Quand la première goutte jaillit de sa source, personne n’écoute, personne ne veut savoir le destin de celle qui, une fois arrivée à l’océan, sera une avec ces milliards d’autres gouttes, venant d’autres sources, d’autres pluies...
Quand la première goutte jaillit de sa source, personne n’écoute, personne ne veut savoir le destin de celle qui, une fois arrivée à l’océan, sera une avec ces milliards d’autres gouttes, venant d’autres sources, d’autres pluies, et que le chemin tortueux du relief de nos terres auront conduit au même lit, à unir leurs aspirations de même nature, pour former une multitude capable de creuser la croûte jusqu’à pouvoir enfin se baigner, et aboutir à la fin de leur forme liquide…
Et pourtant, la première goutte a jailli et elle n’attend pas de faire du bruit avec ses congénères pour aller vers l’océan, elle y va, car c’est le destin de chacune d’entre elles d’aller vers cette fin nécessaire pour garder leur sens, leur raison d’être de l’eau.
La goutte, elle, finit par s’évaporer, se perdre dans les airs et se laisser dicter au gré des vents sa perte. Mais dans cette perte que l’instinct lui commande plus que tout de refuser, elle trouve, contrainte par le soleil, le recul pour comprendre la force qu’elle avait formé, alors unie à ses sœurs, pour pouvoir parcourir de telles distances, pour pouvoir creuser de tels sillons et de tels canyons. Bientôt, elle mesure aussi les risques qu’elle avait dû encourir, s’isolant pour traverser des chutes impressionnantes, s’éreintant sur les roches affutées et surtout, elle constate que les rives environnantes rayonnent généreusement en retour, d’avoir été nourrie de tous les éléments qu’elle et ses semblables avaient su charrier comme une seule GOUTTE.
Cette perte gazeuse l’enrichit d’un monde, et la goutte est désormais prête à arroser une nouvelle fois la terre, encore, refaire ce parcours que lui commande sa nature d’humilité :
« Prendre patience des grands fleuves et des mers majoritaires vers lesquels ils coulent naturellement, mais foncer vers l’océan. Se frayer un chemin (forcément) tortueux dans la terre, et pour toucher à son but, s’armer du sourire de se savoir bientôt rejoindre d’autres gouttes aux parcours uniques et tous différents, mais à la nature identique et magnétisée par l’océan. »
M.H
A Paris, le 15/04/14.