Le sujet de l'efficacité vaccinale mérite de s'y arrêter car il a des impacts majeurs sur notre quotidien avec l'introduction du Passe Sanitaire et de la vaccination obligatoire pour certaines professions. L'autre raison de s'y attarder et de revenir sur les discours et promesses gouvernementales et de les confronter aux faits. Enfin répondre à cette question est un élément clé de santé publique.
Une communication dithyrambique
Présentée régulièrement comme la solution miracle pour endiguer l'épidémie de Covid, la communication sur la vaccination a été plus ou moins cohérente au fil du temps.
Pas de garantie que le vaccin empêche « la transmission du virus » - Olivier Véran - 3 Décembre 2020 [1]
Les deux doses de vaccin protègent « à 95 % contre les formes graves et hospitalisations » - Arnaud Fontanet - 30 Juin 2021 [2]
Le vaccin « 100% efficace contre le confinement » - Olivier Véran - 8 Juillet 2021 [3][4][5]
Il faut donner la priorité au vaccin : c’est lui "qui prévient, qui a une efficacité de 95%" - Yazdan Yazdanpanah - 12 Juillet 2021 [6]
La vaccination « C’est 90 % d’efficacité contre les formes graves et donc d’hospitalisations » - Gilbert Deray - 12 Juillet 2021 [7]
Le vaccin réduit par 12 le risque de transmission et par 20 le risque de faire une forme grave - Olivier Véran - 13 Juillet 2021 [8]
« Importance fondamentale de vacciner les femmes enceintes » - Olivier Véran - 26 Aout 2021 [9]
Les vaccins « perdent une partie de leur efficacité après six mois. Ils protègent assez peu et mal contre la transmission et l’infection » - Jean-François Delfraissy - 17 Novembre 2021 [10]
Ce que l'on peut dire, c'est que le gouvernement et les membres du conseil scientifique ont fait le travail de communication, souvent bien synchronisé comme en juillet avec l'annonce de l'extension du Passe Sanitaire.
Mais quelle est la réalité de la protection offerte par les vaccins ?
Nous allons nous focaliser sur le vaccin le plus utilisé en France (Pfizer) qui représente environ 80% des doses injectées.
Commençons par l'étude contre placébo réalisée par Pfizer [11] sur 44 165 patients de plus de 16 ans sur une durée de suivie de 6 mois. Elle a été publiée fin décembre 2020. L'efficacité contre l'infection a été évaluée à 91,3% [interval de confiance 89,0-93,2%]. Seulement 31 participants ayant fait des formes graves au cours de cette étude, la fiabilité du taux de protection contre les formes graves n'est pas très bonne. Elle est estimée à 96,7% [interval de confiance 80,3-99,9%]. Cette étude annonçait déjà des inquiétudes sur la durée de l'efficacité contre l'infection en mentionnant une efficacité de 83,7% [interval de confiance 74,4-89,9%] 4 mois après la seconde dose.
Suite à la mise en œuvre de la vaccination à grande échelle à partir du début de l'année 2021, plusieurs signaux inquiétants sur la durée de l'efficacité contre l'infection sont arrivés d'Israël puis du Royaume Uni. Ils ont été confirmés par des études additionnelles réalisées par Pfizer et présenté à la FDA pour l'autorisation de la troisième dose. Le rapport remis par Pfizer à la FDA [12] présente une situation moins flatteuse sur l'efficacité de son vaccin. On y apprend que l'efficacité contre la contamination passe à 47% [interval de confiance 43-51%] après 5 mois. De plus cette étude montre une moindre efficacité sur les derniers variants, en particulier le variant Delta. Ces chiffres sont basés sur une étude de cohorte [13] réalisée entre décembre 2020 et aout 2021 sur les données du Kaiser Permanente Southern California (KPSC) sur 3 436 957 patients et financée par Pfizer. Cette étude annonce également une protection contre l'hospitalisation de 88% [interval de confiance 82-91%] après 5 mois.
Depuis, une autre étude réalisé sur la population suédoise [14] et publiée en Octobre 2021, donne un regard sur un horizon plus long concernant l'efficacité du vaccin Pfizer. Cette étude a été réalisée entre Janvier et Octobre 2021. Contrairement aux études précédentes, celle-ci a été réalisée de manière indépendante par l'université d'Umeå en Suède. Il s'agit également d'une étude de cohorte avec l'appariement de 842 974 personnes vaccinées avec le même nombre de personnes non vaccinées soit un total de 1 684 958 personnes. Cette étude trouve une efficacité contre l'infection symptomatique de 23% [interval de confiance -2-41%] pour le vaccin Pfizer après 7 mois. Pour les durées jusqu'à 5 mois elle retrouve de chiffres proche de l'étude du KSPC. Cette étude annonce également une protection contre l'hospitalisation de 74% [interval de confiance 47-87%] après 4 mois et 42% [interval de confiance -35-75%] après 6 mois. Ces derniers chiffres étant calculés pour l'ensemble des types de vaccins.
En complément de ces études, ont sait maintenant que les vaccinés contaminés ont une charge virale similaire aux non vaccinés, ce qui veut dire qu'ils sont tout aussi contagieux [15][16][17].
Le vaccin ne protège contre l'infection que de manière temporaire et pour une durée relativement faible de 4 mois (passage en dessous de 50% d'efficacité après 4 mois). Concernant la protection contre l'hospitalisation, elle est relativement robuste sur les 4 premiers mois, il y a encore des questions qui demeurent et il n'est pas certain qu'elle perdure à un niveau acceptable après 6-8 mois.
En conclusion
Même si le discours évolue légèrement, les messages passés ont laissé croire que la vaccination protégeait de l'infection et de la transmission de manière quasi absolue. L'élément le plus emblématique de ce discours est la loi sur le Passe Sanitaire qui prévoit que le port du masque n'est plus obligatoire dans les lieux où le Passe est exigé. La réalité est loin de ce discours, et les personnes vaccinées cet été sont de plus en plus à risque au regard de la contamination. Aujourd'hui de nombreux cluster éclatent dans des évènements soumis à Passe Sanitaire ce qui s'explique facilement par ces études. La question se pose également quand à la protection dans la durée contre les formes graves.