Ne nous mentons pas à nous-même: je ne crois pas qu'un seul journaliste un peu sérieux considère que le commentaire de Jean-Pierre Toulemonde, écrit en 15 minutes sur son portable dans le métro, apporte un éclairage profond et documenté sur l'enquête que lui-même à mis des jours, des semaines, voire des mois à finaliser.
Jean-Pierre n'ayant pas, derrière lui, tout un comité éditorial, sa plume libérée de toute retenue est souvent acerbe, voir acérée, si ce n'est haineuse et souvent incompréhensible. Parfois, Jean-Pierre et Michèle se retrouvent pour s'insulter sans vergogne dans un fil sans fin de questions/réponses sans réels débats argumentés, ou alors hors sujet, pour la plupart. Ils se connaissent, s'invectivent régulièrement, ne sont jamais d'accord mais ne souhaitent pas l'être, se complaisant quand une déferlante de prises de position bien arrêtées, dogmatiques et souvent contradictoires.
La question elle est vite posée: en quoi cela apporte-t-il un éclairage différent et critique sur le thème abordé par l'article? Si le débat contradictoire les intéresse, ne vaut-il pas mieux lire un autre papier, dans un journal offrant un positionnement politique ou philosophique radicalement différent, plutôt que de poser là un commentaire aigri, le plus souvent hors-sujet?
"Vous n'avez qu'à pas les lire", me répondrez-vous.
Certes, mais cet argument vaut aussi pour les affiches publicitaires dont nous sommes pollués visuellement, "vous n'avez qu'à pas les regarder". Cependant, les commentaires en ligne se sont tellement imposés à nous, qu'ils sont maintenant discutés, raillés, et eux-mêmes commentés sur d'autres médias. Il devient difficile de les ignorer.
Je me trompe peut-être, mais leur utilité première est (était) avant tout mercantile: générer du traffic internet, donc du profit via les annonceurs, à l'affut de nos temps de cerveaux disponibles. Un article avec option "commentaire" va mobiliser l'attention du lecteur/senseur/contradicteur, "ce grand journaliste amateur", plus longtemps que ce même article sur support papier.
Mais alors pourquoi sur Mediapart? Il n'y a pas d'annonceur, pas de profits publicitaires, pas de cookies espions? Seulement la tendance, la fameuse tendance et le sempiternel "les autres médias le proposent, il nous faut nous aussi nous résoudre à le faire".
Je suis certainement naif, car je croyais que le lectorat de Mediapart, ce journal appartenant à ses lecteurs, serait plus modéré, moins vindicatif dans ses éventuels commentaires. Or, je ne trouve souvent que haine, rancoeur, petits règlements de comptes, positionnements terriblement dogmatiques ou carrément psychose obsessionnelle dans ce que je lis. Aucune mesure, aucun respect du travail de l'auteur de l'article. Ou alors noyé dans le flot des invectives.
D'où le titre de mon billet, quelle est l'utilité réelle des commentaires en ligne dans un journal sérieux, c'est à dire avec un vrai comité éditorial? Etait-ce mieux avant? Je crois que oui. Je pense que les articles de Bob Woodward et Carl Bernstein auraient peu gagné à être commentés dans l'instant par les plumes anonymes et nerveuses de John-Peter Everybody and Michèle Haters.
Imaginez
Jean-Pierre TLM: "Le Watergate n'est rien par rapport à ce gouvernement fasciste Macronien. Mais un jour ces imbéciles de Médiapart sauront reconnaitre que .... et de toute façon on va encore avoir droit à un commentaire idiot de Michèle qui ne comprend rien à rien comme d'habitude..."
Michèle H: "Tiens tiens voilà encore ce Trotskiste en robe de chambre de Jean-Pierre TLM qui nous parle de USA ... apparement, il reste et restera un pauvre scribe lénifiant travaillant en sous-main pour ses amis Mélenchonistes.."
S'il vous plait, taisez-vous. Ou allez sur un autre journal. Allez sur la chaine Youtube d'une émission à sensation. Là-bas, vous serez des érudits parmi les analphabètes. Je ne sais pas, ayez au moins le respect du travail du journaliste. Ou engueulez-vous en MP, ça nous fera des vacances.
... Vous pouvez bien entendu commenter à foison, je ne suis pas journaliste ;)
Toutes mes excuses par avance à tous les Jean-Pierre et les Michèle, j'en connais des adorables.