En cette période électorale et à l’heure où les bombes tombent tout autour de nous ; à l’heure où le réchauffement climatique et les inégalités en France et partout dans le monde mettent en péril les conditions d’existence de l’humanité sur Terre, il est plus que jamais nécessaire de crier que l’Université se doit de former des citoyens et des citoyennes libres, critiques et émancipé.es ; pas une main d’œuvre silencieuse et passive.
La vie étudiante et l’univers universitaire sont depuis toujours des lieux de formation intellectuelle, mais aussi politique, riches en débats, en rencontres, en contestations. « Bastion démocratique », pour reprendre le terme utilisé dans une tribune écrite par plusieurs présidences d’universités il y a peu, l’Université est un lieu qui vit au rythme de la société qui l’entoure, ouvert aux débats, aux contradictions et aux confrontations d’idées.
C’est un lieu bénéficiant d’une autonomie garantissant une large liberté politique et syndicale à ses étudiantes et étudiants, au moyen par exemple de la franchise universitaire qui stipule que le ou la présidente est « responsable du maintien de l’ordre et peut faire appel à la force publique dans des conditions fixées par décret en Conseil d'État ».
Attaquée depuis plusieurs années par des organisations politiques soucieuses de criminaliser tout type d’activité politique ou syndicale au sein des établissements, cette franchise garantit normalement de pouvoir penser et participer aux grandes manœuvres du monde en se formant une conscience citoyenne active et critique.
Que des voix réactionnaires clament qu’il faut remettre de l’ordre face à la « chienlit » étudiante qui serait agitée par une « minorité agissante » et par des partis politiques qui instrumentalisent la jeunesse, n’a rien de nouveau. Elles ont résonné face à chaque mouvement de jeunesse ou étudiant qui exigeait son droit et sa compétence à penser et à se mobiliser.
Cependant, nous constatons avec inquiétude depuis un certain temps et tout particulièrement depuis le début de l’invasion de Gaza, la criminalisation en cours des organisations étudiantes syndicales ou associatives, à l’instar de celle qui touche plus largement les mouvements sociaux et les organisations et individus qui les animent.
Nous observons la police toujours plus vite déployée dans les universités ; des étudiant.es convoqué.es par l’anti-terrorisme ou par des conseils de discipline pour des tracts ; des accusations publiques graves et du harcèlement à l’égard de voix critiques envers les pouvoirs français et israélien.
Il est urgent de dénoncer cette offensive contre l’Université en tant que lieu d’émancipation et de formation à la citoyenneté ; elle est dans la droite lignée des attaques précédentes contre le prétendu wokisme en cours (fantasme conservateur sans existence concrète), contre l’indépendance académique et scientifique, et qui prennent en particulier la forme de coupes budgétaires qui précarisent toujours plus le personnel académique et administratif, participant ainsi à son asservissement et sa passivité.
Sans même rentrer dans le fond de débats importants et brûlants qui ont justement toute leur place à l’Université, nous défendons son rôle primordial pour élever les consciences ici comme ailleurs. Car elle est à contre-courant des discours qui voudraient que les peuples se referment sur eux-mêmes et des politiques hostiles envers l’Autre, et qui prennent, malheureusement, de plus en plus d’envergure partout dans le monde.
Les partenariats, les recherches, les millions d’étudiantes, d’étudiants, de chercheuses et de chercheurs, qui traversent les frontières du monde entier tout au long de l’année prouvent chaque jour, qu’en plus d’être indispensables à la Démocratie, la production et le partage de savoirs sont au service de toute l’Humanité et de la Paix entre les peuples.