez sur les peurs est classique. Moins classique est ce doute à propos des mots. Seuls les silencieux seraient crédibles ? Est-ce cela votre parti-pris ? un scepticisme radical qui nous fait nous taire ? Pour entendre quoi ? que les méchants sont partout ?. Votre conséquentialisme est la mort de toute utopie, c’est peu original, mais c’est aussi la confusion. Car vous défendez un modèle de vie M.Onfray. Celui de la méfiance, de la haine de l’étranger, de la haine de la politique…Vous n’êtes pas un réel sceptique. Vous portez trop de certitudes, une pensée du chiasme ( publicitaire – intégristes/mafieux-commerçant) où de drôles de rapports s’établissent : le publicitaire est à l’intégriste ce que le mafieux est au commerçant… Racket, peur et profit : les règles de la communication ? ce que vous rackettez Monsieur Onfray, c’est l’intelligence.

Sur votre site vous écriviez :

« Notre occident est en décomposition : les adultes s’achètent des albums à colorier, ils se déplacent en trottinette, ils tétouillent des cigarettes électroniques, la femme à barbe constitue l’horizon indépassable du progrès post-moderne, ils conduisent leurs animaux domestiques chez le psychanalyste, ils marchandisent l’utérus de femmes pauvres pour porter les foetus de riches, ils se ruent sur les soldes comme des bêtes assoiffées sur un point d’eau, mais aucun d’entre eux n’est prêt à mourir pour ces fariboles.

Pendant ce temps, animé par la grande santé nietzschéenne, l’Islam planétaire propose une spiritualité, un sens, une conquête, une guerre pour ses valeurs, il a des soldats, des guerriers, des martyrs qui attendent à la porte du paradis. Refuser qu’il en aille, là, d’une civilisation qui se propose « le paradis à l’ombre de épées », un propos du Prophète, c’est persister dans l’aveuglement. Mais comment pourrait-il en être autrement ? L’aveuglement qui fait dire que le réel n’a pas eu lieu (ou n’a pas lieu) est aussi un signe de nihilisme ».

Qui porte en soi le nihilisme ? qui joue avec le feu…

Le silence est à vous Michel Onfray.

Maryse Emel

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