Il y a un peu plus de trente ans, les accords d’Oslo, signés sous l’égide des États-Unis en 1993 par Arafat et Yitzhak Rabin devaient déboucher, comme il est préconisé aujourd’hui, à une paix et l’hypothèse d’un État palestinien à terme à côté de l’État d’Israël.
Les accords prévoyaient une autonomie de l’autorité palestinienne, pour qu’à l’issue d’une période de cinq années, soient mises en œuvre les résolutions de l’ONU pour la création d’un État palestinien.
C’était un leurre qui prolongea non seulement le sort critique des Palestiniens et l’occupation progressive de leur territoire, mais a valu aussi la mort de ses deux signataires : Yitzhak Rabin, assassiné par un Israélien d’extrême droite, et Yasser ARAFAT, présumé empoisonné par je ne sais qui.
L’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 contre Israël, aussi mystérieuse que l’attaque du 11 septembre 2001 contre les Tours du World Trade Center aux États-Unis selon les dires de certains observateurs, a pris une tournure macabre pour les deux parties, à des degrés divers. Le point culminant de ces dramatiques évènements a, sans conteste, été l’objectif caché depuis la fondation de l’État d’Israël en 1948 : la réalisation des prophéties messianiques du peuple juif. Cet objectif consistait à créer un grand Israël s’étendant sur des terres censément données par Dieu et incluant la Palestine et certaines parties de l’Égypte, de la Jordanie, du Liban, de l’Irak, de la Syrie et de l’Arabie Saoudite.
La plupart des autorités religieuses juives ne cessent d’ailleurs de le proclamer. De plus, une grande majorité de la population juive, sensibilisée aux déclarations des Ravs et Rabbins, se déclare plutôt favorable à cette idée, à tout le moins pour la partie palestinienne. Pire, les autorités gouvernementales elles-mêmes ne cachent plus leur intention de faire de ce rite ancestral une réalité.
À cela s’ajoute évidemment le désir des États-Unis d’Amérique de faire d’Israël le gendarme du Moyen-Orient. Cela leur permettrait de sécuriser la région et ses assujettis, les royaumes arabes, et de retirer leurs armées et leurs équipements militaires de la région. Cela est d’autant plus possible qu’ils ne sont plus tributaires des ressources pétrolières du Golfe persique, étant devenus eux-mêmes autonomes grâce aux hydrocarbures du schiste.
Cela dit, quel est réellement le rapport avec les futurs accords de paix israélo-palestiniens que préconise Donald TRUMP, hormis la perspective de libérer les otages israéliens restants et de procéder à un échange de prisonniers.
À vrai dire, le leurre d’un hypothétique État palestinien n’a pas changé, les promesses de sa création ne seront probablement pas tenues. Mais l’insaisissable TRUMP a élaboré un stratagème conformément à ce qu’il a toujours voulu faire avec la bande de Gaza en particulier et avec le territoire palestinien en général.
Premièrement, les personnes chargées de mener ce processus sont choisies ; on y retrouve son gendre Jared Kushner et Steve Witkoff, son négociateur, qui sont tous deux des amis de Nétanyahou et qui partagent également une origine juive commune avec lui. Jared Kushner, qui n'est autre que le mari de la fille de TRUMP a été l’initiateur des accords d’Abraham en 2020 avec les états arabes (Bahreïn, les émirats, le Maroc et le soudan) en les persuadant que jusqu’à 15 milliards de dollars pourrait être mobilisé pour des projets économiques en Cisjordanie et à Gaza, dans le cadre d’un plan de paix plus large, le fameux “Peace to Prosperity”, mais cette proposition n’a finalement pas été incluse dans les accords et encore moins réalisée.
Jared Kushner est aussi un promoteur immobilier comme Donald TRUMP, il a, après les accords d’Abraham, créé un club d’investissements qui récolte à ses débuts pas moins de 2 milliards et demi, financé par deux négociateurs arabes autour du projet de Trump (l’Arabie Saoudite et le Qatar).
Un autre légume pour compléter la recette de la ratatouille TRUMPienne, l’ancien premier ministre anglais Tony Blair, que Nétanyahou doit apprécier, car il a été dans toutes les combines des guerres contre les Arabes fomentées par les États-Unis, et particulièrement celle contre l’Irak. On raconte même qu’il était à l’origine de la fiole de Colin Powell pour justifier injustement les armes de destruction massive de Saddam. Tony Blair s'est lui aussi recyclé dans le conseil en investissements grâce à un carnet d'adresses recueilli du temps où il était aux affaires politiques.
Au final, tous les ingrédients sont réunis pour faire de Gaza une riviéra autrement nommée, et un blanc-seing à Nétanyahou pour continuer ses basses besognes, quitte à les suspendre momentanément.
Un plan de paix qui ressemble étrangement à un rassemblement d’hommes d’affaires.
Massine TACIR, Écrivain Essayiste